« L’informatique fait partie des apprentissages fondamentaux que tous les élèves doivent maîtriser pour comprendre les rouages du monde et acquérir les compétences nécessaires à leur réussite future », affirme Leonardo Ortiz Villacorta, vice-président pour les Partenariats internationaux au sein de l’organisation Code.org. Et de poursuivre : « L’accès de tous les élèves aux connaissances informatiques exige une mobilisation générale des pouvoirs publics, du monde académique, des associations et des acteurs du secteur privé, et passe aussi par le soutien des enseignants et des parents d'élèves. » À l’image de Code.org (a) et de sa proposition de ressources en informatique adaptées au contexte local, centrées sur l’apprenant et disponibles en open source, les initiatives prometteuses menées par des entreprises sociales ou des organisations à but non lucratif viennent aujourd’hui inspirer les efforts déployés dans le monde arabe pour continuer à innover et à collaborer en faveur du développement de solutions à grande échelle et pérennes.
Comme nous l’avons souligné dans les trois premiers billets de cette série, la pandémie de COVID-19 n’a fait qu’accentuer la nécessité d’apporter des solutions abordables, accessibles, adaptées aux attentes du marché et inclusives afin d’apporter aux individus les compétences numériques qui les aideront à réussir dans l’économie numérique. Le secteur privé occupe une place privilégiée pour contribuer à répondre à des besoins de plus en plus pressants dans la région MENA.
Il s’agit en effet du principal levier de la transformation numérique dans la région et du premier moteur de la demande de main-d’œuvre plus qualifiée dans ce domaine. L’avenir des possibilités d’emploi pour les jeunes, les femmes et les réfugiés dans la région dépendra de leur capacité à se doter des compétences demandées dans des secteurs émergents tirés par l’automatisation et l’innovation. La région MENA a connu un essor des initiatives de développement des compétences digitales impulsées par le secteur privé, comme en témoignent les nombreux exemples suivants. Un programme comme Maharat Min Google fournit à des milliers de jeunes arabophones des ressources d’apprentissage en ligne gratuites pour leur permettre de développer leurs compétences dans la programmation, la conception et le marketing numériques. Il a présidé au lancement de Pink Taxi (a), un service de taxi par et pour les femmes qui emploie plus de 450 chauffeuses. Un tel programme présente en outre l’avantage de délivrer des certifications susceptibles d'être reconnues par les universités et autres partenaires et qui permettent à leurs détenteurs de faire valider leurs compétences auprès de recruteurs ou de financeurs potentiels.
De même, l’Institut de formation de SAP (a) propose un ensemble de contenus et de programmes de validation des acquis et d'apprentissage qui permet aux talents d'avenir de tirer parti des innovations de l’entreprise et de propulser des carrières technologiques au sein de l'écosystème SAP. Son programme destiné aux jeunes professionnels (a), qui s'étend sur deux à trois mois, cible les diplômés au chômage ou sous-employés. Il porte sur les fonctionnalités logicielles, fournit une certification et met également l’accent sur les compétences non techniques et de demain. Il est notamment disponible en Égypte, en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, au Maroc et à Bahreïn.
Face à la pandémie, les leaders mondiaux du secteur des MOOC, à l’instar de Coursera, se sont mobilisés pour élargir l’offre de cours en ligne en libre accès (a), en développant notamment les certifications gratuites et en soutenant le retour à l’emploi. Dans le cadre d’une vaste initiative mondiale menée en partenariat avec LinkedIn, Microsoft propose des parcours de formation gratuite en relation avec des métiers très demandés, des certifications attestant de la maîtrise de compétences à un coût réduit et des conseils pour la recherche d’emploi et la préparation aux entretiens d’embauche. Au Liban, Code.org s’est associée à la Beirut Digital District Academy (a), dans le cadre du projet de la Banque mondiale Skilling UP Mashreq (SUM)afin d’offrir des cours gratuits de codage en anglais, en arabe et en français.
Parallèlement à ces initiatives du secteur privé, les individus et les travailleurs sont toujours plus nombreux à vouloir développer et améliorer leurs compétences numériques, bien au-delà du seul secteur technologique. Selon une étude de la Brookings Institution consacrée à l’économie digitale aux États-Unis, 67 % des emplois informatiques se situent en dehors de ce secteur d'activité. Hsoub (a) est un groupement d’entreprises internet ayant pour objectif d’aider la main-d’œuvre arabophone à travers le monde à acquérir des compétences numériques à l’aide de sa plateforme de free-lance, son marché de services numériques et son « académie ».
C'est également avec l’objectif de favoriser la création d'emplois numériques, en soutenant le lancement et la croissance des jeunes pousses, que le géant des télécoms Orange s’est associé à l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ). Conçu pour améliorer l'employabilité numérique et l’entrepreneuriat au Moyen-Orient et en Afrique, ce programme davantage axé sur une offre en dur de contenus, de financements et de services, met en place un réseau de pôles numériques — les Orange Digital Centers (ODC) — qui proposeront des formations en codage, des fablabs, des accélérateurs de start-up et des fonds de capital-risque.
Google a de son côté noué une collaboration avec la plateforme IJNet Arabic du Centre international pour les journalistes (ICFJ) de Dubaï (a) afin de renforcer les compétences professionnelles et digitales de la presse dans la région MENA. En s'attachant à promouvoir les techniques de mise en récit immersive et à renforcer plus généralement le secteur de l’information numérique, ce partenariat propose à plusieurs centaines de journalistes des formations aux outils digitaux qui les aident à collecter et sourcer l’information, avec à la clé une confiance accrue.
Tous ces projets et initiatives sont autant de signaux qui annoncent les promesses de la transformation numérique dans la région MENA, à l’heure où la pandémie jette une lumière crue sur l’importance de l'éducation et des compétences numériques. Pour concrétiser ces promesses, toutes les forces doivent se mobiliser. À cet égard, la Banque mondiale est bien placée pour jouer un rôle fédérateur crucial et contribuer à ce que les initiatives du secteur privé ne soient pas seulement des interventions isolées et qu’elles bénéficient au contraire du soutien nécessaire pour un déploiement à grande échelle et à fort impact. Tous les acteurs du secteur privé — des entreprises traditionnelles aux entreprises sociales, en passant par les organisations à but non lucratif et les associations — ont un rôle central à jouer dans l’amélioration, le développement, l’adaptation et la pérennisation des contenus, des financements, des offres et des processus de validation des compétences numériques, mais aussi dans la création et l’éclosion des emplois numériques.
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