Les investissements dans le capital humain, en particulier par le biais de l’éducation, ont toujours occupé une place importante dans le développement national de la Tunisie. Cette nouvelle série de billets se penche sur le potentiel de l’éducation pour créer des débouchés et favoriser une croissance durable et sans exclus en Tunisie, en mettant en évidence les difficultés qui empêchent le système éducatif tunisien de remplir ce rôle ainsi que des axes d’action pour y remédier.
Nous y voilà de nouveau. La rentrée des classes a eu lieu, et depuis peu, plus de deux millions d’élèves, collégiens et lycéens tunisiens ont repris le chemin de l’école, tout comme plusieurs centaines de millions d’enfants vivant dans l’hémisphère nord. Bien que l’on puisse s’en réjouir et malgré les progrès significatifs réalisés au cours de la dernière décennie, près de 263 millions d’enfants et jeunes dans le monde ne sont pas scolarisés d’après les estimations de l’Institut des Statiques de l’UNESCO datant de juin 2016. Cela représente un quart de la population de l’Europe ! Ce total inclut 61 millions d’enfants en âge scolaire pour l’école primaire, 60 millions pour le collège et pour la première fois l’UNESCO a pu estimer le nombre de jeunes non-scolarisés au lycée à près de 142 millions. La majorité des enfants et jeunes non-scolarisés se trouvent en Afrique sub-saharienne ; malgré des progrès importants, la proportion de filles non-scolarisées est plus élevée que celle des garçons ; finalement les conflits représentent un obstacle majeur pour la scolarisation. En Tunisie on comptait près de 120,000 enfants et jeunes entre 5 ans et 14 ans non-scolarisés en 2012/2013 alors que la scolarisation universelle au primaire est depuis plusieurs années quasi atteinte. Le plus grand risque d’abandon aujourd’hui se trouve au niveau du secondaire. Que convient-il de faire ? Mieux encadrer les élèves, apporter un soutien scolaire, renforcer l’accès à la formation des personnels, créer plus d’espace pour la prise de décision au niveau local, accroître la redevabilité des acteurs...
Même si elle n’est pas obligatoire, de nombreux enfants tunisiens âgés de cinq ans sont rentrés pour la première fois à l’école en cours préparatoire. En cela, la Tunisie suit un mouvement qui se généralise dans le monde visant à offrir une éducation préscolaire pour tous les enfants dès l’âge de trois ans. De nombreux pays se sont fixés des objectifs ambitieux, tel que le Brésil qui vise l’universalisation de l’éducation préscolaire dès 2016 pour les enfants de trois et quatre ans (90.5 pourcent en 2015). En Tunisie, la proportion des enfants de moins de cinq ans scolarisés dans le préscolaire reste encore trop faible et l’offre de service à ce niveau dépend largement du secteur privé et associatif. A l’inverse, le taux de scolarisation des enfants de cinq ans en préparatoire a augmenté au cours des dernières années. L’enquête nationale par grappes à indicateurs multiples (MICS4) réalisée en 2013 par l’UNICEF avec l’appui du Ministère du Développement et de la Coopération Internationale a montré que le pourcentage d’enfants en première année du primaire ayant suivi un enseignement préscolaire l’année précédente est de 79,5 pourcent en moyenne. Pour autant, cela cache d’importantes différences puisque la participation au préscolaire est de 30 pourcent plus faible entre le milieu rural (62,6%) et le milieu urbain (90,1%). Les différences entre gouvernorats sont encore plus parlantes puisqu’on trouve des écarts substantiels allant de 97,7 pourcent d’enfants en première année de primaire ayant suivi une année préparatoire dans la région du sud-est à 34,3 pourcent à Kairouan ou 37,8 pourcent à Kasserine. A la lumière des chiffres présentés ci-dessus, la Tunisie doit maintenir ses efforts pour garantir un accès équitable à l’année préparatoire tout en investissant sur la qualité à tous les niveaux du système éducatif.
Quand est-il de la qualité de l’éducation et notamment comment est-elle mesurée ? De nombreux pays réalisent des diagnostiques nationaux des résultats des élèves et/ou participent aux évaluations internationales telles que le Programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves (PISA) ou le l’Enquête internationale TIMSS ( Trends in International Mathematics and Science Study) organisée par l’IEA ( International Association for the Evaluation of Educational Achievement).
