Énergie, emploi et opportunités : trois leviers pour libérer le potentiel d’une jeunesse africaine en plein essor

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Énergie, emploi et opportunités : trois leviers pour libérer le potentiel d’une jeunesse africaine en plein essor Jacob Mukunukuji, propriétaire de l'atelier, Zimbabwe. Crédit: AfDB.

Ce blog a été initialement publié sur le site Global Energy Alliance for People and Planet le 16/06/2025.

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Dans un atelier du village de Marimauta, au Zimbabwe, les affaires sont florissantes. Des entrepreneurs locaux passent commande de machines spécialement conçues pour leurs besoins. Des agriculteurs de la région se partagent une machine à énergie solaire pour transformer leurs récoltes de maïs. Les jeunes apprentis acquièrent de nouvelles compétences techniques et numériques.

Le contraste est frappant par rapport à la situation en 2019 : le cyclone Idai avait ravagé la région, détruisant des lignes électriques et amenant des entreprises à mettre la clé sous la porte. Pendant des mois, le propriétaire de l’atelier, Jacob Mukunukuji, et ses voisins ont dû faire avec des générateurs diesel coûteux et bruyants qui peinaient à alimenter leurs outils habituels, sans parler de la machinerie lourde dont l’entreprise florissante de Jacob avait besoin.

« Avoir l’électricité, c’est essentiel », explique Jacob, 31 ans. « Si je veux fabriquer du métal quelle que soit l’échelle, je peux à présent le faire parce qu’il y a beaucoup d’électricité. »

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Sur les 685 millions de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à l’électricité, près de 600 millions vivent en Afrique subsaharienne. Les étudiants ne peuvent pas étudier une fois la nuit tombée. Les entreprises ne peuvent pas prospérer. Et les économies locales et nationales s’essoufflent faute d’accès à l’énergie pour alimenter les entreprises, créer des emplois et se développer.

Dans le même temps, l’Afrique affiche la population la plus jeune et à la croissance la plus rapide au monde. Plus de 60 % des habitants de la région ont moins de 25 ans. Selon la Commission économique pour l'Afrique des Nations Unies, le nombre de jeunes sur le continent devrait augmenter de 138 millions (a) au cours des 25 prochaines années. 

Il s’agit à la fois d’un défi considérable et d’une opportunité. Au rythme de croissance actuel, l’Afrique ne sera pas en mesure de créer suffisamment d’emplois de qualité et dignes pour sa population croissante. Et compte tenu du manque d’accès à l’électricité mais aussi au financement, à la formation et au soutien nécessaire aux entreprises, il apparaît difficile de réaliser la croissance économique nécessaire.

Pourtant, avec les bons investissements, l’Afrique peut débloquer des milliards de dollars de croissance et devenir l’un des principaux moteurs de la résilience économique mondiale et de l’innovation en matière d’énergie propre. D'ici 2050, la richesse en ressources naturelles et le potentiel régional en matière d’énergies renouvelables pourraient générer jusqu'à 100 millions (a) de nouveaux emplois et améliorer les moyens de subsistance.

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Avec un soutien adapté, le dynamisme et la jeunesse de la population active africaine pourrait aider le continent à dépasser les combustibles traditionnels et à s’assurer un avenir brillant, propre et prospère, devenant à la fois le moteur et le bénéficiaire de cette transformation.  

L’accès à l’électricité, associé à l’apprentissage, à la formation technique et au financement, peut permettre aux jeunes africains de développer leurs entreprises et d’alimenter les progrès dans de multiples secteurs, de l’agriculture à l’industrie manufacturière, en passant par le leadership énergétique, entre autres. Avec une énergie propre, abordable et stable, les jeunes ont plus d’opportunité de poursuivre leurs études, d’acquérir des compétences, de créer des entreprises et d’aider les autres à progresser. 

Prenons l’exemple de Hasmia Sidratu Bangura, qui vit en Sierra Leone. Après un programme de stage dans le domaine de l’énergie propre, cette jeune diplômée en ingénierie est devenue technicienne de terrain dans une entreprise d’énergie renouvelable, partageant les compétences qu’elle a acquises pour alimenter la croissance durable de son pays.

Dans la communauté de Kiguna au Nigeria, les pêcheuses ont eu recours à un financement innovant pour s’équiper d’une installation de stockage frigorifique fonctionnant à l’énergie solaire, relançant ainsi le commerce local et redonnant vie à leur communauté. « Maintenant, notre nourriture ne se gâte plus et nous n’avons plus besoin de la vendre à bas prix », explique Blessing Bitrus, marchande de poisson et entrepreneuse.

Au Kenya, le salon de coiffure de John Masha Ngowa à Tezo fonctionne jusque tard dans la soirée grâce à l’énergie solaire hors réseau.  

Pendant ce temps, au Zimbabwe, l’atelier de Jacob accueille régulièrement des apprentis. L’année dernière, quatre étudiants ont obtenu des certificats en soudage et en fabrication, ce qui leur a ouvert les portes de nouvelles carrières. 

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Nos cinq organisations – la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, soutenues par Sustainable Energy for All (SEforALL), l’Alliance mondiale pour l’énergie pour les peuples et la planète (GEAPP) et la Fondation Rockefeller et sa filiale caritative, RF Catalytic Capital – unissent leurs forces pour accélérer cette croissance.

Notre initiative audacieuse, Mission 300, vise à connecter 300 millions d’Africains à l’électricité d’ici 2030. En mettant en commun nos ressources, notre influence et notre expertise et en établissant des partenariats avec les gouvernements, les entreprises et les communautés, nous transformons les marchés de l’énergie, développons le financement et aidons les gouvernements à définir et à atteindre leurs objectifs énergétiques nationaux.

Et nous nous engageons à faire en sorte que l’accès à l’électricité s’accompagne des outils, du financement et de la formation adaptés pour améliorer les compétences d’une main-d’œuvre jeune et dynamique, et susciter un effet d’entraînement en matière d’innovation, d’entrepreneuriat et d’emploi.

La ligne électrique qui a permis à Jacob et à sa communauté de se connecter à l’électricité a été financée par la Banque africaine de développement.

L’énergie solaire et le stockage frigorifique qui ont changé la vie de la communauté de Blessing ont été rendus possibles par la GEAPP et ses partenaires.

La formation qui a permis à Hasmia de faire progresser sa carrière dans le domaine de l’énergie propre a été dispensée par SEforALL, qui forme de jeunes professionnels de l’énergie dans toute l’Afrique pour entraîner le développement de l’énergie durable.

Les mini-réseaux qui alimentent les écoles et les entreprises dans les zones rurales du Kenya ont été soutenus par le projet d’accès à l’énergie solaire hors réseau de la Banque mondiale, qui permet d’alimenter des écoles, des cliniques et des foyers, au profit de 1,5 million de personnes.

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La tâche qui nous attend est immense et extrêmement urgente. Alors que nous nous réunissons à l’occasion du Forum africain de l’énergie et du Sommet de la jeunesse sur l’énergie, nous sommes fiers de nous unir à la voix des jeunes pour transmettre ce message aux décideurs politiques, aux investisseurs et aux partenaires : accélérons l’accès à l’énergie, tout en investissant dans le développement des talents et de la main-d’œuvre.

En investissant dans la jeunesse africaine, Mission 300 s’assure que chaque nouvelle connexion électrique soit un tremplin vers l’emploi et la croissance, ouvrant ainsi la voie à un avenir riche en énergie et prospère pour l’Afrique.


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