Sport : l'activité physique du développement

Le 9 janvier 2022 a sifflé le coup d’envoi du premier match de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Mais bien au-delà du foot, il a aussi marqué le début de la saison des opportunités. L’intérêt des Africains pour cette grande fête du football a été considérable à en juger par les clicks sur les réseaux sociaux et les audiences télé. J’en sais quelque chose. En tant que journaliste à la CRTV, la télévision nationale du Cameroun, j’ai vécu l’évènement à la fois côté stade et côté gradins.

Cette Coupe d’Afrique des nations a été pour moi, comme pour beaucoup d’autres, un moment fort et chaleureux où j’ai ressenti non seulement un sentiment de communion mais aussi un vent de tolérance, d’acceptation, de solidarité. Le langage du foot est devenu la langue universelle. Des Camerounais ont chanté l’hymne national égyptien, l’Afrique a ovationné les Comoriens après leur belle prestation face au Cameroun... Cette union sacrée culturelle et émotionnelle a mis sur le banc de touche, pendant un moment, les tensions sociales et politiques. On a moins entendu les problèmes d’insécurité des régions en crise du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’extrême-Nord. 

Et son impact a dépassé de loin le terrain de foot. Le vent d’apaisement qui a soufflé grâce à la CAN sur le Cameroun a atténué, un temps, les discriminations à l’égard des femmes. À la télévision, sur les plateaux de débats, parmi les commentateurs mais aussi sur la pelouse avec notamment Salima Mukansanga, arbitre FIFA, les femmes ont occupé une place de choix, dans un sport traditionnellement très masculin. Un bel exemple. Surtout pour les jeunes filles privées d’éducation, notamment dans les régions du septentrion où 31,9% d’entre elles sont sous-scolarisées, selon l’UNESCO. Aliou Goloko, le responsable de la presse de la CAF a confié avoir été contacté par de nombreux jeunes pour obtenir des informations sur les profils de carrière dans le secteur du foot. Parmi eux, il y avait davantage de filles que de garçons. 

L’importance de l’évènement sur les réseaux sociaux a également fait grimper le nombre d’internautes. Cela pourrait être une occasion à saisir pour le ministère des Postes et Télécommunications qui pourrait en profiter pour lancer des campagnes de sensibilisation au bon usage des réseaux sociaux, afin de tisser des liens constructifs avec les jeunes et lutter ainsi contre l’incivisme. 

Par ailleurs, cette compétition a eu des retombées économiques positives sur les infrastructures, hôtels, routes, stades. Au-delà de ces bénéfices, on peut imaginer l’impact potentiel du sport sur le développement. En particulier dans le secteur de l’éducation. 

Le sport est une source d’inspiration pour les jeunes.  Au Cameroun, les basketteurs comme Joël Embiid, Pascal Siakam qui jouent en NBA, le champion du monde de l’UFC Francis Ngannou, le président de la Fédération camerounaise de Football, le célèbre footballeur Samuel Eto’o Fils sont autant d’icônes qui ont montré comment le sport pouvait servir d’ascenseur social, notamment pour les jeunes défavorisés. 

Le sport n’offre pas seulement des débouchés pour les athlètes. De nombreux métiers y sont afférents, comme ceux d’éducateurs, professeurs d’éducation physique et sportive, entraîneurs,  kinés, journalistes, organisateurs d’évènements, responsables marketing, agents sportifs... Il est important que les jeunes soient informés de ces débouchés, que des formations adaptées soient mises en place dans le système éducatif et qu‘ils soient incités à les suivre. 

Toutes ces idées ne valent pas que pour mon pays. Elles interpellent aussi l’Afrique tout entière qui fait face aux mêmes enjeux de développement. Et jouer en équipe nous rendra imbattables face à notre adversaire commun : la pauvreté. 

Laurence Okalia est la lauréate au concours Blog4Dev 2021 pour le Cameroun.