Que nous révèlent les résultats du PISA 2015 pour la Tunisie ? Le niveau d'acquisition des apprentissages est faible en Tunisie, et il y a une diminution récente des résultats d'apprentissage. Les scores moyens en sciences, en mathématiques et en lecture ont tous diminué de 2012 à 2015, bien que certaines améliorations aient été réalisées de 2003 à 2012 avec un gain de 10 points (Figure 1). En particulier, les scores moyens de lecture ont diminué de plus de 40 points en 2015 par rapport aux niveaux de 2012. En général, les écarts entre les sexes dans les résultats d'apprentissage ont été réduits depuis 2003. Les différences entre les sexes (garçons-filles) en sciences et en mathématiques ont diminué à 3 et 6 points en 2015. Cependant, les filles continuent à surpasser les garçons en lecture de 25 points. Qu’est-ce que nous apprenons des résultats du PISA pour la Tunisie en comparaison avec les autres pays participants ? La Tunisie a de faibles scores moyens en sciences par rapport aux pays au même niveau de PIB par habitant. Les scores moyens varient selon les régions et sont significativement différents entre les zones urbaines et rurales. Soixante-trois pourcent des écoles en Tunisie indique que l'apprentissage des élèves est empêché par l'absentéisme des enseignants, contre seulement 16 pourcent dans les pays de l'OCDE. La Tunisie est confrontée à de graves difficultés dans le manque de ressources éducatives, y compris le personnel enseignant et non enseignant, le matériel pédagogique et l'infrastructure physique dans les écoles. Les écoles en Tunisie ont moins d'autonomie dans de nombreux domaines par rapport aux pays de l'OCDE.
Figure 1. Scores moyens PISA par sujet, 2003-2015
A côté des sourires, espoirs et parfois angoisses des enfants, parents et personnels, la rentrée scolaire est aussi le moment attendu par les responsables des Ministères de l’Education pour annoncer de nouvelles initiatives. Faut-il changer le rythme scolaire et le calendrier ? Faut-il ajouter des postes ? Faut-il renforcer les moyens des zones d’éducation prioritaire ? C’est un moment privilégié, car la rentrée scolaire cristallise l’attention de tous. Nouvelles mesures ou détricotage des changements introduits par les anciennes équipes ou simples effets d’annonce ? Qu’en est-il de la rentrée scolaire 2017 en Tunisie ?
Nous y voilà de nouveau. La rentrée des classes a eu lieu, et depuis peu, plus de deux millions d’élèves, collégiens et lycéens tunisiens ont repris le chemin de l’école, tout comme plusieurs centaines de millions d’enfants vivant dans l’hémisphère nord. Bien que l’on puisse s’en réjouir et malgré les progrès significatifs réalisés au cours de la dernière décennie, près de 263 millions d’enfants et jeunes dans le monde ne sont pas scolarisés d’après les estimations de l’Institut des Statiques de l’UNESCO datant de juin 2016. Cela représente un quart de la population de l’Europe ! Ce total inclut 61 millions d’enfants en âge scolaire pour l’école primaire, 60 millions pour le collège et pour la première fois l’UNESCO a pu estimer le nombre de jeunes non-scolarisés au lycée à près de 142 millions. La majorité des enfants et jeunes non-scolarisés se trouvent en Afrique sub-saharienne ; malgré des progrès importants, la proportion de filles non-scolarisées est plus élevée que celle des garçons ; finalement les conflits représentent un obstacle majeur pour la scolarisation. En Tunisie on comptait près de 120,000 enfants et jeunes entre 5 ans et 14 ans non-scolarisés en 2012/2013 alors que la scolarisation universelle au primaire est depuis plusieurs années quasi atteinte. Le plus grand risque d’abandon aujourd’hui se trouve au niveau du secondaire. Que convient-il de faire ? Mieux encadrer les élèves, apporter un soutien scolaire, renforcer l’accès à la formation des personnels, créer plus d’espace pour la prise de décision au niveau local, accroître la redevabilité des acteurs...
