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Une fois par an, on célèbre la Journée mondiale des réfugiés, mais les raisons pour lesquelles cette journée a été instaurée sont, pour le Liban, un défi de tous les jours. Ce pays est celui qui accueille le plus grand nombre de réfugiés par habitant dans le monde. C’est pourquoi l’exemple libanais est riche d’enseignements importants.
Pour faire face à la crise des réfugiés, le Liban a pratiquement doublé la portée de son système d’éducation public en l’espace de cinq ans. Jamais aucun pays n’avait accompli pareil tour de force. Ces quinze dernières années, les plus fortes hausses d’effectifs dans les établissements scolaires publics ont surtout concerné l’Afrique et le cycle primaire, les efforts portant avant tout sur les six premières années de scolarité. Mais elles ont rarement dépassé les 50 %. Au Liban, le nombre total d’élèves dans le public a bondi de près 100 %.
Les autorités libanaises ont accueilli les enfants syriens en les intégrant au sein des écoles publiques du pays et en leur faisant suivre les programmes scolaires nationaux. Concrètement, cet accueil a consisté, d’une part, à mettre en place des classes alternées dans plus de 300 établissements publics, avec enseignants et personnel éducatif qualifiés, et, d’autre part, à supprimer les frais d’inscription et fournir des manuels scolaires gratuits à tous les élèves.
Ces dispositions ont entraîné un surcroît de dépenses, financées pour partie par la Banque mondiale et d’autres partenaires internationaux comme l’UNICEF, l’Union européenne (EU) et l’Agence britannique pour le développement international (DFID).
Pour assurer une expansion rapide et drastique de son système éducatif, le Liban disposait d’options limitées. Dès l’afflux des premiers réfugiés syriens, ses partenaires extérieurs lui conseillaient plutôt d’organiser des cours réservés aux élèves syriens et dispensés par des professeurs syriens. L’idée était de minimiser les perturbations chez les élèves, de garantir le maintien de l’emploi chez les enseignants et de faciliter, à terme, la réinsertion des élèves en Syrie.
Des précédents instructifs
Le Liban avait déjà connu un précédent similaire, avec le cas des réfugiés palestiniens. La mise en place d’un dispositif éducatif financé par des partenaires extérieurs avait alors reposé sur un cursus scolaire distinct destiné aux élèves palestiniens. Or les Libanais étaient globalement peu enclins à répéter l’expérience. Bien que le dispositif de l’ Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (a) ait obtenu de très bons résultats sur le plan des acquis scolaires des élèves palestiniens (a), les acteurs politiques, financiers ou institutionnels n’étaient guère enjoués à l’idée d’instaurer un autre système éducatif parallèle. Voilà pourquoi aujourd’hui les élèves syriens suivent le programme scolaire libanais et ont des professeurs libanais.
Si le mode d’intégration retenu renforce la cohérence et la viabilité du système, son incidence sur les acquis scolaires est incertaine, tant chez les réfugiés syriens que chez les élèves libanais, qui ont eux aussi été affectés par un tel bouleversement. On devrait bientôt en savoir plus grâce à un programme de recherche qui a pour objectif de recenser les pratiques d’enseignement et les compétences des élèves dans le pays à partir d’un échantillon représentatif.
Et après ?
Au cours des cinq prochaines années, le Liban prévoit de consolider ses réalisations dans le cadre d’une initiative baptisée Reaching All Children with Education 2 ou « RACE 2 » (a). Ce programme de scolarisation universelle vise à accroître l’égalité d’accès des enfants libanais et syriens à l’enseignement formel mais aussi à améliorer leurs résultats scolaires (avec comme critère la hausse de la proportion d’élèves qui passent au niveau supérieur). Pour améliorer le bien-être de tous les enfants, qu’ils soient libanais ou non, l’initiative RACE 2 s’attachera à accroître le nombre d’écoles qui proposent des services de santé, de protection de l’enfance, d’accompagnement psychosocial et de prise en charge des besoins des élèves rencontrant des difficultés d’apprentissage.
