On cite souvent la fameuse phrase du théoricien du management Peter Drucker : « Ce qui ne se mesure pas ne se gère pas. » Cet axiome se reflète dans l’énergie actuellement déployée pour définir, mesurer et évaluer les compétences numériques — toutes actions nécessaires à la formation et à la gestion de ressources humaines qualifiées dans ce domaine.
À l’heure où les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) connaissent une transformation numérique accélérée, employés et entrepreneurs doivent de plus en plus dominer l’outil informatique pour réussir sur un marché en pleine évolution. Mais encore faut-il que les décideurs politiques disposent de référentiels pour mesurer ces compétences.
Dans le premier billet de cette série, nous présentions les trois niveaux qui constituent le spectre des compétences numériques : de base, intermédiaire et avancé. Nous évoquions en outre les connaissances, savoir-être et autres facteurs qui complètent ces compétences dans le monde du travail.
Il existe aujourd’hui de nombreux cadres de référence qui facilitent le développement de matériel pédagogique destiné à aider les travailleurs à :
- imaginer de nouvelles applications pour les technologies numériques — ou analyser celles-ci de manière critique ;
- autoévaluer leurs compétences ;
- disposer des éléments de langage pour les décrire en fonction du public visé (celui des futurs employeurs, entre autres).
Ils se sont développés aussi bien au sein des organisations publiques que dans le secteur privé. Certains concernent le monde du travail, d’autres l’éducation primaire et secondaire. Si l’enseignement et la formation en ligne sont déjà en plein essor, la pandémie actuelle devrait accélérer l’adoption de ces instruments. La lutte contre la propagation du coronavirus (COVID-19) incitant au développement du télétravail et de l’emploi numérique, les référentiels de compétences et les outils de certification (a) en technologies de l’information pourraient eux aussi connaître un succès croissant.
La plupart des référentiels portent sur les compétences de base que doit posséder le grand public. Celles-ci consistent à savoir manier les appareils informatiques et numériques, communiquer, trouver ou échanger des informations, créer des contenus élémentaires, utiliser des logiciels courants (traitement de texte, tableur), appliquer les règles de sécurité et de protection des données personnelles et résoudre des problèmes simples.
Du jeu d’enfant à l’informatique de pointe
Certaines plateformes comme Lego ou Code.org (a) initient les publics scolaires à la programmation. Celle de Google’s framework (a) cible les entrepreneurs, avec des formations au marketing en ligne et au commerce électronique. Les formations de pointe, comme celles dispensées par SFIA, EU e-Competency (a), et diverses plateformes de certification des revendeurs et autres professionnels (Apple, Linux+,Microsoft (a), Oracle), sont indispensables pour des postes spécialisés.
Avec le Kit pratique sur les compétences numériques de l’UIT (Union internationale des télécommunications), le Cadre européen des compétences numériques pour les citoyens (DigComp framework 2.1) (a) est le référentiel le plus utilisé au sein de la Banque mondiale, ainsi que chez nos partenaires et dans d’autres organisations multilatérales. Privilégiant l’acquisition des compétences les plus demandées sur le marché international du travail, il est le plus adéquat pour nos clients de la région MENA.
Le DigComp 2.1 s’organise selon cinq domaines de compétences : maîtrise de l’information et des données, communication et collaboration, création de contenus numériques, sécurité et résolution des problèmes. Il définit huit niveaux par domaine. Ce référentiel fournit en outre des exemples d’application de ces compétences, tant dans l’enseignement que dans le cadre professionnel (y compris pour la recherche d’emploi).
Exemple de compétence du niveau le plus élémentaire selon le DigComp 2.1 : « Layla sait classer et retrouver sur son téléphone une offre enregistrée dans une application de recherche d’emploi. » Exemple de compétence professionnelle de niveau 5 : l’aptitude à « utiliser un langage de programmation (ex. : Ruby, Python) pour résoudre des problèmes, par exemple déboguer un programme, ou pour énoncer les instructions de développement d’un jeu appliqué à l’apprentissage d’une nouvelle procédure ».
Au niveau 8, le plus spécialisé, on doit être apte à « créer une vidéo répondant aux questions sur l’utilisation durable d’appareils informatiques dans les entreprises d’un secteur donné, en vue de partage sur Twitter et d’utilisation par le personnel ou par d’autres professionnels de ce même secteur ».
Dans les pays de la région MENA, les ministères de l’Éducation et leurs partenaires du secteur privé utilisent ces référentiels pour identifier les lacunes des programmes d’enseignement ou de formation et pour les réformer, de sorte qu’ils produisent de meilleures compétences numériques. En Jordanie, par exemple, le ministère de l’Éducation, en collaboration avec Injaz (a), a établi un comparatif de son cursus informatique par rapport au référentiel international de l’UNESCO sur l’aptitude numérique et à celui de l’institut DQ sur l’intelligence numérique. Cela va l’aider à réformer (avec le soutien de la Banque mondiale) l’offre des établissements d’enseignement public en matière de technologies de l’information.
Dans un monde bouleversé par la pandémie de COVID-19, une hausse des investissements consentis pour aider les travailleurs de la région MENA à s’adapter à cette nouvelle donne serait une nouvelle pierre apportée à la transformation numérique. En tirant parti de référentiels de compétences reconnus, nous ferons en sorte que les actions menées répondent aux besoins de leurs destinataires, qu’il s’agisse d’élèves, de professionnels ou de citoyens en général.
Pour réussir, ces projets devront prendre en compte l’ensemble des acteurs concernés et s’appuyer sur des cadres de référence communs
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