Repenser le système éducatif pour préparer la jeunesse africaine aux métiers de demain

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Mohamed Alimou Diallo 2019. Blog4Dev Winner, Guinea
Mohamed Alimou Diallo. Lauréat du concours Blog4Dev2019 en Guinée

En Guinée, la solution pour fournir les compétences de demain à la jeunesse africaine serait à mon avis de contourner les voies traditionnelles de scolarisation.

Par exemple, chaque sous-préfecture pourrait tirer parti de l'installation de la fibre optique qui améliore nettement le débit de connexion internet, pour créer un centre informatique pour les moins de 20 ans. Dans ce centre, parallèlement à leur scolarité classique, les jeunes pourraient être initiés pendant deux ans aux métiers de demain, en apprenant entre autres les bases de la programmation, l’utilisation des différents logiciels... Il suffit d’un bâtiment et d’une dizaine de machines performantes et de qualité par sous-préfecture, pour permettre au projet de prendre forme.

« Mais qui seront les enseignants ? », me direz-vous.

Ils seront guinéens, résidants ou originaires de ces sous-préfectures, formés dans le numérique. Ils seront chargés de détecter les talents réels et le potentiel des élèves lors des différents stages d'initiation. Ils sélectionneront les élèves les plus prometteurs et motivés. Ces derniers seront ensuite encadrés et s'il le faut, obtiendront une bourse pour poursuivre leurs études.

La rémunération des enseignants et leur prise en charge reste le plus grand défi à relever dans ce projet, qui pour sa phase pilote, pourrait par exemple commencer à Konkouré, ma sous-préfecture d'origine. L’idéal serait que l'État prenne en charge leur salaire. Mais l'actualité de mon pays est dominée par une grève du syndicat des enseignants qui ne cesse de durer. Alors il est inimaginable que le gouvernement accepte de supporter le coût total de cette initiative qui à terme concernera plus de 300 nouveaux salariés. Cependant, il pourrait financer la phase pilote du projet qui devrait seulement employer une dizaine d'enseignants. Des ONG pourraient faire don du matériel informatique. Enfin, les parents les plus aisés pourraient participer aux dépenses courantes du centre.

Les élèves sélectionnés au bout des deux ans de formation dans le centre, bénéficieront d’un accompagnement personnalisé jusqu’à la fin de leur cursus scolaire afin de les orienter le mieux possible dans leurs choix universitaires et de s’assurer que leurs études supérieures leur permettront d’exercer le métier de leur choix dans le domaine des nouvelles technologies. Ce travail d’accompagnement sera effectué par les enseignants du centre, en collaboration étroite avec les établissements scolaires des environs.

La phase pilote du projet durera six ans et ne concernera que les collégiens et lycéens de moins de 20 ans. À la fin de cette période, nous serons en mesure d'évaluer l’impact réel du centre. Si la majorité des élèves font un choix judicieux et s’orientent dans des secteurs porteurs, on pourra considérer que le projet est un succès et encourager le gouvernement à l’élargir à l’ensemble des sous-préfectures.

Chers amis de la sous-préfecture de Konkouré, qu’en pensez-vous ?

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Auteurs

Mohamed Alimou Diallo

Lauréat du concours Blog4Dev2019 en Guinée

Bailo Telivel Duallo
02 août 2019

La problématique est pertinente et les pistes de solutions proposées sont justes. Cependant il ne faut pas mésestimer des expériences tentées aussi bien par le gouvernement et les PTF que par des ONG Internationales (Aide et Action, Plan International, GTZ..), nationales et locales, qui proposent des solutions novatrices, intelligentes, qui méritent d'abord d'être connues, capitalisées et mises àl'échelle. Pour ma part, je suis en train de mettre en oeuvre à Popodara (Labé) un project titré Saala Development Project avec une composante "Contribution à l'amélioration de la qualité de l'éducation" qui combine pédagogies actives et économie sociale solidaire. Je reviendrai sur les premières leçons de cette expérience. Félicitations pour avoir posé un débat crucial.