Évaluer « l’empreinte pauvreté » des projets de la Banque mondiale pour le Cadre de partenariat-pays du Burkina-Faso

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Carte 1 : Répartition spatiale de la portefeuile du Burkina Faso

Caractérisé par une population dont près de la moitié (soit environ 8 millions d’habitants) vit en-dessous du seuil de pauvreté, le Burkina Faso ambitionne de poursuivre sa percée dans ce long et dur chemin vers la réalisation de son double objectif de développement : mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030 et promouvoir une prospérité plus inclusive. À chaque exercice financier, la Banque mondiale engage, depuis 2015, plus de 300 millions de dollars des ressources de l’Agence internationale de développement (IDA) en faveur des projets de développement au Burkina Faso. Elle fournit également un ensemble de services composé de travaux analytiques et de conseils stratégiques visant à renseigner les stratégies et politiques nationales de développement dans le pays. 

La question qui se pose est de savoir si (et comment) les investissements de la Banque mondiale ont aidé le pays à atteindre ce double objectif.

Dans le cadre de la préparation du cadre de partenariat-pays du Burkina Faso, nous examinons « l’empreinte pauvreté » des différents types de projet de la Banque en nous appuyant sur les conclusions du tout récent rapport sur les disparités spatiales de la croissance économique, préparé par le pôle mondial d’expertise Pauvreté et équité.

Pourquoi évaluer « l’empreinte pauvreté » des opérations de la Banque mondiale ?

Pour deux raisons :

  1. cela permet d’évaluer la performance de la Banque sur la façon dont elle touche les pauvres.
  2. cela fournit un outil essentiel qui permet d’identifier des opportunités existantes. Y-a-t-il un endroit caractérisé par la présence d’un grand nombre de personnes pauvres et en même temps par de faibles niveaux d’investissements de la Banque ? Pareillement, y a-t-il un endroit où les projets de la Banque sont encore inexistants ?  

Qu’avons-nous-trouvé ?

  • Portefeuille général

Il est vrai que la plupart des investissements de la Banque au Burkina Faso se concentrent dans les trois grands pôles du pays (cf. carte ci-dessous) : Kadiogo, où se trouve la capitale Ouagadougou, la province de Houet qui abrite la deuxième ville du pays, Bobo-Dioulasso et la province de Boulgou où se trouve le pôle de croissance de Bagre. Comparées aux autres provinces, ces trois provinces, notamment Houet, comptent un nombre relativement élevé de personnes pauvres.

  • Par type de projets

Pour mieux comprendre si les investissements de la Banque touchent, de façon efficace et efficiente, les populations défavorisées et comment ils y arrivent, il est important de tenir à la fois compte des types de projets et de leurs emplacements. Tout d’abord, les priorités des populations peuvent varier selon les emplacements (zones denses vs. zones enclavées) vu que leurs emplois, profils démographiques et accès aux services de base diffèrent, les amenant à favoriser un type de projet par rapport à un autre. En outre, les coûts de projets sont également susceptibles de varier selon les types et les emplacements.    

Les projets à coûts fixes élevés (par exemple investissements en infrastructure) ont tendance à se concentrer dans des endroits à forte concentration de personnes pauvres afin d’obtenir une couverture optimale et de minimiser le coût par usager. Au Burkina Faso, les investissements dans les infrastructures telles que la modernisation du système de transport, le système hydraulique urbain, l’électricité, etc., semblent également se concentrer dans les trois grands pôles de croissance, à savoir les provinces de Kadiogo, Houet, et Boulgou. En effet, l’empreinte géographique du portefeuille du Burkina Faso est principalement motivée par le schéma géographique des projets d’infrastructure.

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Carte 2: Répartition spatiale des investissements dans les infrastructures (en dollars américains)

Lorsque nous examinons les investissements de la Banque dans les actifs mobiles tels que la santé et l’éducation, ainsi que les filets de protection sociale, il semble que la Banque mondiale parvient à répartir plus équitablement ses investissements dans l’ensemble des provinces, y compris les plus pauvres. Il s’agit là, en fait, d’un signal positif selon lequel la Banque mondiale est, d’une part, en train de toucher les zones relativement délaissées et, d’autre part, sur la bonne voie vers la réalisation du double objectif de développement.
 

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Carte 3 : Répartition spatiale des investissements dans la santé, l’éducation et les filets de protection sociale (en dollars américains)


Quelle est la suite à donner ?

L’exercice que nous avons fait est une des nombreuses méthodes qui permettent d’évaluer « l’empreinte pauvreté » des projets de la Banque mondiale. Voilà quelques idées supplémentaires.   

  • Les investissements de la Banque mondiale pourraient être catégorisés différemment, en fonction des priorités nationales du pays, des groupes thématiques, etc.  
  • Plusieurs dimensions de la pauvreté pourraient être utilisées selon la nature des projets. Par exemple, les taux de pauvreté, l’écart de pauvreté, l’intensité de la pauvreté ou le nombre de personnes pauvres peut être utile pour les projets liés aux filets de protection sociale. Les taux de pauvreté, le nombre de d’habitants pauvres au kilomètre carré peuvent être utiles pour les projets d’infrastructures (électricité, eau, etc.). La liste est longue.

Maintenant, pourriez-vous nous dire à votre tour, à quoi ressemble « l’empreinte pauvreté » des investissements de la Banque dans votre pays ?


Auteurs

Johannes Hoogeveen

Responsable mondial pour les États fragiles et touchés par un conflit

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