J’ai malheureusement dû m’absenter pour raisons personnelles et, depuis mon retour, j’ai été totalement pris par le quotidien et ses urgences. Ironie de l’histoire, c’est justement cette pression permanente, qui absorbe l’énergie et l’attention de chacun sans laisser réellement de temps pour une planification et des choix de plus long terme, pourtant importants, que j’ai vu à l’œuvre à Tokyo et que je continue d’observer dans toute la région.
Cela étant dit, j’ai quand même de bonnes nouvelles.
Les Assemblées de Tokyo ont été l’occasion d’un brillant exposé sur les conclusions de notre rapport phare sur l’emploi, qui a très largement bénéficié de la présence d’un remarquable panel composé de décideurs de haut rang, d’universitaires et de professionnels de terrain. La réunion a d’ailleurs eu un tel succès qu’il ne restait plus une place assise et la séance de questions-réponses a donné lieu à des échanges animés.
Tout semblait donc démarrer sous les meilleurs auspices…
Malheureusement, l’emploi a été relégué au second plan lors des réunions suivantes avec les délégations — ces équipes composées de ministres (des Finances en général) et d’un certain nombre de hauts fonctionnaires que chaque pays membre envoie assister, chaque année, aux Assemblées de la Banque mondiale. Étant donné les difficultés immédiates que rencontrent bon nombre de pays de la région sur le plan budgétaire et monétaire, les discussions ont naturellement tourné autour de considérations de court terme. Pratiquement tous les intervenants ont évoqué le défi de l’emploi, notamment des jeunes, mais plutôt en toile de fond d’enjeux économiques plus impérieux.
Comme je vous l’avais promis, nous avons relayé la plupart de vos excellentes suggestions aux délégations. Tous conviennent que nous devons aborder ce problème de l’emploi sur plusieurs fronts simultanés : instaurer des conditions équitables pour permettre le développement d’un secteur privé dynamique, diminuer les subventions accordées au capital pour privilégier le travail, rendre les marchés du travail plus efficaces, renforcer la protection des revenus et réformer les systèmes d’éducation pour les rendre plus réactifs aux besoins du secteur privé.
Tout cela est parfait, mais concrètement, comment procéder ?
Les pressions immédiates liées à une forme de politique nouvelle et plus ouverte semblent entraîner bon nombre d’acteurs de la région dans une voie qui ne contribuera pas à la création d’emplois durables. La multiplication des embauches de fonctionnaires et l’amélioration de leurs conditions de travail sans contrepartie (une productivité accrue) ne vont pas y contribuer. Pas plus que l’augmentation des pensions des retraités déjà indemnisés qui, outre qu’elle continue de ne bénéficier qu’à une poignée de privilégiés, ne fera que rendre les systèmes encore plus instables.
Heureusement, certains pays ont initié des réformes cruciales et utiles à court et à moyen termes. Plusieurs envisagent de réduire les subventions aux industries grosses consommatrices d’énergie pour consacrer l’argent ainsi économisé à abaisser le coût d’embauche des nouveaux salariés et à renforcer les filets de protection sociale des plus vulnérables. D’autres sont en train de remettre à plat le système de placement professionnel, pour rapprocher les demandeurs d’emploi des postes disponibles et proposer des programmes de formation de la « deuxième chance ».
Poursuivons le dialogue ici même
Le bilan est donc mitigé, sur le plan des nouvelles comme des initiatives engagées. D’où l’importance de poursuivre nos discussions. Nous devons rappeler à chacun d’entre nous et aux gouvernants qu’à long terme, la seule réponse valable et durable aux aspirations à être libre, avoir une activité rémunératrice et vivre dans la dignité passe par la création d’emplois de qualité dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Nous avons des pistes de solution et nous devons garder à l’esprit les attentes de chacun. Les problèmes immédiats doivent être bien sûr résolus mais nous ne pouvons pas nous permettre de perdre de vue les priorités de long terme.
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