Ce billet a fait l’objet d’une première publication en arabe dans le
quotidien Alriyadh.
L’an dernier, au sein du Centre du patrimoine urbain national de la Commission saoudienne pour le tourisme et le patrimoine national, nous avons mené une étude en collaboration avec la Banque mondiale afin d’examiner les opportunités d’investissement dans le patrimoine urbain qui s’offrent aux propriétaires d’origine. Il s’agissait également de chercher des moyens de redynamiser les vieux quartiers, une tendance qui façonne de nombreuses villes anciennes et restore leur caractère initial.
Toutefois, mes collègues de la Banque mondiale – en particulier le Dr Fuad Malakawi, un architecte et l’un de mes vieux amis – et moi-même avons proposé de réaliser une étude plus approfondie des opportunités que recèlent les anciens quartiers du centre de plusieurs villes saoudiennes. Ces lieux historiques ont été exposés à un processus de détérioration urbaine au cours des quarante dernières années. Leur réhabilitation économique et sociale nécessite de vastes travaux. Le prince Sultan ben Salmane s’est exprimé à plusieurs reprises en faveur de ce projet depuis le début du nouveau millénaire. Mais à l’époque, personne ne s’intéressait vraiment au patrimoine urbain et personne n’avait conscience du potentiel sous-jacent pour l’économie du pays, ni de la valeur ajoutée qui pouvait en découler pour les villes saoudiennes sur le plan culturel. Cela n’a pas empêché le prince de continuer d’en parler, jusqu’à ce que cette perspective prenne corps.
Lors d’une récente discussion avec mes collègues de la Banque mondiale, nous avons évoqué le concept de « ville contemporaine ». Ils estiment que le patrimoine culturel contribue à l’économie d’une ville, mais il faudrait encore que les administrateurs urbains en Arabie Saoudite s’intéressent à ce secteur. Ils ont évoqué Istanbul et la manière dont cette ancienne « ville de rentiers », qui grevait le budget de l’État turc, s’est transformée en une « économie de secteurs » (une ville divisée en plusieurs secteurs économiques), ce qui a permis la création d’un groupe d’acteurs économiques privés et interdépendants.
L’État, par le biais de l’administration municipale, peut être partenaire de ces secteurs de l’économie, afin d’accroître les revenus d’une ville et d’améliorer son efficience et les services publics tout à la fois. La propreté urbaine, par exemple, constitue un secteur de l’économie plutôt qu’un poste de dépense public, tandis que le métro ainsi que d’autres activités fonctionnent sur le modèle de sociétés privées. La ville se présente, dans cette perspective, comme un ensemble d’opportunités économiques liées les unes aux autres et sans lesquelles elle ne peut survivre, tant ces opportunités ont des répercussions profondes sur son efficience et son identité.
On pourrait avancer qu’avec cette approche, la gestion d’une ville s’apparente à celle d’une entreprise. En réalité, la ville est une « notion socioéconomique » dont l’objectif premier est d’améliorer la vie de ses habitants. C’est un espace culturellement complexe, avec de nombreuses interactions sociales. Par conséquent, ce sont les lieux urbains qui forment l’identité d’une ville. Cela nous amène à considérer directement le patrimoine d’une ville, ses diverses strates archéologiques et le paysage urbain. Mais cette approche est vaine si l’on ne prend pas en compte la dimension économique. Le mode de vie des individus et la création d’opportunités économiques dans et par l’espace urbain sont autant d’exigences légitimes et fondamentales. Ainsi, penser la ville comme une entreprise est acceptable à la lumière des déterminants socioculturels. Ces déterminants sont primordiaux, car c’est au travers d’eux qu’une ville englobe ses habitants, là où ceux-ci ressentent un lien spatial et affectif, et où leurs intérêts rejoignent ceux de leur ville.