Même si elle n’est pas obligatoire, de nombreux enfants tunisiens âgés de cinq ans sont rentrés pour la première fois à l’école en cours préparatoire. En cela, la Tunisie suit un mouvement qui se généralise dans le monde visant à offrir une éducation préscolaire pour tous les enfants dès l’âge de trois ans. De nombreux pays se sont fixés des objectifs ambitieux, tel que le Brésil qui vise l’universalisation de l’éducation préscolaire dès 2016 pour les enfants de trois et quatre ans (90.5 pourcent en 2015). En Tunisie, la proportion des enfants de moins de cinq ans scolarisés dans le préscolaire reste encore trop faible et l’offre de service à ce niveau dépend largement du secteur privé et associatif. A l’inverse, le taux de scolarisation des enfants de cinq ans en préparatoire a augmenté au cours des dernières années. L’enquête nationale par grappes à indicateurs multiples (MICS4) réalisée en 2013 par l’UNICEF avec l’appui du Ministère du Développement et de la Coopération Internationale a montré que le pourcentage d’enfants en première année du primaire ayant suivi un enseignement préscolaire l’année précédente est de 79,5 pourcent en moyenne. Pour autant, cela cache d’importantes différences puisque la participation au préscolaire est de 30 pourcent plus faible entre le milieu rural (62,6%) et le milieu urbain (90,1%). Les différences entre gouvernorats sont encore plus parlantes puisqu’on trouve des écarts substantiels allant de 97,7 pourcent d’enfants en première année de primaire ayant suivi une année préparatoire dans la région du sud-est à 34,3 pourcent à Kairouan ou 37,8 pourcent à Kasserine. A la lumière des chiffres présentés ci-dessus, la Tunisie doit maintenir ses efforts pour garantir un accès équitable à l’année préparatoire tout en investissant sur la qualité à tous les niveaux du système éducatif.
Quand est-il de la qualité de l’éducation et notamment comment est-elle mesurée ? De nombreux pays réalisent des diagnostiques nationaux des résultats des élèves et/ou participent aux évaluations internationales telles que le Programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves (PISA) ou le l’Enquête internationale TIMSS ( Trends in International Mathematics and Science Study) organisée par l’IEA ( International Association for the Evaluation of Educational Achievement).
Que nous révèlent les résultats du PISA 2015 pour la Tunisie ? Le niveau d'acquisition des apprentissages est faible en Tunisie, et il y a une diminution récente des résultats d'apprentissage. Les scores moyens en sciences, en mathématiques et en lecture ont tous diminué de 2012 à 2015, bien que certaines améliorations aient été réalisées de 2003 à 2012 avec un gain de 10 points (Figure 1). En particulier, les scores moyens de lecture ont diminué de plus de 40 points en 2015 par rapport aux niveaux de 2012. En général, les écarts entre les sexes dans les résultats d'apprentissage ont été réduits depuis 2003. Les différences entre les sexes (garçons-filles) en sciences et en mathématiques ont diminué à 3 et 6 points en 2015. Cependant, les filles continuent à surpasser les garçons en lecture de 25 points. Qu’est-ce que nous apprenons des résultats du PISA pour la Tunisie en comparaison avec les autres pays participants ? La Tunisie a de faibles scores moyens en sciences par rapport aux pays au même niveau de PIB par habitant. Les scores moyens varient selon les régions et sont significativement différents entre les zones urbaines et rurales. Soixante-trois pourcent des écoles en Tunisie indique que l'apprentissage des élèves est empêché par l'absentéisme des enseignants, contre seulement 16 pourcent dans les pays de l'OCDE. La Tunisie est confrontée à de graves difficultés dans le manque de ressources éducatives, y compris le personnel enseignant et non enseignant, le matériel pédagogique et l'infrastructure physique dans les écoles. Les écoles en Tunisie ont moins d'autonomie dans de nombreux domaines par rapport aux pays de l'OCDE.
Figure 1. Scores moyens PISA par sujet, 2003-2015
A côté des sourires, espoirs et parfois angoisses des enfants, parents et personnels, la rentrée scolaire est aussi le moment attendu par les responsables des Ministères de l’Education pour annoncer de nouvelles initiatives. Faut-il changer le rythme scolaire et le calendrier ? Faut-il ajouter des postes ? Faut-il renforcer les moyens des zones d’éducation prioritaire ? C’est un moment privilégié, car la rentrée scolaire cristallise l’attention de tous. Nouvelles mesures ou détricotage des changements introduits par les anciennes équipes ou simples effets d’annonce ? Qu’en est-il de la rentrée scolaire 2017 en Tunisie ?
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