Le week-end, nous avons l’habitude avec mes amis d’aller prendre notre petit-déjeuner dans un café de Ramallah, en Cisjordanie, pour profiter de la douceur du printemps palestinien. Ce dimanche-là, alors que nous discutions de tout et de rien, nous n’avons pas pu nous empêcher de suivre la conversation de cinq jeunes Palestiniens assis à côté de nous. Ils étaient visiblement fraîchement diplômés de l’université et se plaignaient de la pénurie d’emplois : ils avaient passé des mois à chercher du travail, en vain. Ce qui a retenu le plus mon attention, c’est qu’ils accusaient le protocole de Paris d’être responsable de leur situation, arguant « qu’il avait fait perdre des années de progrès à l’économie palestinienne ».
Ces griefs ne sont pas inhabituels chez les Palestiniens. Régulièrement, ils descendent dans la rue pour manifester contre ce protocole qui régit depuis plus de 20 ans maintenant les relations économiques entre l’État d’Israël et l’Autorité palestinienne. Alors, forcément, on se demande pourquoi le protocole de Paris engendre le mécontentement parmi les Palestiniens ?
Penchons-nous sur les chiffres. Les travaux de recherche montrent que la structure de l’économie palestinienne s’est considérablement détériorée ces vingt dernières années . Elle a connu une importante désindustrialisation, la part du secteur manufacturier dans la production économique passant de 18 % à 12 % entre 1995 et 2016. La taille du secteur agricole a diminué de moitié . L’investissement privé, qui avoisine les 15 %, demeure faible et largement insuffisant pour juguler le chômage, qui s’établit à 26 %.
Par ailleurs, un quart des Palestiniens vit sous le seuil de pauvreté .
D’après un nouveau rapport (a) de la Banque mondiale auquel j’ai contribué, l’Autorité palestinienne pâtit, dans le cadre du système de partage des recettes prévu par le protocole de Paris, d’une perte de revenus substantielle estimée à 285 millions de dollars par an.
Ce protocole devait être initialement appliqué à titre provisoire pendant cinq ans : durant cette période, les Palestiniens allaient pouvoir bâtir leurs propres institutions et renforcer leur capacité pour la gestion des affaires économiques. L’idée qui prévalait alors était qu’au terme de cette période, les parties seraient parvenues à un accord sur le statut permanent, qui garantirait à la Palestine son indépendance économique et politique. Mais l’échec des négociations sur cet accord a conduit de facto à la prorogation du protocole bien au-delà de la période initialement convenue. Résultat : il est aujourd’hui obsolète et dessert les intérêts palestiniens.
Signalons également que certaines dispositions n’ont pas été appliquées conformément à ce qui avait été envisagé à l’époque. Par exemple, le protocole prévoyait la libre circulation des biens et des travailleurs entre les marchés israélien et palestinien. Mais, sur le terrain, la réalité est bien différente : au fil des ans, les postes de contrôle et les barrages routiers se sont multipliés, entravant les échanges (à l’intérieur de, vers et depuis la Cisjordanie), et renchérissant substantiellement les coûts de transaction. Enfin, pour contrôler le nombre de Palestiniens travaillant en Israël, il existe aujourd’hui une politique de délivrance de permis. À Gaza, la situation est bien plus alarmante depuis 2007, en raison du blocus économique imposé.
La Banque mondiale et d’autres instances montrent au travers de leurs travaux que l’économie palestinienne recèle un immense potentiel . Les dispositions en vigueur l’ont considérablement freinée dans ses performances, et ont donné naissance à une population de jeunes gens dans l’impossibilité de se forger un avenir. Mobiliser ce potentiel méconnu pour ouvrir des perspectives plus radieuses aux générations à venir est essentiel. Dans le cas contraire, l’expérience nous montre que la montée du désespoir et l’absence d’opportunités conduisent à plus d’instabilité et exacerbent la discorde entre des parties déjà en désaccord.
Ces griefs ne sont pas inhabituels chez les Palestiniens. Régulièrement, ils descendent dans la rue pour manifester contre ce protocole qui régit depuis plus de 20 ans maintenant les relations économiques entre l’État d’Israël et l’Autorité palestinienne. Alors, forcément, on se demande pourquoi le protocole de Paris engendre le mécontentement parmi les Palestiniens ?
Penchons-nous sur les chiffres. Les travaux de recherche montrent que la structure de l’économie palestinienne s’est considérablement détériorée ces vingt dernières années . Elle a connu une importante désindustrialisation, la part du secteur manufacturier dans la production économique passant de 18 % à 12 % entre 1995 et 2016. La taille du secteur agricole a diminué de moitié . L’investissement privé, qui avoisine les 15 %, demeure faible et largement insuffisant pour juguler le chômage, qui s’établit à 26 %.
Par ailleurs, un quart des Palestiniens vit sous le seuil de pauvreté .
D’après un nouveau rapport (a) de la Banque mondiale auquel j’ai contribué, l’Autorité palestinienne pâtit, dans le cadre du système de partage des recettes prévu par le protocole de Paris, d’une perte de revenus substantielle estimée à 285 millions de dollars par an.
Ce protocole devait être initialement appliqué à titre provisoire pendant cinq ans : durant cette période, les Palestiniens allaient pouvoir bâtir leurs propres institutions et renforcer leur capacité pour la gestion des affaires économiques. L’idée qui prévalait alors était qu’au terme de cette période, les parties seraient parvenues à un accord sur le statut permanent, qui garantirait à la Palestine son indépendance économique et politique. Mais l’échec des négociations sur cet accord a conduit de facto à la prorogation du protocole bien au-delà de la période initialement convenue. Résultat : il est aujourd’hui obsolète et dessert les intérêts palestiniens.
Signalons également que certaines dispositions n’ont pas été appliquées conformément à ce qui avait été envisagé à l’époque. Par exemple, le protocole prévoyait la libre circulation des biens et des travailleurs entre les marchés israélien et palestinien. Mais, sur le terrain, la réalité est bien différente : au fil des ans, les postes de contrôle et les barrages routiers se sont multipliés, entravant les échanges (à l’intérieur de, vers et depuis la Cisjordanie), et renchérissant substantiellement les coûts de transaction. Enfin, pour contrôler le nombre de Palestiniens travaillant en Israël, il existe aujourd’hui une politique de délivrance de permis. À Gaza, la situation est bien plus alarmante depuis 2007, en raison du blocus économique imposé.
La Banque mondiale et d’autres instances montrent au travers de leurs travaux que l’économie palestinienne recèle un immense potentiel . Les dispositions en vigueur l’ont considérablement freinée dans ses performances, et ont donné naissance à une population de jeunes gens dans l’impossibilité de se forger un avenir. Mobiliser ce potentiel méconnu pour ouvrir des perspectives plus radieuses aux générations à venir est essentiel. Dans le cas contraire, l’expérience nous montre que la montée du désespoir et l’absence d’opportunités conduisent à plus d’instabilité et exacerbent la discorde entre des parties déjà en désaccord.
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