Le patrimoine culturel est l’un des secteurs économiques de la ville. C’est un secteur diversifié qui possède une dimension matérielle, ressentie concrètement, et une autre dimension, abstraite. Ces deux dimensions forment ce que l’on appelle le « divertissement ». Avec mes collègues de la Banque mondiale, nous avons parlé de l’Autorité générale pour le divertissement, nouvellement créée en Arabie Saoudite, et avons observé que le divertissement est un sujet fondamentalement « urbain ». Il possède une dimension culturelle qui reflète, à de nombreux égards, l’identité ; il constitue l’un des secteurs de l’économie et façonne les modes de vie urbains.
La vie d’une cité façonne spontanément les schémas de divertissement. Peut-on par exemple imaginer Londres sans ses théâtres, sans Soho et le West End ? Ou Manhattan, et New York en général, sans les spectacles, les pièces et les concerts de Broadway ? La ville créé sa propre identité en matière de divertissement et celle-ci définit en retour une mémoire collective et une carte mentale de la ville. Cette identité a de profondes répercussions au plan urbain et économique : ce sont des interactions sociales et de la culture qu’elles génèrent que découle cette identité.
Ce qui distingue le patrimoine culturel dans tous ses aspects, est sa capacité à créer des activités de loisir et du divertissement. Il faut laisser libre cours à ces éléments. Il est important qu’il y ait une volonté politique de redonner à la ville saoudienne une vraie vie. Je suis certain que chaque ville sera capable de produire le type de divertissement qui lui correspond.
Enfin, permettez-moi de réaffirmer que la ville saoudienne a besoin d’une autorité publique locale plutôt que d’un pouvoir central, ayant le pouvoir d’agir comme bon lui semble. Ces éléments, qui font défaut dans les villes d’Arabie saoudite, sont nécessaires pour en faire des lieux d’où émane une énergie sociale et culturelle. Le basculement vers une économie urbaine afin de tirer profit des possibilités présentes dans les différents secteurs économiques requiert une gestion locale efficiente. L’étape suivante pourrait être la création d’un ministère des Autorités locales, ainsi que l’augmentation du nombre de régions correspondant à une carte de la croissance économique à venir.
L’an dernier, au sein du Centre du patrimoine urbain national de la Commission saoudienne pour le tourisme et le patrimoine national, nous avons mené une étude en collaboration avec la Banque mondiale afin d’examiner les opportunités d’investissement dans le patrimoine urbain qui s’offrent aux propriétaires d’origine. Il s’agissait également de chercher des moyens de redynamiser les vieux quartiers, une tendance qui façonne de nombreuses villes anciennes et restore leur caractère initial.
Toutefois, mes collègues de la Banque mondiale – en particulier le Dr Fuad Malakawi, un architecte et l’un de mes vieux amis – et moi-même avons proposé de réaliser une étude plus approfondie des opportunités que recèlent les anciens quartiers du centre de plusieurs villes saoudiennes. Ces lieux historiques ont été exposés à un processus de détérioration urbaine au cours des quarante dernières années. Leur réhabilitation économique et sociale nécessite de vastes travaux. Le prince Sultan ben Salmane s’est exprimé à plusieurs reprises en faveur de ce projet depuis le début du nouveau millénaire. Mais à l’époque, personne ne s’intéressait vraiment au patrimoine urbain et personne n’avait conscience du potentiel sous-jacent pour l’économie du pays, ni de la valeur ajoutée qui pouvait en découler pour les villes saoudiennes sur le plan culturel. Cela n’a pas empêché le prince de continuer d’en parler, jusqu’à ce que cette perspective prenne corps.
Lors d’une récente discussion avec mes collègues de la Banque mondiale, nous avons évoqué le concept de « ville contemporaine ». Ils estiment que le patrimoine culturel contribue à l’économie d’une ville, mais il faudrait encore que les administrateurs urbains en Arabie Saoudite s’intéressent à ce secteur. Ils ont évoqué Istanbul et la manière dont cette ancienne « ville de rentiers », qui grevait le budget de l’État turc, s’est transformée en une « économie de secteurs » (une ville divisée en plusieurs secteurs économiques), ce qui a permis la création d’un groupe d’acteurs économiques privés et interdépendants.