L’appui de la Banque mondiale
La Banque mondiale aide le Liban à atteindre ces objectifs dans le cadre d’un projet financé par l’ IDA (sa branche dédiée aux pays les plus pauvres), le DFID et plusieurs autres donateurs (a). L’un des principes fondamentaux de son engagement dans ce pays consiste à veiller à ce que tous les élèves en bénéficient, c’est-à-dire à la fois les réfugiés et les enfants libanais (il s’agit par exemple de financer la distribution de manuels scolaires pour tous les élèves du public). Cette démarche, qui promeut une cohésion sociale et politique entre les communautés d’élèves, s’inscrit également dans un engagement en faveur des plus défavorisés, le système éducatif public accueillant principalement des élèves libanais issus de familles à bas revenu.
Ailleurs dans la région
Outre son appui au Liban, la Banque mondiale aide d’autres pays de la région à faire face à l’afflux de réfugiés. En Turquie, divers projets viennent soutenir l’action des pouvoirs publics, dont notamment un programme de construction d’écoles visant à scolariser davantage d’élèves.
La Jordanie bénéficie d’un programme de promotion de l’emploi en faveur de la population jordanienne et des réfugiés syriens. Au Yémen, un pays dans lequel un quart des enfants ne sont pas scolarisés en raison du conflit en cours (soit 2 millions d’enfants), la Banque mondiale œuvre avec l’UNICEF et d’autres partenaires à la poursuite des services publics. Malheureusement, tant que le conflit se poursuivra, la situation au Yémen n’est pas vouée à s’améliorer notablement.
Alors qu’ils doivent gérer la crise des réfugiés, les États de la région peuvent tirer profit d’un appui technique et financier souple et adapté de la part de leurs bailleurs de fonds et partenaires afin qu’ils puissent continuer à élargir l’accès aux services publics et à en améliorer la qualité et la transparence. De son côté, la communauté internationale peut tirer des enseignements des succès et des obstacles que rencontrent actuellement ces pays, dans le but d’améliorer la fourniture des services en faveur des réfugiés et des populations qui les accueillent.
Pour en savoir plus sur le travail de la Banque mondiale en matière d’éducation, vous pouvez vous rendre sur notre site Web et consulter notre compte Twitter
Une fois par an, on célèbre la Journée mondiale des réfugiés, mais les raisons pour lesquelles cette journée a été instaurée sont, pour le Liban, un défi de tous les jours. Ce pays est celui qui accueille le plus grand nombre de réfugiés par habitant dans le monde. C’est pourquoi l’exemple libanais est riche d’enseignements importants.
Pour faire face à la crise des réfugiés, le Liban a pratiquement doublé la portée de son système d’éducation public en l’espace de cinq ans. Jamais aucun pays n’avait accompli pareil tour de force. Ces quinze dernières années, les plus fortes hausses d’effectifs dans les établissements scolaires publics ont surtout concerné l’Afrique et le cycle primaire, les efforts portant avant tout sur les six premières années de scolarité. Mais elles ont rarement dépassé les 50 %. Au Liban, le nombre total d’élèves dans le public a bondi de près 100 %.
Les autorités libanaises ont accueilli les enfants syriens en les intégrant au sein des écoles publiques du pays et en leur faisant suivre les programmes scolaires nationaux. Concrètement, cet accueil a consisté, d’une part, à mettre en place des classes alternées dans plus de 300 établissements publics, avec enseignants et personnel éducatif qualifiés, et, d’autre part, à supprimer les frais d’inscription et fournir des manuels scolaires gratuits à tous les élèves.
Ces dispositions ont entraîné un surcroît de dépenses, financées pour partie par la Banque mondiale et d’autres partenaires internationaux comme l’UNICEF, l’Union européenne (EU) et l’Agence britannique pour le développement international (DFID).
Pour assurer une expansion rapide et drastique de son système éducatif, le Liban disposait d’options limitées. Dès l’afflux des premiers réfugiés syriens, ses partenaires extérieurs lui conseillaient plutôt d’organiser des cours réservés aux élèves syriens et dispensés par des professeurs syriens. L’idée était de minimiser les perturbations chez les élèves, de garantir le maintien de l’emploi chez les enseignants et de faciliter, à terme, la réinsertion des élèves en Syrie.
