Publié sur Voix Arabes

Renforcer la compétitivité du secteur pharmaceutique tunisien à travers les DPP

Ce billet a fait l’objet d’une première publication dans HuffPost Maghreb.

 vepar5 l Shutterstock.com«  La Tunisie a été le premier pays à développer l’industrie pharmaceutique en Afrique . Nous étions parmi les pionniers en la matière et il est grand temps d’aller de l’avant pour faire de cette industrie un moteur de croissance et de développement », a récemment déclaré le Pr. Inès Fradi, Directrice Générale de la Direction de la Pharmacie et du Médicament (DPM). Un message fort qui témoigne de la prise de conscience des acteurs publics et privés pour faire évoluer rapidement cette industrie pharmaceutique et renforcer sa compétitivité.

Et pour cause, les résultats d’un diagnostic sur la compétitivité sectorielle réalisée par la Banque mondiale (2014) a permis de mettre en relief les atouts mais également les contraintes qui freinent aujourd’hui le développement du secteur pharmaceutique en Tunisie.

Selon cette étude, en Tunisie, l’industrie du médicament enregistre une croissance annuelle moyenne de 15% , bien plus importante que la moyenne mondiale. Cette industrie couvre actuellement 49% des besoins des médicaments du pays (principalement en génériques) et emploie plus de 6000 personnes dont 38% disposent de postes qualifiés avec un salaire moyen parmi les plus élevés en Tunisie.
 
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Malgré ces indicateurs positifs et une phase de croissance qui a surtout permis de répondre à la demande locale, il apparait que cette industrie n’a pas réalisé pleinement son potentiel. Elle ne s’est pas suffisamment ouverte aux marchés extérieurs et pour conséquence : les exportations tunisiennes de médicaments humains ne représentent que 6% de la fabrication locale , soit treize fois moins qu’un pays comparable comme la Jordanie.
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Un schéma de rupture est donc nécessaire pour faire évoluer l’industrie pharmaceutique tunisienne vers plus de compétitivité sur les marchés mondiaux. Exporter plus et mieux, cibler des marchés stratégiques où la qualité prime sur le prix, s’implanter à l’étranger, mais également développer une gamme de produits issue de la biotechnologie, deviennent les nouveaux objectifs du  secteur.

Mais ce passage à la vitesse supérieur ne peut se faire sans une évolution plus soutenue du cadre règlementaire et institutionnel vers les standards internationaux. Des réformes importantes se font attendre : elles ne sont pas uniquement vitales pour booster cette industrie à haute valeur ajoutée, elles sont également nécessaires et bénéfiques à la santé publique.

ImageC’est de cette conclusion que le secteur pharmaceutique tunisien a entrepris, depuis plus d’une année, un Dialogue Public-Privé (DPP). Il s’agit d’un processus participatif et inclusif où les différents acteurs publics et privés se rencontrent pour élaborer de nouvelles politiques économiques. Une nouvelle culture de dialogue qui s’est ancrée en Tunisie pour renforcer la résilience non seulement au niveau national (à la suite du Prix Nobel que la Tunisie a remporté) mais également au niveau sectoriel pour enclencher la croissance économique et répondre à l’enjeu de l’emploi.

La première phase de ce DPP sectoriel a permis de prioriser les principales contraintes à la compétitivité du secteur pharmaceutique. A partir de ces priorités, une vision commune a été établie et cinq groupes de travail public-privé se sont formés pour  mener à la seconde phase du DPP, qui consiste en l’élaboration de plans d’action. La mobilisation de la DPM et l’implication des représentants du secteur privé (CNIP et SEPHIRE) ont été décisifs à la réussite de ce processus, qui a été facilité par la Banque mondiale. Un engagement total des acteurs qui a permis d’organiser plus de 40 réunions public-privé de haut niveau et d’impliquer près de 15 institutions dont 3 ministères, diverses administrations publiques de la santé et 2 associations professionnelles du secteur.
 
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Aujourd’hui, le secteur commence à percevoir le fruit des efforts entrepris dans chaque groupe de travail et réalisent les premières actions à mettre en œuvre dès cette année. C’est le cas du groupe sur l’optimisation des procédures d’autorisations de mise sur le marché (AMM) dont les travaux ont avancé rapidement et pour lequel le Ministère de la santé a présenté publiquement, lors d’un workshop, les réformes issues de ce processus participatif. Il s’agit d’une avancée importante menée par le DPP, lorsque l’on sait que les dossiers d’AMM ont toujours été une préoccupation majeure pour le secteur publique et une contrainte importante pour le développement du secteur privé.

D’autres actions sont également en train de voir le jour. Tout comme le groupe de travail en charge du développement des exportations pharmaceutiques, qui a permis de dresser des scénarios de projection à l’horizon 2030 et d’explorer des destinations cibles pour lesquelles un appui politique et diplomatique pourrait être consacré.

Si l’aventure des DPP se poursuit pour le secteur pharmaceutique et aspire à être étendu sur d’autres chaines de valeur pour faire de la Tunisie une plateforme de choix pour les produits et services de santé, son succès produit un effet de démonstration considérable. Plusieurs autres secteurs économiques en Tunisie seront, en effet, en mesure de répliquer ce processus où le consensus et la confiance des acteurs ont su apporté une alternative efficace au développement économique.

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