Les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord sont confrontés à un déficit de capital humain. Si de nombreux facteurs pèsent sur les résultats, la situation de l’emploi et les niveaux de productivité dans la région, la faute en incombe principalement à la médiocrité des acquis scolaires. Malgré un niveau de dépenses publiques pour l’éducation supérieur à celui des pays de l’OCDE, l’indice de capital humain calculé par la Banque mondiale montre que les enfants de la région MENA ont des niveaux d’apprentissage qui ne correspondent pas à leurs années de scolarité. Selon les estimations les plus récentes, sur une durée d'études qui s’élève à 11,4 années jusqu’à 18 ans, les élèves n’ont en réalité que 7,6 années d’apprentissage effectif, sachant en outre que les garçons obtiennent des résultats inférieurs à ceux des filles. La région doit s’employer de toute urgence à combler ce déficit d’apprentissage.
Lancé il y a un an lors des Assemblées annuelles de la Banque mondiale à Bali, le Projet pour le capital humain est une initiative mondiale visant à intensifier et améliorer les investissements dans les ressources humaines pour accroître l’équité et accélérer la croissance économique. Il a notamment donné lieu à l'élaboration d’un nouvel indice conçu pour quantifier la contribution de la santé et de l’éducation à la productivité de la main-d’œuvre future.
Sans changement de politique, la prochaine génération de travailleurs n’atteindra que la moitié de son potentiel économique dans la région MENA. En outre, avec des taux de chômage élevés, en particulier chez les jeunes et les femmes ayant un bon niveau d’instruction, la génération actuelle présente un vaste potentiel productif inexploité.
Il faut saluer les gouvernements des pays de la région car ils ont compris l’urgence du problème et sont nombreux à prendre des mesures pour y remédier. Sur les 68 pays du monde qui ont rejoint le Projet pour le capital humain, 13 se trouvent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ; ces États se sont dotés de plans nationaux visant à accroître la productivité pour les générations actuelles et futures.
Aujourd’hui, un an plus tard, la Banque mondiale lance son Plan pour le capital humain dans la région MENA. Ce programme ambitieux, qui repose sur les priorités des pays concernés, propose un ensemble d’interventions fondamentales pour renforcer leur capital humain.
Ces actions prioritaires sont les suivantes : 1) accroître les investissements dans le développement de la petite enfance pour préparer les enfants à l’apprentissage ; 2) lutter contre la pauvreté des apprentissages et améliorer les compétences pour le XXIe siècle ; 3) réduire la charge des maladies et affections non transmissibles dues à des facteurs environnementaux ; 4) protéger les populations vulnérables (réfugiés, personnes déplacées de l’intérieur, migrants, pauvres vivant dans les zones urbaines et rurales) et améliorer leur résilience aux crises ; et 5) réduire les écarts entre hommes et femmes (amélioration des acquis scolaires pour les garçons et de la participation à la vie active pour les filles).
Toutefois, ces interventions n’auront d’impact que si elles s’accompagnent d’un renforcement de la gouvernance. Il s’agit notamment d’accroître l’efficience des dépenses publiques, de réformer l’administration du secteur public pour lui donner les moyens de recruter et de retenir des enseignants et des professionnels de santé de qualité, et de promouvoir la responsabilisation des pouvoirs publics et la participation des citoyens pour améliorer la prestation des services.
Enfin, pour obtenir les meilleurs résultats, il faut que les pays adoptent une approche mobilisant l'ensemble de l’administration et que le secteur privé soit mis à contribution pour à la fois fournir des services et favoriser une efficacité et une qualité accrues. Le plan de développement du capital humain pour la région MENA définit des objectifs, assortis de résultats de haut niveau pour les pays et de résultats intermédiaires pour la Banque mondiale, qui doivent être atteints entre les Assemblées annuelles de 2021 qui se tiendront à Marrakech, au Maroc, et 2024.
Heureusement, il n’est pas trop tard pour agir, et les interventions décrites dans le plan de la Banque mondiale peuvent déboucher sur des progrès considérables. L’Égypte, par exemple, a déjà lancé un vaste programme de réforme de l’éducation qui met l’accent sur les acquis scolaires et pas seulement sur la scolarisation. Ce programme vise à repenser l’expérience des élèves, à mieux les préparer à l’école et à introduire un nouveau programme scolaire et un nouveau système d’évaluation pour l’obtention du diplôme d’études secondaires. Et, au Maroc, la Banque mondiale apporte son soutien au Programme d’appui au secteur de l’éducation en aidant à créer un environnement favorable à la fourniture de services d’éducation préscolaire de qualité, en soutenant l’amélioration des pratiques pédagogiques dans l’enseignement primaire et secondaire et en renforçant les capacités de gestion et la responsabilisation tout au long de la chaîne de prestation des services éducatifs. Le dynamisme de sa jeunesse est un atout pour la région MENA. Nous nous réjouissons à la perspective de travailler avec les différents pays concernés pour aider ces jeunes à réaliser leur potentiel et à saisir les formidables opportunités que leur réserve l’avenir.
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