Publié sur Voix Arabes

Le monde arabe pourrait jouer un RÔLE DÉCISIF dans la lutte contre le CHANGEMENT CLIMATIQUE

Alors que le Maroc accueillera la prochaine conférence sur le climat en novembre 2016, le monde se tourne vers la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord pour prendre la tête de la lutte contre le changement climatique
 
Image 55 est LE nombre magique. En effet, si 175 parties (174 pays plus l’Union européenne) ont signé l'accord de Paris en avril dernier à New York, ce n’est pas suffisant. Ce qui compte, ce n’est pas seulement le nombre de pays signataires, mais celui des pays qui l’adopteront définitivement en le ratifiant. Ce n’est qu’à partir du moment où l’accord de Paris est ratifié qu’il devient opérationnel et juridiquement contraignant. Et c’est là que 55, le nombre magique, intervient. Il est fondamental à deux égards : il faut qu’au moins 55 parties ratifient l’accord de Paris  et que ces pays totalisent au moins 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Or le compte n’y est pas. À ce jour, nous ne totalisons que 22 parties pour le premier objectif, et seulement 1 % pour le second  (consulter le site du World Resources Institute pour suivre en temps réel le nombre de ratifications). Les 22 champions de la communauté internationale qui ont déjà ratifié l’accord de Paris sont les suivants : Barbade, Belize, Cameroun, Corée du Nord, Palestine, Fidji, Grenade, Guyane, Îles Marshall, Maldives, Maurice, Nauru, Norvège, Palau, Pérou, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Samoa, Seychelles, Somalie et Tuvalu.

L’espoir est cependant permis. Outre les 22 parties ayant officiellement ratifié l’accord de Paris, la plupart des autres pays ont indiqué leur intention de ratifier l’accord de Paris. En outre, les trois premières parties à l’origine des émissions (Chine, Union européenne et États-Unis) ont annoncé leur intention de ratifier l’accord, ce qui aboutirait à un total de 51 pays représentant environ 51 % des émissions mondiales. Grâce à ces contributions, il ne manquerait plus que quatre pays et quatre points de pourcentage pour atteindre les deux objectifs et que l’accord de Paris entre pleinement en vigueur.

La région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) peut jouer un rôle décisif. Dans un précédent billet, nous avons montré que les 19 pays de la région MENA sont à l’origine d’environ 7 % des émissions mondiales et, s’ils ratifiaient l’accord de Paris, les deux objectifs de 55 seraient atteints. En fait, il suffirait même que les États du Golfe le ratifient, car ils sont les plus gros émetteurs de la région.
 
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Le monde a les yeux tournés vers la région MENA, car le Maroc accueillera la COP22 en novembre prochain. La région MENA peut faire entrer la planète dans l’ère de l’accord de Paris, c’est-à-dire contenir la hausse des températures en-dessous de 2,7 °C d’ici à 2100, soit un degré de moins que si rien n’est fait. Il s’agirait là d’un grand pas en avant dans la bonne direction. Comme le montrent les graphiques qui suivent, la région MENA a les cartes en main pour que la communauté mondiale fasse ce premier grand pas.

Où en est la région MENA aujourd’hui ? Tous les pays de la région à l’exception de la Libye ont soumis leurs INDC (contributions décidées à l’échelle nationale) après la COP21. Par la suite, la majorité de ces pays (sauf l’Arabie saoudite, l’Iraq, la Syrie et le Yémen) a signé l’accord de Paris à New York en avril 2016. Le seul pays ayant ratifié l’accord à ce jour est la Palestine .

Malgré les troubles qui agitent la région MENA, elle peut être déterminante. Étant donné la situation sécuritaire et les problèmes humanitaires en Syrie, en Iraq et au Yémen, on peut comprendre que ces pays ne soient pas dans la dynamique mondiale de lutte contre le changement climatique. Par ailleurs, les émissions cumulées de ces trois pays en guerre ne représentent que 0,7 % des émissions mondiales, ce qui signifie que, même s’ils ne signent pas l’accord de Paris, les deux objectifs pourraient tout de même être atteints à condition que les autres pays de la région MENA pèsent de tout leur poids et soient au rendez-vous.
 
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Si de nombreuses combinaisons de pays permettraient de dépasser les deux barres de 55, le fait d’accueillir la COP22 cette année place évidemment la région MENA au premier plan. Et, comme nous l’avons indiqué plus haut, si les trois plus gros émetteurs au monde tiennent leur promesse, la région MENA pourrait être celle qui rendrait l’accord de Paris juridiquement contraignant. Il suffirait pour cela que quelques-uns seulement des principaux pays émetteurs de la région ratifient l’accord.   
 

Auteurs

Martin Heger

Économiste senior de l’environnement au sein du pôle Environnement, ressources naturelles et économie bleue de la Banque mondiale

Maria Sarraf

Responsable du pôle environnement, ressources naturelles et économie bleue pour l’Afrique de l’Ouest, à la Banque mondiale

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