Le programme MENA BLUE, notre réponse collective pour sauver les côtes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord

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En tant que spécialiste de l'environnement, j'ai eu la chance de parcourir une grande partie du littoral de l'Afrique du Nord. Les ressources naturelles, la vie marine et la biodiversité semblent perdurer, de même que le souffle épique des sites culturels anciens. Pourtant, une grande partie de la vie sur ou près de ces côtes est en péril.

Dans certaines régions d'Algérie, d'Égypte, du Maroc et de Tunisie, la vie sur les littoraux subit de plein fouet l'aggravation de l'érosion côtière, la fréquence accrue des inondations et une démographie galopante. Car les villes côtières ne cessent de s'étendre, même si la montée du niveau des océans menace leur existence.

La Méditerranée atteint un point de non-retour en raison de la surpêche, de la pollution marine, de l'élévation du niveau de la mer et du réchauffement. Alors qu’elle se réchauffe deux à trois fois plus vite (a) que la moyenne mondiale, il est indispensable et urgent de repenser l’activité économique sur le pourtour méditerranéen. Les pays concernés s’y emploient, en collaboration avec le Groupe de la Banque mondiale, dans le cadre d’un nouveau programme baptisé « MENA BLUE ». Ce programme dédié au Moyen-Orient et à l’Afrique du Nord (MENA) a pour but d'aider les pays à renforcer la résilience et l'adaptation de leurs littoraux grâce à l'économie bleue (a) : il s’agit de soutenir une croissance économique durable tout en préservant les écosystèmes côtiers et marins dont dépendent les populations.

 

MENA BLUE s'appuie sur des interventions et des partenariats régionaux existants, tels que l'initiative WestMed pour l'économie bleue, l'Union pour la Méditerranée et l'Union du Maghreb arabe, entre autres. Ayat Soliman, directrice régionale Développement durable de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, souligne l'importance de cette initiative : « Si nous travaillons de concert pour trouver des solutions d'adaptation au changement climatique, nous contribuerons à protéger les communautés de l'extrême pauvreté. »

Cerner les enjeux

Je ne peux que constater, avec une inquiétude croissante, les dangers de la véritable tempête qui menace les côtes en raison de la pression qu'elles subissent et de l'impact du changement climatique.

Lorsque je rencontre les habitants de zones côtières ou leurs représentants, j'entends leur cri d'alarme. Abdelkhalek Essid, pêcheur en Tunisie, raconte une mer « épuisée » par la pollution marine et la pêche excessive. Narjess Nouasker, qui travaille dans l'hôtellerie, déplore une situation où la croissance urbaine aggrave les problèmes d'érosion et de dégradation du littoral : « Nous sommes victimes de notre propre succès. » Et c'est en mètres que les scientifiques qui étudient les zones les plus critiques du Maroc mesurent la disparition de leur littoral et l'aggravation de l'érosion côtière.

Si la situation ne s'inverse pas, les deux secteurs essentiels pour l'économie de la région — le tourisme et la pêche — seront de plus en plus affectés par l'aggravation de la pollution marine, le réchauffement des eaux, l'extraction illégale de sable et l'urbanisation côtière incontrôlée. La Méditerranée est ainsi menacée par la forte pollution de ses eaux, conséquence du tourisme de masse et de la mauvaise gestion des déchets. Par ailleurs, les responsables du tourisme et les hôteliers se plaignent de la disparition des plages (a), un autre problème qui touche toute la côte nord-africaine.

Cerner les solutions

MENA BLUE aide les pays à recenser leurs « points chauds » climatiques prioritaires, qui requièrent des solutions d'adaptation urgentes. Mais le programme contribue aussi à la définition de stratégies économiques durables afin d'organiser et d'améliorer la résilience à long terme des zones côtières et de leurs populations. Conseils stratégiques, mobilisation des acteurs et de financements climatiques pour cette région particulièrement vulnérable sont parmi les activités du programme qui visent à renforcer la résilience matérielle, sociale et économique.

En offrant une assistance technique, MENA BLUE aidera les pays à améliorer les outils de prise de décision existants ou à en développer de nouveaux dans les domaines des systèmes d'information géographique, des dispositifs d'alerte précoce, de la modélisation multirisques et de la planification spatiale marine. Les gouvernements pourront ainsi déterminer les domaines prioritaires pour des interventions ciblées et une planification à long terme.

Pour faire face aux défis croissants posés par les déchets marins et la pollution plastique, le programme appuiera également des stratégies et des investissements en faveur de l'économie circulaire afin de préserver des écosystèmes côtiers et marins plus propres et sans plastique dans la région.

MENA BLUE aidera aussi les États à mettre en place une comptabilisation du capital naturel. Les pays ont en effet exprimé leur inquiétude au sujet de la perte de biodiversité et des écosystèmes en danger et ils ont demandé une assistance pour évaluer la richesse de leurs ressources naturelles côtières et marines, et sur les moyens de mieux les protéger. Avec le soutien du partenariat WAVES (a) — aujourd'hui intégré au Programme mondial pour le développement durable (a) de la Banque mondiale —, MENA BLUE accompagnera les décideurs lors de l'élaboration des futurs plans d'aménagement côtier et aidera les responsables gouvernementaux à mieux comprendre la richesse de la biodiversité et les arbitrages à opérer en termes d’investissements.

Les pays souhaitent aussi bénéficier de formations et d'un renforcement de leurs capacités dans le domaine des technologies satellitaires, en liaison avec l'Agence spatiale européenne. Une surveillance plus efficace et une meilleure gestion des risques de catastrophe peuvent en effet mieux protéger les populations contre les marées de tempête et les phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents associés aux changements climatiques.

De même que les habitants interviewés dans la nouvelle vidéo MENA BLUE, nous imaginons tous un avenir meilleur pour les populations vulnérables. Mais une action urgente et fondée sur des données probantes est indispensable pour transformer les côtes que nous aimons tant

Auteurs

Lia Sieghart

Chef de programme et spécialiste principale du changement climatique

DAHMANE Ali
09 septembre 2021

Un pays comme l'Algerie a un projet de déplacement de la capitale administrative vers les hauts plateaux (Ain Oussera) qui dort depuis 1980. Ce projet mérite d'etre relancé car il permettra de freiner le développement spatial d'Alger. La conception d'un nouveau projet de "barrage vert" mérite d'etre relancé.

manu
09 septembre 2021

J aime l environnement , j aime la nature , vraiment j aime me specialiser à l , environnement

NOURI
09 septembre 2021

Qu'importe le verre pourvu qu'en est l'ivresse..!? Charles Baudelaire ??