Publié sur Voix Arabes

Fonds social pour le développement en Iraq : optimisme et restauration de la confiance des citoyens dans l’État

Baghdad, Iraq - FlickR | Chatham House
L’Iraq est une riche contrée… c’est l’un des rares pays au Moyen-Orient à être doté de vastes gisements minéraux, qu’ils soient pétroliers ou gaziers ; les grands fleuves du Tigre et de l’Euphrate confèrent à ce berceau de l’humanité d’importantes ressources en eau. Outre ces richesses naturelles, l’Iraq dispose d’un capital humain d’envergure qui s’est façonné au fil des siècles, depuis la fondation de Bagdad. On disait alors : « L’Égypte écrit, le Liban imprime, l’Iraq lit. »
 
L’histoire récente n’a pourtant pas été clémente avec ce pays. L’Iraq est aujourd’hui grevé par des décennies d’incurie, de conflit et violence. Cette détérioration se traduit par des lignes de fracture politiques, ethniques et religieuses. Ses richesses sont dilapidées et son unité est compromise.
 
En dépit de son enlisement actuel, ce pays suscite en moi un optimisme profond. Partout où je vais, à Bagdad, à Erbil ou dans d’autres villes iraquiennes, je vois des gens qui travaillent dur, qui considèrent leur pays comme une nation, et non comme une succession de maisons. Cependant, pour que l’Iraq ressorte renforcé de la crise et qu’il retrouve une place d’acteur stratégique dans les affaires régionales et internationales, les Iraquiens doivent se rassembler autour d’un large processus de réconciliation et de consolidation de la paix, sous-tendu par un nouveau contrat social, qui permettrait de restaurer la confiance des populations dans l’État iraquien.
 
La Banque mondiale est un partenaire actif et fiable de l’Iraq. Tous les secteurs du pays ont bénéficié de son appui financier et de son assistance technique ; elle a également soutenu des initiatives au niveau infranational, dans la région iraquienne du Kurdistan, tout en épaulant des réformes de gouvernance et de décentralisation. Nous réfléchissons aujourd’hui à une stratégie qui accompagnerait au mieux l’Iraq au cours des cinq prochaines années : l’une de nos priorités est de favoriser la transition vers un développement plus local et plus décentralisé. La proposition d’un Fonds social pour le développement en Iraq est ainsi bienvenue : un tel dispositif appuierait le redressement du pays et viendrait dynamiser la restauration du lien de confiance entre les citoyens et leur État.
 
Pourquoi un Fonds social aujourd’hui ?
 
L’égalité des chances devant l’accès à des services essentiels de qualité et devant l’emploi est le fondement d’une croissance inclusive et durable, et assoira la paix et la stabilité dans le pays. Toutefois, l’indigence des infrastructures sociales et économiques de base et l’absence de perspectives d’emploi prédominent en Iraq, notamment dans les zones en conflit et récemment libérées. Le gouvernement, soucieux de remédier à ces difficultés, se retrouve entravé dans son action par un appareil d’État insuffisant et la défiance des citoyens à son égard. Une situation qui, si elle n’est pas résolue, pourrait ajouter au conflit et à l’instabilité.
 
Les précédents internationaux montrent que la mise en place d’un fonds social pourrait d’emblée s’attaquer à ces défis : il aiderait les communautés défavorisées et touchées par un conflit à reconstruire des infrastructures sociales et économiques de base et à créer des emplois temporaires. En replaçant les populations au centre des processus de planification et d’exécution, ce type de programme encouragerait également les actions collectives et les initiatives citoyennes, ce qui renforcerait la confiance dans l’État. Ces politiques viendraient en aide aux plus démunis, s’attaqueraient à la pauvreté, consolideraient le capital social et contribueraient à instituer un système de prestations de services décentralisé performant.
 
L’Iraq se trouve à la croisée des chemins. La ville Mossoul sera bientôt reprise à Daech… Si l’Iraq est aujourd’hui en bonne voie de remporter la guerre, il lui reste à s’engager pleinement pour la paix. Le rétablissement de la paix ne sera possible qu’au prix d’un effort collectif soutenu par des initiatives telles que le Fonds social, précisément. Car il permettra aux autorités d’humaniser l’État et de le rapprocher des citoyens, de démontrer leur compétence en prenant en considération les besoins socio-économiques de tous les Iraquiens, sur la base de consultations obéissant à des principes de responsabilité et d’inclusion sociale.
 
Je suis optimiste quant aux capacités de l’Iraq. Ce pays compte sur la Banque mondiale pour l’accompagner dans cette période de transition historique.

Auteurs

Ghassan Alkhoja

Chargé principal des opérations pour le développement humain, MENA, Banque mondiale

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