Entreprise complexe par essence, la recherche d’emploi peut se révéler particulièrement difficile et éprouvante pour les jeunes et ceux qui entrent sur le marché du travail pour la première fois. En Afrique subsaharienne, les taux de chômage des jeunes sont deux fois supérieurs à ceux des adultes, pour les hommes comme pour les femmes (OIT, 2013a). Dans cette région, 11 millions de jeunes vont se présenter sur le marché du travail chaque année au cours des dix prochaines années. Cette dynamique pourrait réduire considérablement la pauvreté si les jeunes parvenaient à accéder à des emplois productifs générateurs de croissance économique (Chakravarty et al., 2017). D’où l’intérêt des deux stratégies simples et efficaces que nous présentons dans ce billet pour aider les demandeurs d’emploi.
Avoir un plan fait la différence
La recherche d’emploi est un processus autocontrôlé : chacun décide du temps qu’il va consacrer à cette recherche et combien de lettres de candidature il va expédier chaque semaine. Parfois vous respectez votre plan, d’autres fois, non. Comme beaucoup de jeunes gens ne sont ni à l’école, ni au travail ni en recherche d’emploi, il importe particulièrement de comprendre comment optimiser ce processus.
C’est dans cet esprit qu’une équipe du Laboratoire d’innovation pour l’égalité des sexes en Afrique (a) et de la cellule Emploi (a) de la Banque mondiale a conçu et testé, en collaboration avec des chercheurs du Middlebury College (université de Stellenbosch) et de l’université du Cap, un outil de planification de l’action appliqué à la recherche d’emploi. Conjugué à un atelier de 90 minutes sur l’orientation de carrière, organisé par les autorités d’Afrique du Sud, cet outil a aidé de jeunes chômeurs à aller au bout de leurs intentions et à adopter une stratégie de recherche d’emploi plus efficace. Avec des résultats remarquables : les participants ont reçu 24 % de réponses de plus d’employeurs potentiels et 30 % d’offres de plus. Cinq à douze semaines après avoir participé à l’atelier et mis en œuvre leur plan d’action, ces demandeurs d’emploi avaient 26 % de probabilités de plus d’être employés.
L’utilité de la lettre de recommandation
L’information ne circule pas forcément bien entre les demandeurs d’emploi et les employeurs potentiels Ces derniers ont souvent du mal à évaluer si un travailleur est qualifié ou a le bon profil pour occuper tel ou tel poste. Ces asymétries d’information entourant les compétences des travailleurs peuvent entraîner des affectations peu adaptées, une baisse de la productivité et un renforcement des inégalités. Alors même que les employeurs apprécient d’avoir une lettre de recommandation en appui à leur décision d’embauche, rares sont les candidats à y recourir.
Nous avons entrepris une expérience de terrain visant à apprécier l’impact des lettres de recommandation (a) d’anciens employeurs. Comme le souligne (a) Martin Abel, qui a participé à ces recherches, l’expérience confirme toute leur utilité potentielle. Le fait d’inclure ces recommandations dans un dossier de candidature augmente la probabilité d’obtenir une réponse de 60 %. Par ailleurs, le fait de sensibiliser les demandeurs d’emploi à l’intérêt de ces documents a accru de 67 % la part de ceux qui s’efforçaient d’en obtenir un. L’expérience montre, de manière intéressante, que ces courriers pourraient jouer un rôle encore plus déterminant pour les femmes à la recherche d’un emploi. Celles qui pouvaient présenter de bonnes références étaient plus susceptibles d’obtenir une réponse et un rendez-vous (ce qui n’était pas le cas pour les hommes). Les femmes ayant obtenu un document type avaient environ 50 % de chances supplémentaires d’être employées, le taux d’emploi doublant pour celles qui utilisaient effectivement les lettres.
CONCLUSION
La définition d’un plan d’action et le recours aux lettres de recommandation sont deux stratégies qui marchent pour améliorer les performances en matière de recherche d’emploi et d’embauche. En outre, les lettres de recommandation ont un impact réel sur les femmes demandeurs d’emploi, qui se heurtent souvent à des contraintes supplémentaires liées à des problèmes d’accès aux ressources clés. Ces solutions, peu coûteuses, peuvent être facilement mises en place au sein des agences de l’emploi pour améliorer les chances des jeunes de trouver du travail.
Pour en savoir plus sur ces études, consulter les documents de travail : The Value of Reference Letters (a) et Bridging the Intention-Behavior Gap? (a).
Sources :
- Organisation internationale du travail (2013a). Indicateurs clés du marché du travail, 8e édition. Organisation internationale du travail. Tiré de databank.worldbank.org
- Chakravarty, Shubha; Das, Smita; Vaillant, Julia. 2017. Gender and Youth Employment in Sub-Saharan Africa: A Review of Constraints and Effective Interventions. Policy Research Working Paper, No. 8245. Banque mondiale, Washington, DC.
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