Financer les villes d’Afrique : l’enjeu de l’investissement local Villes d’Afrique : changer d’échelle dans les montants d’investissement

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La crise financière de 2009 avait mis en évidence l’imbrication profonde des finances des collectivités territoriales et des politiques de l’habitat avec l’ensemble des systèmes financiers et de l’économie. L’accélération de la lutte contre le réchauffement climatique et les perspectives ouvertes par les débats préparatoires à la COP 21 mettent une nouvelle fois au premier rang les collectivités locales dont les responsabilités sont croissantes, à la fois sur le plan de l’adaptation et sur le plan de l’atténuation.
 
Les services de base n’ont cessé de se dégrader

Jusqu’à présent la réponse des Etats et des bailleurs de fonds aux besoins immenses des villes s'organisait autour de la décentralisation et de la bonne gouvernance. Augmentation des transferts de l’Etat, régularité et prévisibilité de ces transferts, aménagement de la fiscalité locale et progression des ressources propres, accompagnés de progrès en matière de gestion et de management et enfin financement des bailleurs de fonds, devaient conduire immanquablement les villes sur le cercle vertueux de la croissance pérenne.

Les faits montrent hélas que cette approche ne peut pas suffire. Malgré quelques expériences réussies, la desserte en infrastructures, les services de base et les conditions de vie de la majorité des citoyens n’ont  cessé de se dégrader dans la plupart des villes subsahariennes, tout simplement parce que le rythme d’investissement est inférieur à celui de la croissance.
 
Un changement d’échelle dans les montants d’investissement est nécessaire

Le continent africain connaît le plus fort taux de croissance urbaine de la planète. Les villes d’Afrique subsaharienne à elles seules vont accueillir plus de 300 millions d’habitants supplémentaires dans les vingt prochaines années. Dans la plupart des pays du continent, la productivité économique des villes et les conditions de vie des habitants sont déjà aujourd’hui gravement affectées par les dysfonctionnements et le sous-équipement. Pourquoi ? Car les investissements urbains restent insuffisants face aux besoins immenses induits par la croissance démographique mais aussi par les conséquences du réchauffement climatique.

Un changement d’échelle dans les montants d’investissements s’impose pour que la ville puisse réellement être le moteur de croissance et de création d’emplois qu’elle a été pour les pays émergents en Asie. Les efforts doivent être poursuivis pour augmenter la solvabilité et améliorer la gouvernance des collectivités. Il faut aussi repenser les modalités et les systèmes de financement  pour augmenter la solvabilité et les capacités de réalisation des collectivités. Le financement des collectivités locales renvoie à une série de problématiques comme la décentralisation, la fiscalité locale, l’encadrement de l’endettement des collectivités locales, la gouvernance urbaine, ainsi qu’à des politiques sectorielles, en particulier celles du foncier, de l’aménagement et de l’habitat.
 
Il existe des solutions concrètes pour moderniser les systèmes de financement

A partir d’études de cas africains et d’exemples dans d’autres parties du monde, on constate qu’il existe des solutions concrètes pour moderniser les systèmes de financement de l’investissement, promouvoir l’implication du secteur privé, permettre le recours à des solutions endogènes et mobiliser de nouvelles sources de financement.

Le financement par l’aménagement et la valorisation du foncier sont des solutions utilisées de façon extensive sur tous les continents à travers l’histoire. L’Afrique subsaharienne, qui fait figure d’exception, peut à son tour adopter ces solutions. Les racines de ses freins sont d’ordre historique et culturel ; elles résident dans les spécificités des droits fonciers africains, les insuffisances de gestion et le manque de vision stratégique des autorités et les pratiques d’accaparement des sols par les élites.
Car il convient de rappeler que les secteurs de l’habitat et de la construction constituent le  premier moteur de croissance économique dans les pays à forte croissance démographique. Or, en Afrique sub-saharienne, le développement de ces secteurs est bridé par des règles et pratiques de gestion des sols inadaptées à la fois aux réalités de terrain et au processus d’urbanisation contemporain.

Lever cet obstacle à la croissance et à l’emploi supposera pour beaucoup de pays une refondation de la gouvernance foncière et l’intégration des marchés informels à des mécanismes modernes de production, sur les modèles existants sur d’autres continents, en Asie notamment.

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