Des précédents instructifs
Le Liban avait déjà connu un précédent similaire, avec le cas des réfugiés palestiniens. La mise en place d’un dispositif éducatif financé par des partenaires extérieurs avait alors reposé sur un cursus scolaire distinct destiné aux élèves palestiniens. Or les Libanais étaient globalement peu enclins à répéter l’expérience. Bien que le dispositif de l’ Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (a) ait obtenu de très bons résultats sur le plan des acquis scolaires des élèves palestiniens (a), les acteurs politiques, financiers ou institutionnels n’étaient guère enjoués à l’idée d’instaurer un autre système éducatif parallèle. Voilà pourquoi aujourd’hui les élèves syriens suivent le programme scolaire libanais et ont des professeurs libanais.
Si le mode d’intégration retenu renforce la cohérence et la viabilité du système, son incidence sur les acquis scolaires est incertaine, tant chez les réfugiés syriens que chez les élèves libanais, qui ont eux aussi été affectés par un tel bouleversement. On devrait bientôt en savoir plus grâce à un programme de recherche qui a pour objectif de recenser les pratiques d’enseignement et les compétences des élèves dans le pays à partir d’un échantillon représentatif.
Et après ?
Au cours des cinq prochaines années, le Liban prévoit de consolider ses réalisations dans le cadre d’une initiative baptisée Reaching All Children with Education 2 ou « RACE 2 » (a). Ce programme de scolarisation universelle vise à accroître l’égalité d’accès des enfants libanais et syriens à l’enseignement formel mais aussi à améliorer leurs résultats scolaires (avec comme critère la hausse de la proportion d’élèves qui passent au niveau supérieur). Pour améliorer le bien-être de tous les enfants, qu’ils soient libanais ou non, l’initiative RACE 2 s’attachera à accroître le nombre d’écoles qui proposent des services de santé, de protection de l’enfance, d’accompagnement psychosocial et de prise en charge des besoins des élèves rencontrant des difficultés d’apprentissage.
L’appui de la Banque mondiale
La Banque mondiale aide le Liban à atteindre ces objectifs dans le cadre d’un projet financé par l’ IDA (sa branche dédiée aux pays les plus pauvres), le DFID et plusieurs autres donateurs (a). L’un des principes fondamentaux de son engagement dans ce pays consiste à veiller à ce que tous les élèves en bénéficient, c’est-à-dire à la fois les réfugiés et les enfants libanais (il s’agit par exemple de financer la distribution de manuels scolaires pour tous les élèves du public). Cette démarche, qui promeut une cohésion sociale et politique entre les communautés d’élèves, s’inscrit également dans un engagement en faveur des plus défavorisés, le système éducatif public accueillant principalement des élèves libanais issus de familles à bas revenu.
Ailleurs dans la région
Outre son appui au Liban, la Banque mondiale aide d’autres pays de la région à faire face à l’afflux de réfugiés. En Turquie, divers projets viennent soutenir l’action des pouvoirs publics, dont notamment un programme de construction d’écoles visant à scolariser davantage d’élèves.
La Jordanie bénéficie d’un programme de promotion de l’emploi en faveur de la population jordanienne et des réfugiés syriens. Au Yémen, un pays dans lequel un quart des enfants ne sont pas scolarisés en raison du conflit en cours (soit 2 millions d’enfants), la Banque mondiale œuvre avec l’UNICEF et d’autres partenaires à la poursuite des services publics. Malheureusement, tant que le conflit se poursuivra, la situation au Yémen n’est pas vouée à s’améliorer notablement.
Alors qu’ils doivent gérer la crise des réfugiés, les États de la région peuvent tirer profit d’un appui technique et financier souple et adapté de la part de leurs bailleurs de fonds et partenaires afin qu’ils puissent continuer à élargir l’accès aux services publics et à en améliorer la qualité et la transparence. De son côté, la communauté internationale peut tirer des enseignements des succès et des obstacles que rencontrent actuellement ces pays, dans le but d’améliorer la fourniture des services en faveur des réfugiés et des populations qui les accueillent.
Pour en savoir plus sur le travail de la Banque mondiale en matière d’éducation, vous pouvez vous rendre sur notre site Web et consulter notre compte Twitter
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