La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord se classe derrière d'autres pays comparables, en termes d’égalité et de parité des sexes. Les opportunités offertes aux femmes demeurent restreintes du fait d’obstacles socio-structurels, de mentalités rigides et de traditions séculaires. Avec le Printemps arabe, les femmes ont cru à la possibilité d’une plus grande autonomisation et d’une participation plus importante au processus de décision, mais un contre-mouvement conservateur menace d’entraver tout progrès actuel et à venir.
Le Maroc s’est certes distingué par de grandes avancées ces dernières décennies, à la fois sur le plan juridique et économique. De même, l’indice de développement humain montre de nettes améliorations dans de nombreux domaines, comme la scolarisation des filles ou le recul de la mortalité maternelle. Pourquoi alors les Marocaines occupent-elles une place si limitée dans la vie politique, économique et sociale ?
Pour discuter de ces défis, la Société financière internationale (IFC) et le bureau de la Banque mondiale à Rabat ont organisé une réunion informelle en mars dernier. Nadira el-Guermai, Gouverneur et coordinatrice nationale de l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), et Nouzha Skalli, ancienne ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité, ont examiné avec le personnel du Groupe de la Banque mondiale les moyens à mettre en œuvre pour faire pleinement reconnaître l'égalité des sexes et soutenir les politiques publiques en faveur de l’autonomisation des femmes sur le plan social et économique.
La discussion a mis en lumière certains éléments tirés de la première phase de l'INDH, notamment en ce qui concerne le soutien d'activités génératrices de revenu pour les femmes. Il s’avère que les projets ou coopératives dirigés par les femmes dans le cadre de l’INDH sont particulièrement florissantes selon Nadira El Guermai, qui a souligné que les femmes jouissent d’une plus grande indépendance lorsqu’elles ont la possibilité de gérer leurs propres finances, renforçant ainsi leur poids dans la communauté.
Nouzha Skalli a pour sa part souligné que la participation féminine dans le processus de prise de décision a un impact important. De son point de vue de parlementaire et d’ancien membre du gouvernement, elle soutient en effet que les préoccupations essentielles des femmes et leurs revendications (liées à la famille, à l’éducation, à la santé et à leurs droits plus généralement) ne peuvent être exprimées et défendues que par les femmes elles-mêmes en ce qu’elles sont directement touchées par ces enjeux.
Avoir voix au chapitre importe tout autant que se faire représenter. Les Marocaines peinent encore à occuper des postes à responsabilité élevée, en dépit d’un plus large accès à l’éducation supérieure. Mme Skalli a soutenu, à ce sujet, un système de quotas afin d’assurer la représentation des femmes et de contrebalancer de façon systématique les mentalités sexistes.
Le pays dispose d'un nombre suffisant de textes législatifs pour promouvoir des politiques d'égalité des sexes, mais leur application demeure limitée. Pour aboutir à des retombées concrètes, des mesures sont nécessaires : il faut veiller, par exemple, à l'inclusion de l’égalité hommes-femmes dans tous les secteurs concernés, afin de créer un environnement dans lequel les femmes pourront prendre l'initiative, tant dans le secteur privé que public.
L'inégalité des sexes au Maroc nuit considérablement à l’économie. Le développement du pays peut être lourdement compromis si la moitié de la population est privée de ses droits, exclue du processus de décision et évincée de la vie sociale et économique. La promotion des femmes, en termes d'accès à l'éducation et aux débouchés économiques, contribuera à doper la productivité et la compétitivité.
Le Groupe de la Banque mondiale apporte son concours à des projets qui, en prenant en compte la problématique du genre, contribuent à promouvoir la place de la femme dans la société marocaine. Le gouvernement marocain et le Groupe de la Banque mondiale reconduiront leur collaboration et renforceront leurs liens dans le cadre d'une nouvelle stratégie de partenariat pour la période 2014-2017. L’une des composantes centrales de cette stratégie concernera précisément l’intégration des questions d’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes au Maroc.
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