Les forêts des zones arides du Sahel sont des écosystèmes remarquables, véritables modèles de résilience et d’adaptabilité. Ponctuant ces paysages clairsemés, certaines essences d’arbres emblématiques comme l’acacia, le baobab ou le karité sont des symboles d’endurance, fournissant des ressources vitales sous forme de nourriture, de médicaments et d’ombre, pour les communautés locales et leur bétail. Ces forêts tenaces sont non seulement vitales pour la biodiversité, mais elles jouent également un rôle central pour les moyens de subsistance locaux.
Le Sahel a fait des progrès significatifs dans ses efforts pour reverdir la région, mais celle-ci est confrontée à des défis croissants. Avec des températures qui augmentent 1,5 fois plus vite que la moyenne mondiale, la pression sur ces écosystèmes s’intensifie. Dégradées, les forêts sèches disparaissent et la concurrence pour les rares ressources exacerbe les tensions sociales et économiques. Cependant, ces défis offrent une précieuse opportunité de transformation. En donnant la priorité à la gestion durable des terres, en renforçant les réglementations et en investissant dans la restauration des paysages, nous pouvons garantir les moyens de subsistance, favoriser la résilience et briser le cycle du déclin environnemental.
Miser sur le succès
En 2012, la Banque mondiale et le Fonds pour l’environnement mondial (GEF) ont lancé le Programme d’appui à la Grande Muraille verte pour le Sahel et l’Afrique de l’Ouest (SAWAP) afin de permettre aux pays de restaurer les terres dégradées, de soutenir les économies locales et de renforcer la résilience sur une vaste zone s’étendant du Sénégal à l’Éthiopie. Au fil des ans, le programme SAWAP a réhabilité 1,6 million d’hectares de terres et bénéficié à 19,4 millions de personnes.
L’impact de SAWAP va au-delà des chiffres : il a permis aux communautés de prendre en charge leurs paysages, source de fierté et de gestion responsable. Cependant, le SAWAP a également mis en évidence un défi majeur : la nécessité de se concentrer sur l’emploi et d’impliquer le secteur privé. Cette leçon a déterminé la prochaine phase des efforts de la Banque mondiale : le programme RESILAND Sahel.
Expansion : un engagement de 500 millions de dollars pour un avenir résilient
S’appuyant sur les succès du SAWAP, la Banque mondiale s’est engagée à verser plus de 500 millions de dollars de financement de l’IDA pour aider les pays à étendre la gestion intégrée des paysages à travers le Sahel dans le cadre du programme-cadre RESILAND Sahel. Le programme comprend des projets d’investissement, de développement des connaissances et des échanges régionaux pour apporter des solutions à grande échelle. Ces investissements, alignés sur le Rapport sur le climat et le développement au Sahel, visent à renforcer la résilience des populations, des terres et des marchés pour les produits forestiers des zones arides.
Redonner espoir, un paysage à la fois
Ces projets ne visent pas seulement à restaurer des terres, il s’agit aussi de redonner espoir aux communautés. En intégrant la gestion durable des terres, le reboisement, la régénération naturelle, la création d’emplois et les réformes de gouvernance, le programme Sahel RESILAND s’attaque aux causes profondes de la pauvreté et de l’instabilité.
Au Burkina Faso, le Projet d’Action climatique communale et de gestion des paysages soutient plus de 250 producteurs, principalement des femmes, dans l’adoption de pratiques durables dans les chaînes de valeur du moringa, du karité et du baobab. Avec 133 investissements dans des initiatives comme la reforestation, les marchés de légumes, les enclos pour la vaccination du bétail, et la création prévue de 3 500 emplois verts, le projet ne se contente pas d’améliorer les moyens de subsistance, il réduit aussi la concurrence pour les ressources naturelles. Le renforcement des droits fonciers par le biais de chartes communales et de la certification des parcs à karité permet de prévenir les litiges, offrant ainsi aux communautés un avenir plus sûr.
