Après des décennies placées sous le régime du silence et sous une véritable chape de plomb interdisant d’exprimer son opinion, de manifester ou d’émettre un point de vue contraire ou divergent, les peuples arabes se libèrent enfin et s’emparent de leur droit de parole, pour dire ce qu’ils veulent, quand ils veulent et où ils veulent. En témoigne l’explosion de graffitis dans les rues des capitales, qui traduisent par des mots et des dessins tout ce que la population rêvait d’exprimer.
Lors d’un récent séjour en Libye, j’ai été frappé par le nombre de plaques minéralogiques couvertes, notamment dans les angles, de taches de peinture peu esthétiques, qui rendaient illisibles des informations censées pourtant être accessibles à tous. C’est en discutant avec mes collègues libyens que j’ai compris leur raison d’être : la population de la nouvelle Libye libre a décidé délibérément d’effacer partout le mot haï de « Jamahiriya », étant donné sa connotation. Ce terme renvoie en effet à l’ancien régime de Kadhafi et au fameux « Livre vert », où le colonel détaillait sa vision politique et démocratique. De sorte que, de plus en plus, seules les plaques les plus récentes, qui proclament fièrement leur appartenance à la « LIBYE » sont épargnées par les peintres amateurs qui testent ainsi leur nouveau droit d’expression..
Fervent admirateur des différentes formes d’art des rues, j’ai pu admirer, en me promenant dans la capitale libyenne, les superbes portraits de c hahid, ces jeunes martyrs de 18, 19 ou 20 ans dont les photographies, également exposées un peu partout dans la ville, sont particulièrement touchantes : les dates qui figurent à côté de leurs visages, marquant l’année de leur naissance et de leur mort (le plus souvent en 2011 et 2012), soulignent à quel point leurs vies ont été courtes. On y voit aussi parfois les photos de l’épouse du martyr et de ses enfants, symbole poignant de ces familles brisées.
Mais la rue sait aussi rire du passé, à coup de caricatures de l’ancien homme fort du régime portraituré avec un corps d’abeille ou de rat, encaissant un coup de poing ganté en plein visage, pendu à un arbre ou saucissonné dans une corde, crachant un jet de vapeur tel un dragon. « Nous avons réussi !! », proclame fièrement un autre graffiti tracé à la hâte sur un muret, le long de la route qui mène au magnifique port de Tripoli et aux eaux bleues de la Méditerranée.
Mais Tripoli n’est pas la seule capitale à faire preuve de créativité artistique ou littéraire. En janvier, une mission au Caire m’a permis de constater l’aptitude du peuple égyptien à brocarder ses dirigeants, actuels et passés, à travers des messages hauts en couleurs et, pour certains, tellement crus que la décence m’interdit de les reproduire ici… Et je suis sûr que ma méconnaissance de l’arabe m’a empêché d’apprécier les expressions les plus savoureuses et les plus grivoises nées de cette liberté recouvrée.
Lors d’un récent séjour en Libye, j’ai été frappé par le nombre de plaques minéralogiques couvertes, notamment dans les angles, de taches de peinture peu esthétiques, qui rendaient illisibles des informations censées pourtant être accessibles à tous. C’est en discutant avec mes collègues libyens que j’ai compris leur raison d’être : la population de la nouvelle Libye libre a décidé délibérément d’effacer partout le mot haï de « Jamahiriya », étant donné sa connotation. Ce terme renvoie en effet à l’ancien régime de Kadhafi et au fameux « Livre vert », où le colonel détaillait sa vision politique et démocratique. De sorte que, de plus en plus, seules les plaques les plus récentes, qui proclament fièrement leur appartenance à la « LIBYE » sont épargnées par les peintres amateurs qui testent ainsi leur nouveau droit d’expression..
Fervent admirateur des différentes formes d’art des rues, j’ai pu admirer, en me promenant dans la capitale libyenne, les superbes portraits de c hahid, ces jeunes martyrs de 18, 19 ou 20 ans dont les photographies, également exposées un peu partout dans la ville, sont particulièrement touchantes : les dates qui figurent à côté de leurs visages, marquant l’année de leur naissance et de leur mort (le plus souvent en 2011 et 2012), soulignent à quel point leurs vies ont été courtes. On y voit aussi parfois les photos de l’épouse du martyr et de ses enfants, symbole poignant de ces familles brisées.
Mais la rue sait aussi rire du passé, à coup de caricatures de l’ancien homme fort du régime portraituré avec un corps d’abeille ou de rat, encaissant un coup de poing ganté en plein visage, pendu à un arbre ou saucissonné dans une corde, crachant un jet de vapeur tel un dragon. « Nous avons réussi !! », proclame fièrement un autre graffiti tracé à la hâte sur un muret, le long de la route qui mène au magnifique port de Tripoli et aux eaux bleues de la Méditerranée.
Mais Tripoli n’est pas la seule capitale à faire preuve de créativité artistique ou littéraire. En janvier, une mission au Caire m’a permis de constater l’aptitude du peuple égyptien à brocarder ses dirigeants, actuels et passés, à travers des messages hauts en couleurs et, pour certains, tellement crus que la décence m’interdit de les reproduire ici… Et je suis sûr que ma méconnaissance de l’arabe m’a empêché d’apprécier les expressions les plus savoureuses et les plus grivoises nées de cette liberté recouvrée.
Mais, bien sûr, c’est à Tunis, là où tout a commencé, que les murs du centre-ville sont les plus évocateurs de cette fierté — enfin proclamée — d’être Tunisiens. La population n’oublie d’ailleurs pas de rendre un vibrant hommage à Facebook, pour son rôle dans cette première révolution de l’ère Internet.
Et que dire de ces immenses « Vive la liberté » que l’on peut découvrir en plein cœur de Tunis, qui se passent de tout commentaire.
La parole se libère et se renouvelle dans le monde arabe de manière générale, et c’est dans la rue, sur les murs et les bâtiments officiels des capitales qu’elle prend sa forme la plus vivante et pittoresque.
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