Publié sur Voix Arabes

Donnons une chance aux enfants pour un meilleur départ dans la vie

Arne Hoel l World Bank - Donnons une chance aux enfants pour un meilleur départ dans la vieLa stratégie 2020 de la Banque mondiale pour l’éducation a opéré un changement de cible en ce qu’elle se consacre moins aux adultes pour se concentrer davantage sur les jeunes enfants. Il s’agit précisément de soutenir des investissements qui visent à assurer l’égal accès de tous les enfants à un enseignement de qualité.

 

L’attention que l’on accorde à la petite enfance constitue en effet un investissement « intelligent », car c’est non seulement la clé de meilleurs acquis et apprentissages, mais également de meilleures perspectives d’avenir et d’une plus grande insertion sociale. Le président Barack Obama l’a souligné lors de son discours sur l’état de l’Union il y a quelques mois en suggérant que chaque enfant aux États-Unis devait avoir accès à un enseignement préscolaire de qualité et en insistant sur les bénéfices économiques et sociaux de cet investissement.

Dans les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), en dépit des investissements très importants consentis par les parents et les pouvoirs publics, les jeunes diplômés peinent à percevoir les bénéfices de leurs études car ils n’ont pas les compétences nécessaires pour trouver un emploi rémunérateur.Alors que la région est désormais parvenue à instaurer un accès universel à l’éducation dans la plupart des pays, sa priorité n’est donc plus d’élargir l’accès aux services d’éducation, mais d’améliorer leur qualité.Ces dix dernières années, les pays ont de fait procédé à l’examen et à la révision de leurs programmes scolaires, amélioréla formation des enseignants et étudié de nouvelles approches pédagogiques.L’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) a par exemple permis d’élargir l’éventail des supports d’apprentissage.Malgré ces mesures, le niveau des acquis d’apprentissage dans la région reste parmi les plus faibles au monde et le chômage des diplômés est au plus haut.

Il est un enjeu sur lequel la région MENA ne s’est pas suffisamment penchée : c’est celui du développement du jeune enfant et de l’impact futur de ce développement sur la scolarité, l’emploi et les conditions de vie en général. Les premières années d’un enfant sont pourtant fondamentales pour qu’il puisse devenir un adulte productif et en bonne santé. Les expériences vécues lors de la petite enfance influent grandement sur l’apprentissage, la scolarité, la santé, l’emploi et l’interaction sociale d’un individu tout au long de sa vie. C’est également lors de la petite enfance que se joue la transmission des inégalités d’une génération à l’autre et que se perpétue ainsi la pauvreté. Souvent absent des programmes politiques, insuffisamment documenté et sous-financé, le développement du jeune enfant tarde à devenir une priorité stratégique dans la région MENA. Par conséquent, bien que la région figure dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, ses indicateurs en matière de développement du jeune enfant sont plus proches de ceux enregistrés par l’Afrique subsaharienne que de ceux observés dans d’autres pays à revenu comparable.

Notre équipe, qui œuvre à la Banque mondiale au sein du secteur de l’éducation, a étudié la situation de la petite enfance dans 12 pays de la région MENA en s’appuyant sur des enquêtes réalisées auprès des ménages, dans le cadre d’un programme baptisé « Early Childhood Development for a Better Chance » ou ECD-4-ABC.Notre objectif était d’apporter aux pouvoirs publics des éléments qui pourraient les aider à identifier les enjeux du développement de l’enfant en matière de santé, de nutrition et d’éducation ainsi que les facteurs de résultat déterminants.Il s’agissait également d’aider les pays à concevoir des mesures ciblées afin d’offrir à leurs enfants un « meilleur départ » dans la vie, à savoir une croissance et un développement sains et solides ainsi qu’une plus grande égalité des chances.Nous espérons pouvoir diffuser les conclusions de notre étude dans les prochains mois afin d’informer les responsables politiques, de sensibiliser la population et d’encourager la mise en place de mesures.

Pour paraphraser les paroles de Barack Obama, nous devons nous fonder sur ce qui fonctionne et offrir à tous nos enfants les meilleures conditions de départ.« Donnons cette chance à nos enfants. »


Auteurs

Safaa El Tayeb El-Kogali 

Directrice pays pour le Conseil de Coopération du Golfe (CCG)

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