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Les effets de la crise en zone Euro sur la Zone franc: une perspective camerounaise

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Alors que les rebondissements de la crise de la dette souveraine se succèdent, beaucoup se demandent quelles pourraient être ses effets sur les économies de la zone franc, une partie de l’Afrique ayant gardé des relations étroites avec l’Europe, et en particulier la France. Dans le cas du Cameroun, la zone Euro demeure le plus grand marché pour les exportations camerounaises et abrite la communauté la plus importante de Camerounais à l’étranger.

Le dernier numéro des Cahiers Economiques du Cameroun traite de ce point et suggère que les canaux de transmission à l’économie camerounaise devraient être semblables à ceux observés lors de la crise financière mondiale de 2008-2009. De plus, l’embellie économique s’est affermie en 2011 et devrait se poursuivre en 2012 avec une croissance attendue de 4½-5½ %.

L’intégration de la CEMAC au système financier mondial reste limitée et le secteur bancaire est suffisamment liquide pour faire face aux besoins de crédit de l’État et du secteur privé. Par ailleurs, le budget du Cameroun ne dépend pas d’une manière significative de l’aide au développement, par conséquent tout effet négatif résultant d’une baisse de l’aide suite à des mesures d’austérité budgétaire dans la zone Euro devrait être limité. Le ralentissement de l’activité économique dans la zone Euro se traduira probablement par une baisse des exportations et des envois de fonds. Ces effets négatifs rencontreront cependant une économie en pleine reprise.

Après un ralentissement de deux ans imputable à la crise économique et financière mondiale, la reprise économique observée en 2010 s’est affermie en 2011 avec une croissance estimée à 4,1 % (contre 3,2 % en 2010). Les principaux moteurs de cette reprise ont été les activités non pétrolières (agriculture, sylviculture, construction et télécommunications). Avec la construction de grands projets d’infrastructure et la poursuite des efforts déployés pour améliorer la productivité agricole, cette embellie devrait se poursuivre en 2012.

Les marges de manœuvre se sont néanmoins amoindries. En 2008-2009, les dépenses publiques ont pu être protégées et des mesures budgétaires visant à soutenir l’économie introduites grâce aux  économies budgétaires réalisées les années précédentes. Le niveau réduit des dépôts du gouvernement auprès de la banque centrale régionale n’offre cette fois-ci qu’un bouclier limité.

Dans ce contexte, que pourrait faire le gouvernement si la situation venait à se dégrader davantage? Le faible niveau de l’endettement du Cameroun lui ouvre des possibilités d’accès à des emprunts, pour autant que sa capacité à mobiliser ces ressources soit renforcée, en créant par exemple un marché secondaire liquide pour les obligations d’État. On pourrait également examiner la composition de la dépense publique afin de faire mieux avec moins. À cet égard, le poids de plus en plus important des subventions, notamment celles liées aux produits pétroliers, est une source d’inquiétude. Des mesures qui permettraient plutôt de transposer à plus grande échelle les programmes de transfert et mettraient en place des filets de protection sociale efficaces pourraient être meilleur marché tout en atteignant les mêmes objectifs.
 


Authors

Raju Jan Singh

World Bank Lead Economist & Program Leader for Haiti

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