Publié sur Voix Arabes

Dans notre bataille contre la pandémie de Covid-19, la distance n’aura pas raison des liens humains

La solidarité est l?arme la plus puissante contre la souffrance humaine. La solidarité est l’arme la plus puissante contre la souffrance humaine.

Les défis majeurs que pose la pandémie de Covid-19 mettent à rude épreuve notre détermination collective. Cela a commencé avec des restrictions de voyage. Aujourd’hui, les pays imposent l’un après l’autre des mesures de distanciation sociale. Si ces actions sont cruciales pour arrêter la pandémie, elles perturbent gravement l'activité économique et devront s’accompagner, pour y remédier, de mesures de relance et de protection sociale.

Dans cette période difficile, la Banque mondiale se tient plus que jamais prête à répondre aux besoins de ses clients. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA), ce soutien pourra s’appuyer sur sept décennies de coopération avec les populations de la région.

Les événements tragiques, qu’ils soient naturels ou d’origine humaine, tendent à rassembler les gens. C’est un phénomène que j’ai pu observer au cours de mes nombreuses années d’activité dans la région MENA. La solidarité est l’arme la plus puissante contre la souffrance humaine. Je me contenterai d’un exemple : depuis plusieurs années maintenant, la Jordanie et le Liban agissent pour le bien commun mondial en accueillant des millions de réfugiés syriens. Alors que j’ai exercé la fonction de directeur régional de la Banque mondiale à Beyrouth pendant plusieurs années, je peux témoigner à la première personne de la générosité des gouvernements et des habitants, confrontés pourtant pour un grand nombre d’entre eux à des problèmes de développement tenaces.

Mais la pandémie de Covid-19 a une dimension ironiquement tragique. Pour se protéger soi-même et protéger autrui, il faut rester éloignés les uns des autres. Les épidémiologistes et les experts de la santé publique nous expliquent que la distanciation sociale (a) est capitale pour prévenir la propagation de la maladie. Une recommandation qui a été suivie par les gouvernements dans le monde entier, donnant lieu à des mesures de couvre-feu, de quarantaine ou de confinement.

D’un coin à l’autre de la région MENA, cette séparation physique n’a pas affaibli les liens humains. Les gens s’unissent, comme ils le peuvent, pour alléger les souffrances physiques et économiques que cause le coronavirus.

Les chefs religieux ouvrent les lieux de culte pour les convertir en centres de quarantaine et accueillir ceux qui n’ont pas de toit.

Les jeunes prennent les devants. Comme au Liban, où une initiative baptisée « Épaule contre épaule » met en place un filet social pour aider les personnes qui perdent leurs moyens de subsistance. Des jeunes encore, cette fois-ci en Égypte, ont lancé une campagne de distribution de gel hydroalcoolique et de produits de nettoyage, tandis que des étudiants iraquiens font du bénévolat pour sensibiliser les populations et leur apprendre à se protéger contre le virus. En Jordanie, les opérateurs de téléphonie offrent des services internet gratuits aux élèves dont les écoles ont fermé.

Les gens donnent des paniers de nourriture et distribuent des vivres dans des boîtes stériles. Dans la bande de Gaza, après l’annulation du mariage de son fils, un père a offert le repas prévu pour la noce à des pauvres mis en quarantaine.

On lit même que dans une usine du centre de la Tunisie, qui fabrique l’essentiel de la production d'équipement de protection médicale du pays, 150 ouvrières ont décidé de se confiner volontairement. Avec suffisamment de vivres pour pouvoir tenir un mois, elles veulent continuer à produire les masques, combinaisons stériles et autres protections indispensables aux soignants qui luttent contre le virus.

Ces gestes de solidarité sont une source d’inspiration, à l’heure où nous nous employons à réduire les souffrances causées par la pandémie. Pour la Banque mondiale, l’enjeu est de se montrer à la hauteur du défi posé par le coronavirus et de collaborer étroitement avec nos pays clients pour leur apporter une aide immédiate. Alors qu’ils prennent des mesures drastiques pour endiguer la crise sanitaire et lutter contre ses conséquences sociales et économiques les plus graves, les pays en développement se tournent vers nous pour un soutien financier urgent, mais aussi pour bénéficier de notre expérience mondiale sans équivalent dans le traitement des crises, même dans des situations aussi inédites et généralisées que celle-ci.

Nous répondons à ces besoins en actionnant les composantes d’intervention d’urgence de projets existants et en réaffectant des fonds de projets en cours. Dans le cadre d’une approche-programme à phases multiples d’envergure mondiale et novatrice, nous apportons aussi de nouveaux financements afin de faire face aux besoins médicaux les plus urgents : fournir des respirateurs artificiels, des lits d’hôpital et des équipements de protection individuelle, recruter et former des soignants, accroître les capacités de dépistage et assurer l’isolement et la gestion des cas pour les patients infectés par le coronavirus. Comme l’a expliqué le président du Groupe de la Banque mondiale David Malpass dans un billet récent, un nouveau mécanisme d’aide accélérée va permettre de mobiliser 14 milliards de dollars de financements d’urgence en soutien à des ripostes immédiates contre la pandémie.

La première série d’opérations lancées dans le cadre de ce mécanisme viendra en aide à deux des pays les pauvres de la région MENA : Djibouti et le Yémen. D'autres pays ont également bénéficié d’un appui immédiat à travers la restructuration de projets en cours qui permettra de faire face à des besoins médicaux critiques. Notre souci est de contribuer à sauver des vies et à freiner la propagation de la maladie.

D’autres opérations vont suivre, à travers lesquelles la Banque mondiale aidera les pays de la région à accélérer leur rétablissement, créer les conditions propices à la croissance, soutenir les petites et moyennes entreprises et protéger les populations les plus pauvres et vulnérables. Le 26 mars, le président Malpass a indiqué aux dirigeants du G20 que le Groupe de la Banque mondiale, IFC et MIGA comprises, pourrait déployer jusqu’à 160 milliards de dollars au cours des 15 prochains mois en vue d’aider les pays touchés par la pandémie.

La pandémie de Covid-19 est probablement l’une des crises sanitaires les plus éprouvantes de notre époque. Pourtant, dans toute la région, alors même que le virus les sépare, les populations inventent de nouvelles manières de faire vivre leur humanité commune. Ils nous montrent la voie : à nous d’être à la hauteur du défi, de coopérer pour combattre l’épidémie et de tisser des liens de solidarité plus forts et durables.


VOIR AUSSI : L'actualité du Groupe de la Banque mondiale face à la pandémie de COVID-19


Auteurs

Ferid Belhaj

Vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord

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