Sans investissements massifs, l'eau potable restera une ressource rare pour l'Afrique

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Water tap filling containers in Tanzania. Photo: World Bank Water tap filling containers in Tanzania. Photo: World Bank

Il y a trois ans, j'ai eu la chance de travailler pour Yakin Water Tower Project, une ONG qui visait à fournir un château d'eau pour améliorer la vie de 1 600 personnes, à Yakin, un village situé au centre-sud du Burkina Faso. Aujourd'hui, en tant que consultante à la Banque mondiale, je souhaite partager mes connaissances sur l'accès à l'eau en Afrique subsaharienne à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau. Alors que l'eau est un produit de base dans les pays développés, elle reste une ressource rare pour de nombreux Africains.

L'accès à l'eau potable et à l'assainissement reste un luxe pour les Africains

La gestion des ressources en eau est l'un des principaux sujets abordés lors des prochaines réunions de printemps du groupe de la Banque mondiale. L'Afrique subsaharienne est la seule région où le nombre de personnes n'ayant pas accès à l'eau augmente. Au cours des 20 dernières années, 37 millions d'Africains supplémentaires ont été privés d'eau et 247 millions d'Africains supplémentaires ont été privés d'assainissement. 180 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année en Afrique subsaharienne de diarrhées causées par le manque d'eau, d'assainissement et de services d'hygiène. En outre, les zones rurales sont touchées de manière disproportionnée. 85 % des personnes privées d'eau et 70 % des personnes privées de services d'assainissement vivent dans des zones rurales. Une eau propre et accessible est essentielle à la santé humaine et à un environnement sain. Il s'agit également d'un pilier essentiel du développement.

De plus, les conditions de vie et la productivité des grandes villes sont compromises car les citadins ne reçoivent que ¼ de l'eau dont ils ont besoin. Dans le contexte d'une urbanisation sans précédent, la demande en eau va exploser. En effet, d'ici 2030, 350 millions d'Africains supplémentaires vivront dans des villes. Plusieurs villes africaines, comme Kinshasa, connaissent actuellement une croissance démographique inégalée. Par conséquent, des investissements adéquats dans le stockage de l'eau sont nécessaires pour que ces villes puissent répondre aux besoins quotidiens en eau des Africains et soutenir une croissance économique inclusive et durable, en particulier dans le contexte du changement climatique.

L'accès à l'eau potable et à l'assainissement se détériore en raison du changement climatique qui a un impact significatif sur le cycle de l'eau. En effet, l'eau devient plus rare, imprévisible et polluée, ce qui a des effets durables sur l'accès des populations à l'eau et à l'assainissement. En Afrique subsaharienne, les prévisions climatiques prévoient une hausse des températures, entraînant des épisodes de chaleur extrême, l'aridité et des changements dans les précipitations. Non seulement les populations seront affectées dans leur vie quotidienne, mais le secteur économique sera également touché, car la plupart des pays dépendent fortement du secteur agricole (l'agriculture représente 17,2 % du PIB de l'Afrique subsaharienne). Par conséquent, les Africains verront leurs moyens de subsistance affectés par le changement climatique. Les effets de la variabilité du climat sur les ressources en eau de l'Angola devraient être particulièrement graves. Elles affectent la production alimentaire et énergétique, ainsi que l'énergie hydroélectrique, dont l'Angola dépend pour la majeure partie de son électricité (Rapport sur le climat et sur le développement en Angola).

Un autre exemple serait Madagascar. En effet, le pays est confronté à des risques importants de catastrophes naturelles en raison de l'augmentation des températures et de la diminution des précipitations prévues.

La réponse de la Banque mondiale à l'accès à l'eau et à l'assainissement

L'Afrique subsaharienne est sous-équipée en infrastructures de stockage de l'eau, ce qui met en évidence un potentiel d'amélioration significatif dans la gestion des ressources en eau et la prestation de services. Pour relever ce défi régional de l'accès à l'eau et à l'assainissement, l'approche de la Banque mondiale en matière de gestion de l'eau dans la région se concentre sur neuf pays prioritaires (Angola, République démocratique du Congo (RDC), Kenya, Madagascar, Mozambique, Soudan, Tanzanie et Ouganda) en raison de l'étendue de leur territoire, de l'importance de leur population et de leurs ressources en eau.

Le mois dernier, Félix Tshisekedi, le président de la RDC, a inauguré l'usine d'ozone de Binza, soutenue par la Banque mondiale. L'usine d'eau est l'une des composantes du projet d'approvisionnement en eau potable en milieu urbain (PEMU). L'usine d'une capacité de 110 000 m³ a été conçue dans le cadre de la reconstruction post-conflit de la RDC et vise à augmenter considérablement la production d'eau potable et à réduire les pertes de facturation de l'eau dans les réseaux de distribution et les raccordements. Plus de 1 500 000 consommateurs auront accès à une eau potable et fluide à Ngaliema, au nord-ouest de Kinshasa.

Investir dans l'avenir

De l’eau potable et un assainissement adéquat sont essentiels pour la santé des populations et les économies des pays. Ils touchent, sous une forme ou une autre, tous les aspects de la vie quotidienne. C'est pourquoi le fait d'investir dans l'avenir en construisant et en fournissant l'accès nécessaire aura des effets profonds en cascade.  Je reste optimiste sur la question de l'accès à l'eau et à l'assainissement car le potentiel de l'Afrique est immense. Je crois que, en s'appuyant sur le bon travail en cours, ma génération trouvera une solution au problème de l'accès à l'eau sur le continent africain, et nous répondrons aux besoins, transformant ainsi nos vies et nos économies.


Auteurs

Eisa Gouredou

External Affairs Consultant

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