On me demande souvent ce que la Banque mondiale entend par le terme de "gouvernance". Beaucoup pensent que les activités menées dans ce domaine relèvent essentiellement de la lutte contre la fraude et de la corruption. C’est vrai, mais en partie seulement. La fraude et la corruption sont, à nos yeux, les conséquences visibles — ou les symptômes si vous préférez — des failles des institutions et des systèmes publics.
Dans l’idéal, les pays devraient être dotés d’institutions solides capables de répondre aux besoins des citoyens et de leur fournir des services publics. Dans l’idéal, les pays devraient être dotés de procédures et de réglementations transparentes au profit de tous les citoyens et de l’ensemble du secteur privé, et non pas d’une petite élite uniquement. Dans l’idéal, les gouvernants devraient avoir la capacité de garantir que l’argent public est bien dépensé et que les politiques publiques sont effectivement déployées. En somme, ces principes relèvent de la gouvernance et, sous réserve qu’ils soient bien et systématiquement appliqués, ils constituent ce que l’on appelle la "bonne gouvernance".
Tous les pays devraient, selon nous, s’efforcer de se conformer à ces principes fondamentaux, indépendamment du type de gouvernement en place. Bien trop souvent, les pays ne sont pas à la hauteur de ces standards de gouvernance ; les institutions sont faibles et fonctionnent mal, les procédures publiques sont nébuleuses ou appliquées de manière arbitraire, et les capacités de prestation de service du secteur public sont limitées. Ces failles dans le système de gouvernance ont pour conséquences une mauvaise gestion, la fraude et la corruption.
Pour y remédier, nous recommandons d’attaquer le mal à sa racine, c’est-à-dire que nous soutenons les gouvernants afin qu’ils renforcent les institutions publiques, qu’ils développent des procédures transparentes et qu’ils renforcent leur capacité à déployer les politiques publiques. La vocation de ces réformes est de faire en sorte que les gouvernants et les agents de l’État rendent compte de leurs actions et que les deniers publics soient bien dépensés. Elles visent aussi à ce que les gouvernants soient à l’écoute de la parole et des préoccupations des citoyens ; c’est à nos yeux une bonne chose que les enjeux et les défis socio-économiques soient l’objet d’un débat public.
C’est pour cette raison que la Banque mondiale a pris l’initiative d’une politique d’accès à l’information garantissant la mise à la disposition du public de données socio-économiques importantes. En fondant l’élaboration et le déploiement des politiques publiques sur un processus renforcé de dialogue et d’interaction avec le citoyen, on contribue à créer un contrat social solide entre le peuple et ses gouvernants. Et on s’engage ainsi sur le chemin de la bonne gouvernance.
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