Pendant des générations, les communautés côtières d’Afrique de l’Ouest ont vécu de la terre et de la mer, comptant sur l’abondance des ressources naturelles de la région pour leur alimentation, leur santé et leur activité économique. Les habitats côtiers, tels que les mangroves et les récifs de corail, à la fois d’importants lieux de reproduction des poissons et des gisements d’hydrocarbures et de minéraux, ont contribué à faire prospérer les villes, les échanges, le développement économique et commercial dans les zones côtières de la région, où sont produits 56 % du produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique de l’Ouest.
Aujourd’hui, la population littorale ouest-africaine est confrontée à une autre réalité. Avec l’élévation du niveau de la mer et l’accroissement de la fréquence de graves épisodes météorologiques dus au changement climatique, sa sécurité et son bien-être sont continuellement mis en danger, les personnes pauvres et marginalisées étant les plus vulnérables. Sans mesures concrètes pour atténuer les effets du changement climatique et s’y adapter, les gains de développement de l’Afrique de l’Ouest, ainsi que les espoirs de poursuivre la croissance et de réduire la pauvreté, seront gravement compromis.
Le Programme de gestion du littoral ouest Africain a été mis en place par la Banque mondiale en 2015 pour aider à gérer le large éventail des défis menaçant le patrimoine côtier ouest-africain, ainsi que leurs graves conséquences pour la population en pleine croissance de la région. Les effets les plus spectaculaires et visibles viennent de l’érosion des côtes et des inondations. Quelque 31 % de la population totale de l’Afrique de l’Ouest et 51 % de sa population urbaine vivent sur le littoral. Dans toute la région, les inondations affectent actuellement une moyenne de 500 000 riverains par an. L’érosion côtière détruit des villes et des villages entiers, dont les habitants perdent leurs maisons et leurs moyens de subsistance. Dans certaines zones, des taux d’érosion dévastateurs, de 23 à 30 mètres par an, ont été enregistrés, entraînant souvent la perte d’infrastructures nationales telles que les routes.
Le changement climatique aggravera le stress physique, écologique et socioéconomique existant déjà sur le littoral ouest-africain. La perte d’habitats causée par l’homme, la surexploitation des ressources naturelles, l’urbanisation rapide, la pollution marine et côtière, et une gouvernance environnementale inadéquate, contribuent à la dégradation et à la vulnérabilité des zones côtières le long du littoral de l’Afrique de l’Ouest.
Historiquement, la gestion environnementale des côtes incombait à quelques individus ou institutions, n’ayant souvent que peu de poids politique ou de capacité à faire avancer les réformes et à faire intégrer les préoccupations environnementales dans les politiques et la planification. Cette situation doit absolument changer, car la nature et l’ampleur du problème exigent une collaboration au sein des pouvoirs étatiques et, en particulier, au niveau régional. Élaborées séparément, les stratégies côtières nationales d’un pays peuvent avoir des conséquences non souhaitées dans les pays voisins.
Face à l’urgence de la situation, les États doivent se rassembler et prendre des mesures éclairées pour assurer que des solutions transfrontalières durables soient trouvées et que des investissements soient faits pour sauver le précieux patrimoine côtier de l’Afrique de l’Ouest. Ne pas agir c’est condamner la population vivant le long de la côte et en dépendant pour ses moyens de subsistance et sa prospérité, à des perspectives d’avenir réduites.
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