Préparer les jeunes Rwandais au numérique par le biais d’un apprentissage pratique

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C’est en neuvième (dernière année de collège) que j’ai utilisé un ordinateur portable pour la première fois. Jusque-là, mon éducation n’avait consisté qu’à apprendre par cœur puis régurgiter des faits, sans aucun effort pour les comprendre ni les intérioriser. Penser en dehors du cadre imposé, trouver des solutions créatives ou nouvelles à un problème – pierre angulaire de toute innovation – était désapprouvé, voire activement découragé. C’est peut-être là le plus grand problème de l’Afrique – et il se fait encore plus sentir dans un domaine où les grands noms se sont lancés avant d’avoir trente ans.

Renverser la vapeur, faire de l’Afrique non plus une simple consommatrice mais une créatrice de technologies, exigera des initiatives mûrement réfléchies de la part de tous les acteurs impliqués. Avant tout, le taux d’alphabétisme informatique doit être radicalement accru. Cela passera par une expansion vers les zones rurales, orchestrée par les ministères de l’Éducation et de la Jeunesse, par des entreprises privées et même par des organisations non gouvernementales, avec l’objectif d’enseigner aux jeunes la manière de se servir d’un ordinateur. Mon désir de relever ce défi explique pourquoi je soutiens avec ferveur les programmes d’échange universitaires entre instituts d’enseignement supérieur africains. Sans même parler des autres avantages, les différents points de vue et états d’esprit apportés par les étudiants participant aux échanges pourront stimuler, espérons-le, de nouveaux investissements de la part du secteur technologique.

Un autre territoire majeur qui doit être conquis est la disponibilité d’une connexion Internet stable. Dans toute entreprise humaine, la connaissance est reine, or la connaissance ne peut être transmise si l’on fait face à d’énormes entraves à la connectivité. Les pays africains ne pourront devenir leaders du bouleversement numérique et de l’innovation que s’ils se concentrent sur l’acquisition et le développement de compétences.

Par ailleurs, la présence de formateurs qualifiés est un ingrédient nécessaire pour préparer les jeunes à l’ère numérique vers laquelle nous avançons à grands pas. Atteindre un taux d’alphabétisation numérique de 100 % est un noble objectif – mais un objectif impossible à atteindre sans l’aide de formateurs expérimentés et compétents, capables d’inculquer aux gens les compétences informatiques de base.

La mesure la plus importante, peut-être, qui pourrait être prise pour préparer les jeunes à l’avenir du monde du travail est de créer des espaces où est encouragé un apprentissage pratique. Ces espaces n’aideront pas seulement les jeunes à mettre en pratique les connaissances théoriques qu’ils ont acquises lors de leur cursus scolaire, mais aussi à cultiver des compétences sociales complexes (comme le travail d’équipe et la polyvalence), qui sont précieuses dans n’importe quel cadre professionnel. Imagine-nation, l’espace de coworking mis en place par Imagine We Rwanda (une organisation qui œuvre au renforcement de la culture de la lecture et de l’écriture au Rwanda), nous en fournit un bon exemple. Cet espace soutient et aide à faire grandir des start-ups et des PME – comme Awesomely Limited, une société technologique locale qui a passé un partenariat avec Volkswagen Mobility Solutions.

En somme, préparer la jeunesse d’Afrique à l’économie numérique exigera d’avancer fermement, mais à petits pas, plutôt que de brûler les étapes de façon retentissante – c’est en fait la seule façon de faire en sorte que les successeurs de plateformes comme Uber, Airbnb ou Apple soient un jour développés par des entrepreneurs africains.

Auteurs

Sandrine Bwiza

Lauréate du concours régional Blog4Dev 2019 au Rwanda, organisé par la Banque mondiale

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