Tracer une voie de développement verte, résiliente et inclusive pour Madagascar

Cette page en:
Comment Madagascar peut-il tirer parti de ses paysages terrestres et marins et du tourisme basé vers la nature afin de soutenir un développement vert, résilient et inclusif ? L'analyse environnementale du pays de Madagascar, qui vient d'être achevée Comment Madagascar peut-il tirer parti de ses paysages terrestres et marins et du tourisme basé vers la nature afin de soutenir un développement vert, résilient et inclusif ? L'analyse environnementale du pays de Madagascar, qui vient d'être achevée

Quand on parle de Madagascar, des images de biodiversité riche et unique, de forêts denses et du plus long littoral d'Afrique viennent en tête. Il est donc surprenant d'apprendre que Madagascar est l'un des 22 pays sur 146 où la richesse par habitant - une mesure de la durabilité de la croissance - a diminué entre 1995 et 2018, et que ce déclin est dû à la faible productivité du capital naturel du pays. Inverser la tendance est possible. Mais pour ce faire, il faudra une meilleure gestion du capital naturel de Madagascar.

Comment Madagascar peut-il tirer parti de ses paysages terrestres et marins et du tourisme basé vers la nature afin de soutenir un développement vert, résilient et inclusif ? L'analyse environnementale du pays (CEA) de Madagascar, qui vient d'être achevée, propose trois moyens d'y parvenir.

 

1. Intégrer la gestion du paysage

La production agricole et la foresterie qui, avec la pêche, représentent environ 25% du PIB et 75% de l'emploi sont ancrés dans les paysages de Madagascar. Ces derniers fournissent une série d'autres services écosystémiques, tels que le maintien et la régulation du débit d'eau pour l'irrigation, la production d'électricité et l'approvisionnement en eau, la limitation des inondations en aval, la rétention des sédiments pour maintenir la fertilité du sol et la réduction de la quantité de sédiments qui s'écoulent dans les centrales hydroélectriques. 

Cependant, ces paysages se dégradent (voir Figure 1). La couverture forestière de Madagascar a diminué de 29% de sa superficie en 2000 à 21% en 2020. La dégradation des terres a contribué à une baisse du rendement en eau en réduisant la capacité du paysage à capter et à stocker les précipitations. Le coût économique de la dégradation des terres depuis 2000 est estimé à plus de 6,7 milliards de dollars, soit 1,78% du PIB de Madagascar par an.

Figure 1: Les paysages de Madagascar se dégradent, en particulier dans l'ouest et le sud du pays.

Figure 1: Madagascar’s landscapes are degrading, particularly in the west and south of the country

L'amélioration de la gestion du paysage pourrait accroître la rétention des sédiments, réduire l'impact des inondations intérieures et améliorer le débit de l'eau afin d'atténuer le changement climatique. Cela augmenterait à la fois la séquestration du carbone et l'efficacité des installations hydroélectriques. Des paysages sains présenteraient des avantages tant pour le développement que pour le climat.

Afin de mettre ses ressources au service de la croissance économique, Madagascar doit mener un certain nombre de réformes, telles que l'intégration de la gestion des paysages dans ses projets de développement rural et d'infrastructure, pour accroître la durabilité des investissements dans les infrastructures. Un projet hydroélectrique qui soutiendrait par exemple les investissements dans la gestion des bassins versant réduirait le flux de sédiments et améliorerait l'écoulement de l'eau vers le réservoir.

À Madagascar, le Projet d’Agriculture Durable par une Approche Paysage a été la première étape sur la voie de la gestion intégrée du paysage. Le projet, également connu sous le nom de PADAP, intègre tous les éléments d'un projet paysager typique : il est multifonctionnel - il vise à améliorer la production alimentaire et la conservation de la biodiversité ou des écosystèmes, ainsi que les moyens de subsistance des populations rurales. Ce projet a jeté les bases de l'intégration de la gestion du paysage dans les projets d'infrastructure du pays.

