Donner aux dirigeants les outils nécessaires à la transformation numérique

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Les technologies numériques offrent de nouvelles perspectives de croissance économique en Afrique permettant d'accélérer la création d'emplois (a), de favoriser l'accès aux services publics et d'accroître la productivité (a) et l'innovation. Il reste cependant d'importants défis à relever. Le manque de connectivité dans les régions éloignées et rurales ou la faible utilisation des technologies numériques dans les zones connectées affectent davantage les pauvres, les femmes et les petites entreprises. La hausse des cyberattaques et le manque de protection des données exposent désormais les entreprises, les gouvernements et les populations à de nouveaux risques et de nouvelles vulnérabilités. 

Les politiques et réglementations mises en place par les gouvernements jouent un rôle clé dans la démocratisation des services numériques, mais aussi dans l'atténuation des risques. Mais comment intervenir en temps voulu dans un environnement technologique en mutation ? Des réglementations souples sont nécessaires pour permettre une adaptation rapide aux besoins d'un marché en évolution, et l'entrée de nouveaux acteurs au bénéfice des consommateurs. Au Kenya, la collaboration entre l'autorité de la concurrence, la banque centrale et le régulateur des télécommunications a permis aux fournisseurs de services financiers numériques d'accéder aux services de télécommunication pour offrir des produits de paiement mobile, aux côtés des opérateurs de réseau mobile. Pour les consommateurs, cela a permis une plus grande gamme de choix pour leurs paiements mobiles. Par la suite, cette collaboration a aussi facilité l'interopérabilité entre les fournisseurs d'argent mobile et les banques, permettant aux utilisateurs de transférer des fonds entre les différents fournisseurs, d'alimenter leurs comptes épargne ou d'utiliser des solutions de crédit en ligne, sans difficulté.

Ce type d'approche innovante est nécessaire pour appuyer le développement de réglementations souples et collaboratives. Il faut en effet passer d'une approche centrée sur la planification et le contrôle à un pilotage et une mise en œuvre des politiques dans un contexte à parties prenantes multiples, permettant des retours d'informations et des itérations rapides. Les boucles de réactions permettent d'évaluer les politiques dans le contexte plus global de l'écosystème, afin de déterminer si celles-ci répondent encore aux valeurs et aux besoins des citoyens, en tenant compte de leur impact sur le secteur et la participation du secteur privé. Un changement de mentalité préalable est nécessaire à la mise en place de cette approche. Elle est en effet particulièrement adaptée à la transformation numérique qui, par nature, implique changements et évolutions, et se trouverait entravée par des politiques et réglementations rigides.

Certains pays africains mettent déjà en œuvre des principes réglementaires souples pour répondre à divers problèmes. Le Ghana et l'Afrique du Sud ont su apporter une réponse rapide à la progression de la demande en connectivité haut-débit, entraînée par la pandémie de COVID-19. Ils ont ajusté rapidement les régulations en vigueur et ont ainsi facilité pour les compagnies l'offre d'une connectivité à plus haut débit aux consommateurs. Le Kenya et le Zimbabwe sont rapidement intervenus pour éliminer les obstacles et ont appuyé le déploiement d'applications permettant à leur population d'accéder rapidement aux transferts d'argent par téléphone portable ainsi qu'à d'autres applications bancaires. L'Union africaine a pris en compte les perspectives des entreprises, de la société civile et des chercheurs pour développer des cadres stratégiques concernant les données et les identités numériques. Cette approche inclusive multipartite a permis de développer des cadres opérationnels qui encouragent l'innovation à travers le partage de données et les flux de données transfrontaliers pour le commerce en ligne africain, tout en protégeant les droits des particuliers. Ces cadres développés par l'Union africaine pour gérer les données et les identités numériques constituent les pierres angulaires de la construction d'un marché numérique unique pour l'Afrique – une vision portée par l'Alliance Smart Africa et soutenue par tous les membres de l'Union africaine.   

L'agenda 2063 de l'Union africaine envisage un développement conduit par les populations, qui repose sur le potentiel des Africains, et particulièrement sur les femmes et la jeunesse. C'est la raison pour laquelle les compétences numériques constituent une priorité de la Stratégie de transformation numérique 2020-2030 de l'Union africaine, dont l'objectif est de "développer des compétences numériques et humaines inclusives et des capacités humaines dans le domaine des sciences numériques […] et la politique et la réglementation technologique". Les dirigeants africains reconnaissent le rôle central des politiques et réglementations dans l'élaboration des pratiques sociétales et d'affaires et dans la façon dont ces politiques – si elles sont bien conçues – peuvent appuyer et encourager la transformation numérique.

L'agence allemande de Coopération internationale pour le développement (GIZ) et le Partenariat pour le développement numérique (a) de la Banque mondiale ont lancé, en partenariat avec Smart Africa (a), le pilotage de cette approche souple dans le cadre du programme pour une Réglementation agile pour la transformation numérique (AReg4DT, de son acronyme anglais). Ce programme est lié à l'Académie numérique, le véhicule de promotion des compétences numériques de Smart Africa, et à la plateforme d'apprentissage en ligne Atingi développée par la GIZ (a), l'organisation chargée de la mise en œuvre. Ce projet pilote fournit aux décideurs politiques et aux législateurs africains les connaissances et les outils nécessaires à la régulation des marchés numériques en Afrique pour soutenir la transformation digitale. Les résultats ont jusqu'à présent été prometteurs, grâce à une combinaison d'événements en ligne et en personne permettant la formation et le partage de connaissances au sein de la région. Ce partenariat permet de tester le développement des capacités sur un mode agile et itératif, adaptant les contenus au contexte local, et d'acquérir dans le même temps une compréhension pratique des défis liés à la mise en œuvre et à l'écosystème de formation en Afrique. Le professeur Yeboah-Boateng, de l'Autorité nationale des communications du Ghana, a également apprécié l'opportunité d'avoir des échanges entre pairs, à l'occasion d'un événement à Abidjan. Il a souligné en particulier « la valeur ajoutée d'une meilleure harmonisation des politiques et réglementations à travers l'Afrique, qui bénéficierait au continent dans son ensemble. »

Les régulateurs du monde entier développent et testent de nouvelles politiques et de nouveaux outils réglementaires, tout en adaptant à de nouveaux objectifs ceux déjà existants, en particulier en réponse à la pandémie de COVID-19. Dans de nombreux cas, les mêmes technologies qui remettent en cause les réglementations traditionnelles offrent également de nombreuses opportunités de réinvention pour l'élaboration, la surveillance, l'inspection et l'application des règles.

Le programme AReg4DT appuie la mise en œuvre de l'initiative pour l'Économie numérique en Afrique (DE4A) (a) et vise à faciliter l'intégration régionale par le biais d'une compréhension commune des défis, des opportunités et des solutions qui peuvent être mises en œuvre au niveau national et régional, pour accompagner l'Afrique à l'aube du marché numérique unique.

 

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Auteurs

Boutheina Guermazi

Directrice, Intégration régionale en Afrique, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, Banque mondiale

Birgit Pickel

Directrice Générale de la direction Santé mondiale, préparation aux pandémies et One Health, BMZ

Lacina Kone

Director General and Chief Executive Officer, Smart Africa

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