Mobiliser le secteur privé pour soutenir le développement de Madagascar

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Photo: Felana Rajaonari / World Bank Photo: Felana Rajaonari / World Bank

La pandémie de COVID-19 a porté un coup dur à l’économie malgache, entraînant en 2020 le pays dans sa première récession en une décennie et plongeant 1,4 million de personnes supplémentaires dans la pauvreté. 

Mais la crise est aussi une opportunité pour la Grande Ile de repenser son modèle de développement en plaçant plus fermement les solutions portées par le secteur privé au cœur de sa stratégie de croissance. 

Avec ses vastes terres agricoles, une biodiversité presque sans égale et la jeunesse de sa population, Madagascar possède un grand potentiel de croissance. La révolution numérique, qui est en train de transformer l’ensemble des économies africaines, est également une chance de renforcer l’inclusion financière, notamment pour les femmes, les PME et les personnes travaillant dans le secteur informel. 

Saisir ces opportunités aidera Madagascar, qui affiche l’un des taux de pauvreté les plus élevés au monde, à préparer une reprise résiliente et inclusive, et à jeter les bases d’une croissance à long terme. 

Le pays en a les moyens : un nouveau rapport d’IFC et de la Banque mondiale, le « Diagnostic du secteur privé (CPSD) de Madagascar » soutient que le pays dispose d’opportunités pour améliorer ses infrastructures humaines et physiques et renforcer trois secteurs à fort potentiel de croissance et de création d’emplois : l’agro-industrie, le tourisme et l’habillement. 

Le secteur de l’agriculture et de l’agro-industrie fait vivre 75% de la population mais la plupart des agriculteurs pratique encore une agriculture de subsistance. Pourtant, Madagascar, mondialement connu pour sa vanille, possède un avantage comparatif dans plusieurs chaînes de valeur à fort potentiel d'exportation, comme le cacao, les litchis et les produits de l'élevage. Supprimer les barrières commerciales, améliorer la logistique et l’accès aux engrais, et rendre les pratiques agricoles plus durables pourraient accroître l'accès des agriculteurs aux marchés et renforcer les chaînes d'approvisionnement locales. 

Le tourisme, un secteur dévasté à travers le monde par la pandémie de COVID-19, est un autre domaine où Madagascar pourrait réaliser des progrès significatifs. Le pays dispose d'atouts naturels et culturels exceptionnels, et avec une législation adéquate pour permettre le développement de nouvelles concessions et attirer des investisseurs, il est possible d’accroître le nombre de touristes, notamment dans les segments à forte valeur ajoutée comme l’éco-tourisme et le tourisme maritime. 

Madagascar est également bien positionné pour développer son industrie de l'habillement. Déjà troisième exportateur de vêtements en Afrique subsaharienne, Madagascar pourrait accroître sa part de marché dans ce secteur à forte intensité de main-d'œuvre en améliorant son climat d'investissement et en aidant les petites entreprises à mieux s'intégrer dans les chaînes de valeur régionales et mondiales. 

Outre ces trois secteurs, Madagascar pourrait créer des emplois et mieux répondre aux besoins de ses habitants les plus pauvres en exploitant davantage les opportunités offertes par la technologie numérique. Les solutions numériques comme le Mobile Money permettent déjà à de nombreux entrepreneurs et au secteur informel du pays d’accéder à des services financiers. La mise en place d’un cadre réglementaire efficace dans le secteur des télécommunications pourrait contribuer à attirer davantage d’investissements dans les infrastructures et les compétences numériques, à baisser les coûts et à améliorer la couverture de ces services. 

Pour exploiter ces opportunités, et bien d’autres encore, Madagascar devra prendre des décisions audacieuses et développer une stratégie à long terme pour renforcer son secteur privé, éliminer les contraintes qui entravent la compétitivité de nombreux secteurs, et permettre à une plus grande catégorie d’opérateurs nationaux et internationaux d’investir dans le pays. 

Le premier défi – et sans doute le plus important – est de mettre en place un climat davantage favorable aux affaires. Réduire les coûts pour démarrer et exploiter une entreprise, améliorer les conditions de concurrence et établir des règles impartiales seront essentiels pour attirer des investisseurs, lancer de nouveaux projets et donner confiance dans le secteur privé. 

Pour faire en sorte que les projets se concrétisent et transforment le quotidien des populations, le gouvernement malgache gagnerait aussi à renforcer sa capacité à mettre en œuvre des politiques et des réformes et à collaborer plus étroitement avec le secteur privé, par exemple à travers des plateformes de dialogue public-privé. 

Enfin, Madagascar est confronté à d’importants défis en matière d’infrastructures qui pèsent sur la productivité et poussent les investisseurs à privilégier les zones urbaines, au détriment des populations rurales. Les besoins les plus urgents dans ce domaine sont d’élargir l’accès à une électricité abordable et de renforcer les réseaux de transport. Cela nécessitera davantage d’investissements et des réformes visant à encourager une plus grande participation du secteur privé à l’économie. 

Le CPSD fournit des recommandations prioritaires à court et moyen terme. Le Groupe de la Banque mondiale – un partenaire de longue date de Madagascar – orientera ses actions en faveur du développement du secteur privé, ses investissements et ses services-conseils dans le pays afin de cibler les secteurs et les réformes mis en avant dans le rapport et d'aider le gouvernement de Madagascar à mettre en œuvre son programme de développement. 

Aujourd’hui plus que jamais, le Groupe de la Banque mondiale se tient prêt à appuyer les secteurs public et privé de Madagascar pour aider les Malgaches à sortir plus forts de la crise. 
 


Auteurs

Marcelle Ayo

Country Manager for Madagascar, International Finance Corporation (IFC)

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