Fishermen in Maroantsetra

2. Exploiter pleinement le potentiel de l'économie bleue

Avec 5 600 km de côtes et la quatrième plus grande zone économique exclusive marine du monde (plus de 1,22 million de kilomètres carrés), Madagascar n'a pas encore exploité tout le potentiel de son capital marin. Son économie bleue commence tout juste à se développer et se concentre principalement sur les exportations et la pêche maritimes. Mais la santé de ces écosystèmes est menacée par la pollution, la surexploitation et les pressions exercées par l'homme, effets exacerbés par les impacts du changement climatique : augmentation des températures à la surface de la mer, fréquence et intensité des événements climatiques extrêmes et érosion côtière.

Madagascar gagnerait à s'appuyer sur sa transition vers une économie bleue. Cela atténuera l'impact des inondations côtières et augmentera la séquestration du carbone dans ses actifs bleus. Le pays a créé le cadre de cette transition depuis 2015 ; ses efforts incluent la création d'un ministère de la pêche et de l'économie bleue en 2021. Mais il lui faut encore d'autres mesures, notamment une stratégie pour l'économie bleue, des plans d'espace marin, l'amélioration du climat d'investissement pour les industries émergentes et l'incitation à l'atténuation des impacts sur les écosystèmes marins.

Shutterstock

3. Tirer parti de la biodiversité pour un tourisme basé sur la nature

L'industrie du tourisme tire parti de la biodiversité impressionnante de Madagascar, de ses paysages et de sa culture unique, fournissant des emplois aux communautés vivant à proximité des destinations touristiques, soit directement (guides, chauffeurs et personnel des hôtels et restaurants), soit indirectement (nourriture et services aux hôtels et restaurants). Le tourisme contribue de manière significative aux chaînes de valeur locales, régionales et nationales dans les domaines de l'hôtellerie, des agences de voyage, de l'artisanat et de l'agriculture, ainsi qu'aux droits d'entrée dans les parcs, aux recettes fiscales, aux devises étrangères et aux investissements directs étrangers.

Comparé à d'autres pays proches, le potentiel de croissance touristique de Madagascar est important, en grande partie grâce au fort intérêt pour le tourisme côtier. Les zones protégées - marines et terrestres - peuvent offrir des solutions à la perte de biodiversité et à la dégradation des terres et créer des attractions touristiques rentables. L'augmentation du financement de la gestion et de l'exploitation des zones protégées, la finalisation du cadre juridique des concessions touristiques dans les zones protégées et la réévaluation des accords de partage des bénéfices avec les communautés locales peuvent contribuer à développer le secteur, en le rendant inclusif et durable. De cette façon, il contribue davantage à la croissance économique tout en préservant la biodiversité. La croissance du secteur du tourisme permettrait également de modifier la structure de l'économie en s'éloignant du secteur agricole, plus vulnérable au climat.

Face aux multiples risques environnementaux, liés aux ressources naturelles et au changement climatique auxquels Madagascar est confronté, et compte tenu de la dépendance de sa population et de son économie à la gestion durable des ressources naturelles, il est urgent de prendre des mesures et de relever ces défis pour que Madagascar parvienne à un développement vert, résilient et inclusif. Avec l'appui de PROGREEN et PROBLUE, la Banque continue de travailler avec Madagascar sur ce programme : donner la priorité aux investissements dans certains paysages qui sont les plus vulnérables à la dégradation ; soutenir l'objectif du gouvernement de restaurer les mangroves le long du long littoral et de devenir un leader en matière de « carbone bleu » ; et promouvoir le tourisme basé sur la nature a travers le projet de transformation économique pour une croissance inclusive en cours. Le prochain rapport sur le climat et le développement de Madagascar explorera davantage les questions de résilience et d'atténuation qui demeurent préoccupantes pour le pays. 


Auteurs

Urvashi Narain

Économiste en chef, Pôle Environnement, ressources naturelles et économie bleue

Erik Reed

Spécialiste en gestion des ressources naturelles

Prenez part au débat

Le contenu de ce champ est confidentiel et ne sera pas visible sur le site
Nombre de caractères restants: 1000