Divers travaux universitaires et études se sont intéressé à la place des femmes dans la vie publique des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) au lendemain du Printemps arabe. En raison de la part qu’elles y ont prise, les soulèvements de 2011 marquent en effet un tournant majeur dans le rôle politique dévolu aux femmes du monde arabe. Mais ces mouvements, à l’origine laïques et égalitaires, ont aussi libéré des forces conservatrices pendant longtemps réprimées qui rognent les avancées réalisées par les féministes arabes ces dernières décennies.
De l’euphorie au désenchantement
Où en sont les femmes depuis le Printemps arabe ?
Dans le dernier rapport mondial sur la parité entre hommes et femmes publié par le Forum économique mondial en 2015, la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord figure en bas de tableau en ce qui concerne les responsabilités politiques et la représentation des femmes. Dans la région MENA, les femmes ne détiennent qu’un peu moins de 13 % des sièges parlementaires et, dans la plupart des pays, les obstacles structurels (lois et institutions discriminatoires) limitent toujours les options offertes aux femmes, lorsqu’il s’agit de prendre part à la vie politique de leur pays ou de se présenter à une élection majeure. Par exemple, les Saoudiennes ne peuvent voter qu’aux élections locales , un droit qui ne leur a été accordé qu’en 2011 et qui demeure très encadré.
Les systèmes de quota ou de discrimination positive pour promouvoir les femmes dans la vie publique ont fait leurs preuves en ce qu’ils sont au moins parvenus à augmenter la proportion des élues au parlement. En Tunisie, au Maroc ou au Liban, on constate une féminisation des parlements qui s’explique principalement par l’instauration de quotas. En Égypte, cette proportion demeure au plus bas, avec seulement 2 % de femmes à l’Assemblée du peuple, à l’exception de mandatures durant lesquelles le système des quotas était en vigueur (1979, 1984 et 2010).
Si ces exemples démontrent l’utilité des politiques de discrimination positive, l’on pourrait objecter qu’en l’absence d’un contexte favorable à une participation réelle des femmes à la vie politique, ces dernières sont vouées à être sous-représentées, portant ainsi atteinte à leur crédibilité et à leur influence.
Rares sont les femmes qui ont réussi à briser ce plafond de verre, à l’image de Hala Shukrallah, dirigeante du parti égyptien Al Dostour, Louisa Hanoun, secrétaire du parti algérien des travailleurs et Nabila Mounib, secrétaire générale du parti socialiste unifié au Maroc.
Dans les pays du Golfe où les femmes sont très peu représentées, on constate quelques progrès récents. Aux Émirats arabes unis, Amal Al Qubaisi est devenue la première présidente de la chambre des députés et sept femmes ont été nommées à des postes ministériels lors de la formation du dernier gouvernement. En Arabie saoudite, les femmes ont pris pour la première fois part aux élections municipales de décembre dernier et de nombreuses candidates ont fait leur entrée dans les conseils municipaux.
Cependant, plus globalement, l’arène politique reste à prédominance masculine dans le monde arabe, une réalité que peu imaginent contester.
La participation des femmes à la vie politique est indispensable au développement
Chaque année, à la date du 8 mars, les médias arabes abordent la question de l’inclusion des femmes. Les esprits cyniques trouveront que ces discours ne sont que des vœux pieux sans volonté politique réelle d’améliorer l’égalité entre les sexes et d’accroître la présence des femmes aux manettes. À l’instar des débats portant sur les droits de l’homme dans la région, la question du droit des femmes a été reléguée au second plan, derrière des questions plus urgentes, comme la sécurité, la sûreté publique et les menaces terroristes. Les féministes de la région n’arrivent plus à se faire entendre tant l’atonie économique, la chute des cours de pétrole et les troubles sociaux accaparent les pouvoirs publics.
Profondément enracinée dans les normes sociales et culturelles, la faible participation des femmes à la vie publique dans la région MENA va à l’encontre de leur aptitude à conduire et porter le changement, ainsi que l’histoire du monde arabe nous l’enseigne. En matière de développement, cette participation est indispensable à l’édification et au maintien de systèmes politiques et économiques plus robustes. Et il importe d’inclure le point de vue des femmes dans la prise de décision politique.
Pour instaurer une véritable participation féminine dans la région MENA, il faut institutionnaliser le principe de confier des responsabilités politiques aux femmes. Cela nécessite également de faire en sorte que les mentalités changent sur la question et de jeter les bases d’une culture plus égalitaire à l’école, dans les médias et au parlement. Mmes Shukrallah, Hanoun et Mounib ont su s’affranchir des discriminations politiques et lever les obstacles avec brio, mais pour le reste de leurs concitoyennes dans le monde arabe, il va falloir agir pour faire de l’égalité des chances entre les sexes une réalité.
