Ce qui pousse Farida Ally à s'engager en faveur de l'éducation

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Silala Primary School in Ganze. Photo: ELIMU CARE Silala Primary School in Ganze. Photo: ELIMU CARE

Qu'est-ce qui a contribué à faire de vous une élève assidue et à nourrir votre passion pour l'apprentissage ?  Y a-t-il un livre qui a suscité votre amour de la lecture, ou un enseignant en particulier qui a renforcé votre confiance en vous ?

En grandissant, les défis auxquels ma famille faisait face ont renforcé ma conviction envers le pouvoir de l'éducation. Les paroles d'encouragement que nous recevions à l'école résonnaient profondément en moi.

Les efforts incessants de ma mère, qui n'avait pas reçu d'éducation, pour subvenir aux besoins de notre famille et soutenir mon éducation contre vents et marées, ont fait de moi une étudiante déterminée. Ce sont ses sacrifices et les défis auxquels nous avons été confrontés qui m'ont fait prendre conscience de la véritable valeur de l'éducation.

Ce n'est pas un livre en particulier ni un seul enseignant qui a éveillé ma passion pour l'apprentissage, mais plutôt le récit collectif de ma vie. La force et la résilience de ma mère m'ont constamment rappelé que l'éducation n'était pas seulement un moyen d'échapper à la pauvreté, mais aussi un outil d'émancipation.

Qu'est-ce qui vous a incité à créer l'ONG Elimu Care ?

La création de l'ONG Elimu Care a été motivée par un moment décisif qui a renforcé ma détermination, survenu durant la période difficile de la pandémie de COVID-19.

Au cœur de la crise mondiale, j'ai été bénévole au sein d'un réseau de jeunes appelé Mutual Aid Kenya, dirigé par Wevyn Muganda. Nous avons travaillé ensemble pour mobiliser des fonds destinés à fournir des ressources aux familles vulnérables des bidonvilles de Mombasa, en mettant l'accent sur un bidonville particulier appelé "Bangladesh".

Les filles y sont confrontées à des obstacles insurmontables - manque d'accès aux appareils électroniques, à l'internet et même à l'électricité - alors qu'ailleurs au Kenya, des élèves plus privilégiés sont passés sans problème à l'enseignement à distance. Le contraste saisissant entre les possibilités offertes en fonction des conditions socio-économiques m'a émue.

Elimu Care est né de cet engagement à relever les défis immédiats auxquels sont confrontées les filles et les jeunes femmes vulnérables pendant la pandémie, ainsi que les défis systémiques plus larges qui affectent l'éducation dans les communautés marginalisées.

Alors que nous célébrons la Journée de l'éducation, comment l'ONG Elimu Care contribue-t-elle à faire progresser l'éducation à Mombasa ?

Chez Elimu Care, nous sommes convaincus que l'émancipation par l'éducation est la clé d'un avenir meilleur pour les communautés et les sociétés. Nous suivons le modèle LEG, que nous décomposons en trois piliers.

Développement du leadership :

Tout d'abord, nous accordons une grande importance à la formation de leaders. Nous plaidons en faveur de l'inclusion des jeunes dans les instances décisionnelles et nous nous efforçons de faire émerger de jeunes leaders au sein de notre communauté.

L’éducation :

Notre deuxième pilier consiste à encourager l'amour de l'apprentissage. Nous créons une communauté où enseignants, parents et élèves collaborent. L'inclusion et la diversité dans l'éducation sont au cœur de notre mission.

Le genre :

Enfin, nous sommes les champions de l'égalité des sexes. Dans les communautés mal desservies, nous abordons des sujets tels que la santé et les droits sexuels et reproductifs (SRHR), la violence fondée sur le genre (GBV) et l'émancipation économique des femmes et des filles dans le comté de Mombasa.

Ainsi, en célébrant la Journée de l'éducation, nous mettons en lumière des actions concrètes visant à rendre l'éducation accessible, diversifiée et émancipatrice pour tous  à Mombasa.

En tant que militante pour l’inclusion des filles et des femmes, en quoi l'émancipation des filles à travers l'apprentissage fondamental contribue-t-elle à promouvoir l'égalité des sexes de manière plus globale ?

L'éducation devient un outil d'émancipation qui donne aux filles la capacité de poser des questions et de contester lorsque leurs droits sont bafoués. Il ne s'agit pas seulement de manuels et d'examens ; il s'agit de cultiver la confiance en soi et l'esprit critique. Lorsque les filles sont armées de connaissances, elles deviennent des défenseurs pour elles-mêmes et les autres.

L'apprentissage fondamental ne se limite pas aux salles de classe ; il s'agit d'établir les fondations d'une société où la voix de chaque fille est entendue, respectée et valorisée. C'est une étape cruciale vers une plus grande égalité des sexes, forgeant un avenir où les filles ne se contentent pas simplement de rêver en grand, mais disposent de l'éducation et du courage nécessaires pour concrétiser leurs rêves.

Pouvez-vous nous faire part de réussites spécifiques ou de réalisations notables en faveur des enfants des bidonvilles ?

Absolument, permettez-moi de vous faire part d'un moment fort qui nous a touchés. Nous avons reçu un appel de détresse d'une jeune fille de 16 ans, Dorothy, qui ne pouvait pas rejoindre l'école secondaire en raison de contraintes financières. Sa mère célibataire n'avait pas les moyens de payer les frais de scolarité.

En réponse, nous avons lancé une campagne de financement participatif, ralliant notre communauté pour soutenir le rêve de Dorothy de poursuivre ses études. En l'espace de trois jours seulement, nous avons réussi à collecter suffisamment de fonds pour couvrir les frais de scolarité de Dorothy pour ses quatre années d'études secondaires.

Actuellement en deuxième année d'école secondaire, le parcours de Dorothy est une lueur d'espoir. Mais notre engagement envers elle ne se limite pas à une aide financière. Nous l'avons prise sous notre aile, en lui offrant un mentorat pour l'aider à relever les défis de son parcours scolaire. Afin de créer un environnement favorable, nous effectuons régulièrement des visites à domicile, afin de nous assurer que Dorothy bénéficie des encouragements et des ressources nécessaires pour s'épanouir.

Dans le cadre des projets en cours de la Banque mondiale, en votre qualité d'ambassadeur de la jeunesse, quelles politiques ou quels changements pensez-vous que la Banque mondiale pourrait soutenir pour améliorer l'accès à l'apprentissage fondamental, en particulier pour les personnes confrontées à des défis socio-économiques ?

En tant que Global Youth Ambassador, la promotion d’un meilleur accès à l'apprentissage fondamental est au cœur de ma mission. Voici quelques propositions de politiques clés que la Banque mondiale devrait prendre en considération : Il est essentiel de se concentrer sur des politiques inclusives et équitables adaptées aux besoins des communautés confrontées à des défis socio-économiques. Cela signifie qu'il faut développer des programmes éducatifs culturellement pertinents et adaptés aux circonstances spécifiques des populations mal desservies.

La Banque mondiale devrait promouvoir des politiques qui investissent dans la formation et l'émancipation des enseignants, les aidant à adapter leurs méthodes aux besoins d'apprentissage. Il s'agit d'insuffler non seulement des connaissances académiques, mais aussi des valeurs qui favorisent l'empathie, la compréhension et la responsabilité sociale.


Auteurs

Eisa Gouredou

External Affairs Consultant

Kamila Atta

External Affairs Consultant

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