Au Niger, le Projet de gestion intégrée des paysages (PGIP) restaure la productivité de plus de 49 000 hectares de terres dégradées, crée 100 000 journées de travail rémunérées pour les communautés locales et soutient les petites entreprises dans les secteurs de la pêche, l’aquaculture et l’agroforesterie. L’intégration de l’agriculture, de l’eau et de la foresterie favorise la résilience et les moyens de subsistance durables. Pour les éleveurs et les agriculteurs, la restauration des terres implique de meilleurs pâturages, une réduction des pressions migratoires et moins de conflits liés à la rareté des ressources.
Au Mali, le Projet de restauration des terres dégradées (PRTD-Mali) adopte une approche paysagère pour créer des opportunités d’emploi à long terme pour 10 000 personnes et restaurer 400 000 hectares de terres dégradées. Les subventions accordées aux petites entreprises aux pratiques durables dans la production de gomme arabique, de moringa et la pêche contribueront à réduire la pression sur les forêts, à renforcer la résilience des communautés vulnérables et à améliorer la productivité pour une durabilité à long terme.
Au Tchad, des discussions sont en cours pour un futur projet de restauration du paysage, s’appuyant sur le projet de développement local et d’adaptation en cours de mise en œuvre. Le projet en cours de préparation devrait se concentrer sur des techniques rentables de réhabilitation des terres telles que la plantation d’arbustes et d’arbres pour la stabilisation des dunes et la rétention d’eau, les activités agricoles, sylvicoles et pastorales, ainsi que la création d’emplois dans l’écotourisme. Le projet permettra de lutter contre la désertification et de favoriser la résilience naturelle mais aussi socio-culturelle, en donnant aux communautés, en particulier aux femmes et aux jeunes, les moyens de construire un avenir durable et prospère pour le Sahel.
RESILAND Sahel : une approche holistique de la résilience climatique
RESILAND Sahel représente plus qu’une réponse aux défis environnementaux et socio-économiques, il s’agit d’un plan d’action pour un avenir durable. En restaurant des paysages dégradés, en créant de nouvelles opportunités économiques, en améliorant la sécurité alimentaire et en autonomisant les communautés, RESILAND prouve que la résilience n’est pas seulement une question de survie, mais aussi de construction d’un avenir prospère et autosuffisant pour le Sahel.
Avec le soutien financier de l’IDA et de plusieurs fonds fiduciaires multidonateurs, tels que le Fonds pour l’adaptation (ADPT), le Fonds pour les pays les moins avancés (PMA), le Programme d’intensification de l’action climatique en réduisant les émissions (SCALE), le Sahel et les pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest (SAWAC), le Mécanisme de soutien au climat (CSF), les fonds PROGREEN et PROBLUE, RESILAND Sahel ouvre de nouvelles opportunités économiques, en améliorant les moyens de subsistance et en protégeant les avantages écologiques et socio-économiques de ressources naturelles essentielles comme le lac Tchad et le delta du fleuve Niger.
Pour conclure : un appel à l’action
La sécurisation des ressources naturelles est essentielle pour briser le cycle des conflits et de l’instabilité au Sahel et pour permettre la transition vers des économies résilientes créatrices d’emplois et d’opportunités. Pour y parvenir, un soutien financier et technique de la part des gouvernements, des partenaires de développement et du secteur privé est nécessaire.
Permettre l’accès aux marchés des produits forestiers des zones arides renforce les moyens de subsistance, réduit les migrations et atténue les conflits. Une décennie de progrès a jeté les bases d’une gestion durable des terres arides, créant des opportunités économiques tout en relevant les défis émergents.
Le programme RESILAND Sahel est un élément important de l’appel à l’action pour stimuler la collaboration et l’innovation, accroître les investissements, promouvoir les partenariats et le développement de solutions à long terme pour restaurer les forêts des zones arides en économies forestières dynamiques qui offrent de l’espoir et des opportunités aux jeunes tout en réduisant la fragilité dans la région.
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