De l’euphorie au désenchantement
Où en sont les femmes depuis le Printemps arabe ?
Dans le dernier rapport mondial sur la parité entre hommes et femmes publié par le Forum économique mondial en 2015, la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord figure en bas de tableau en ce qui concerne les responsabilités politiques et la représentation des femmes. Dans la région MENA, les femmes ne détiennent qu’un peu moins de 13 % des sièges parlementaires et, dans la plupart des pays, les obstacles structurels (lois et institutions discriminatoires) limitent toujours les options offertes aux femmes, lorsqu’il s’agit de prendre part à la vie politique de leur pays ou de se présenter à une élection majeure. Par exemple, les Saoudiennes ne peuvent voter qu’aux élections locales , un droit qui ne leur a été accordé qu’en 2011 et qui demeure très encadré.
Les systèmes de quota ou de discrimination positive pour promouvoir les femmes dans la vie publique ont fait leurs preuves en ce qu’ils sont au moins parvenus à augmenter la proportion des élues au parlement. En Tunisie, au Maroc ou au Liban, on constate une féminisation des parlements qui s’explique principalement par l’instauration de quotas. En Égypte, cette proportion demeure au plus bas, avec seulement 2 % de femmes à l’Assemblée du peuple, à l’exception de mandatures durant lesquelles le système des quotas était en vigueur (1979, 1984 et 2010).
Si ces exemples démontrent l’utilité des politiques de discrimination positive, l’on pourrait objecter qu’en l’absence d’un contexte favorable à une participation réelle des femmes à la vie politique, ces dernières sont vouées à être sous-représentées, portant ainsi atteinte à leur crédibilité et à leur influence.
Rares sont les femmes qui ont réussi à briser ce plafond de verre, à l’image de Hala Shukrallah, dirigeante du parti égyptien Al Dostour, Louisa Hanoun, secrétaire du parti algérien des travailleurs et Nabila Mounib, secrétaire générale du parti socialiste unifié au Maroc.
Dans les pays du Golfe où les femmes sont très peu représentées, on constate quelques progrès récents. Aux Émirats arabes unis, Amal Al Qubaisi est devenue la première présidente de la chambre des députés et sept femmes ont été nommées à des postes ministériels lors de la formation du dernier gouvernement. En Arabie saoudite, les femmes ont pris pour la première fois part aux élections municipales de décembre dernier et de nombreuses candidates ont fait leur entrée dans les conseils municipaux.
Cependant, plus globalement, l’arène politique reste à prédominance masculine dans le monde arabe, une réalité que peu imaginent contester.
La participation des femmes à la vie politique est indispensable au développement
Chaque année, à la date du 8 mars, les médias arabes abordent la question de l’inclusion des femmes. Les esprits cyniques trouveront que ces discours ne sont que des vœux pieux sans volonté politique réelle d’améliorer l’égalité entre les sexes et d’accroître la présence des femmes aux manettes. À l’instar des débats portant sur les droits de l’homme dans la région, la question du droit des femmes a été reléguée au second plan, derrière des questions plus urgentes, comme la sécurité, la sûreté publique et les menaces terroristes. Les féministes de la région n’arrivent plus à se faire entendre tant l’atonie économique, la chute des cours de pétrole et les troubles sociaux accaparent les pouvoirs publics.
Profondément enracinée dans les normes sociales et culturelles, la faible participation des femmes à la vie publique dans la région MENA va à l’encontre de leur aptitude à conduire et porter le changement, ainsi que l’histoire du monde arabe nous l’enseigne. En matière de développement, cette participation est indispensable à l’édification et au maintien de systèmes politiques et économiques plus robustes. Et il importe d’inclure le point de vue des femmes dans la prise de décision politique.
Pour instaurer une véritable participation féminine dans la région MENA, il faut institutionnaliser le principe de confier des responsabilités politiques aux femmes. Cela nécessite également de faire en sorte que les mentalités changent sur la question et de jeter les bases d’une culture plus égalitaire à l’école, dans les médias et au parlement. Mmes Shukrallah, Hanoun et Mounib ont su s’affranchir des discriminations politiques et lever les obstacles avec brio, mais pour le reste de leurs concitoyennes dans le monde arabe, il va falloir agir pour faire de l’égalité des chances entre les sexes une réalité.
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