L’État, par le biais de l’administration municipale, peut être partenaire de ces secteurs de l’économie, afin d’accroître les revenus d’une ville et d’améliorer son efficience et les services publics tout à la fois. La propreté urbaine, par exemple, constitue un secteur de l’économie plutôt qu’un poste de dépense public, tandis que le métro ainsi que d’autres activités fonctionnent sur le modèle de sociétés privées. La ville se présente, dans cette perspective, comme un ensemble d’opportunités économiques liées les unes aux autres et sans lesquelles elle ne peut survivre, tant ces opportunités ont des répercussions profondes sur son efficience et son identité.
On pourrait avancer qu’avec cette approche, la gestion d’une ville s’apparente à celle d’une entreprise. En réalité, la ville est une « notion socioéconomique » dont l’objectif premier est d’améliorer la vie de ses habitants. C’est un espace culturellement complexe, avec de nombreuses interactions sociales. Par conséquent, ce sont les lieux urbains qui forment l’identité d’une ville. Cela nous amène à considérer directement le patrimoine d’une ville, ses diverses strates archéologiques et le paysage urbain. Mais cette approche est vaine si l’on ne prend pas en compte la dimension économique. Le mode de vie des individus et la création d’opportunités économiques dans et par l’espace urbain sont autant d’exigences légitimes et fondamentales. Ainsi, penser la ville comme une entreprise est acceptable à la lumière des déterminants socioculturels. Ces déterminants sont primordiaux, car c’est au travers d’eux qu’une ville englobe ses habitants, là où ceux-ci ressentent un lien spatial et affectif, et où leurs intérêts rejoignent ceux de leur ville.
Le patrimoine culturel est l’un des secteurs économiques de la ville. C’est un secteur diversifié qui possède une dimension matérielle, ressentie concrètement, et une autre dimension, abstraite. Ces deux dimensions forment ce que l’on appelle le « divertissement ». Avec mes collègues de la Banque mondiale, nous avons parlé de l’Autorité générale pour le divertissement, nouvellement créée en Arabie Saoudite, et avons observé que le divertissement est un sujet fondamentalement « urbain ». Il possède une dimension culturelle qui reflète, à de nombreux égards, l’identité ; il constitue l’un des secteurs de l’économie et façonne les modes de vie urbains.
La vie d’une cité façonne spontanément les schémas de divertissement. Peut-on par exemple imaginer Londres sans ses théâtres, sans Soho et le West End ? Ou Manhattan, et New York en général, sans les spectacles, les pièces et les concerts de Broadway ? La ville créé sa propre identité en matière de divertissement et celle-ci définit en retour une mémoire collective et une carte mentale de la ville. Cette identité a de profondes répercussions au plan urbain et économique : ce sont des interactions sociales et de la culture qu’elles génèrent que découle cette identité.
Ce qui distingue le patrimoine culturel dans tous ses aspects, est sa capacité à créer des activités de loisir et du divertissement. Il faut laisser libre cours à ces éléments. Il est important qu’il y ait une volonté politique de redonner à la ville saoudienne une vraie vie. Je suis certain que chaque ville sera capable de produire le type de divertissement qui lui correspond.
Enfin, permettez-moi de réaffirmer que la ville saoudienne a besoin d’une autorité publique locale plutôt que d’un pouvoir central, ayant le pouvoir d’agir comme bon lui semble. Ces éléments, qui font défaut dans les villes d’Arabie saoudite, sont nécessaires pour en faire des lieux d’où émane une énergie sociale et culturelle. Le basculement vers une économie urbaine afin de tirer profit des possibilités présentes dans les différents secteurs économiques requiert une gestion locale efficiente. L’étape suivante pourrait être la création d’un ministère des Autorités locales, ainsi que l’augmentation du nombre de régions correspondant à une carte de la croissance économique à venir.
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