Les niveaux élevés de pollution marine et côtière au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA) constituent une grave menace pour l’« économie bleue », moteur essentiel de la croissance économique de la région. C’est dans cette région que l’empreinte plastique est la plus élevée : un habitant rejette en moyenne chaque année plus de 6 kilogrammes de déchets plastiques dans l’océan. Aujourd’hui, la mer Méditerranée est l’un des points chauds de la planète en matière de pollution plastique. Pour soutenir les efforts de lutte contre la pollution plastique dans la région, la Banque mondiale a organisé en mai 2023 un échange de connaissances régional. Cet évènement virtuel avait pour objectif d’examiner les solutions et les actions envisageables.
Plus d’une centaine de représentants originaires d’Égypte, de Cisjordanie et de Gaza, du Liban, du Maroc et de Tunisie se sont réunis pour partager les enseignements et les bonnes pratiques qui permettent de combattre la pollution plastique, mais aussi de libérer tout le potentiel de l’économie bleue. Ils ont examiné le problème de la pollution plastique propre à chacun de ces pays, et plusieurs thèmes communs se sont dégagés.
Voici six points à relever dans cette région :
- La prolifération des plastiques à usage unique ainsi qu’une mauvaise collecte et gestion des déchets à l’intérieur des terres sont les principaux facteurs de la pollution plastique marine et côtière.
- Des mesures doivent être prises tout au long de la chaîne de valeur du plastique, depuis la réduction de la production et de l’utilisation du plastique jusqu’à l’amélioration de la gestion des déchets solides et la dépollution des océans.
- Les gouvernements reconnaissent de plus en plus la nécessité d’élaborer une législation et des politiques en matière de gestion des déchets qui s’appuient sur les principes de l’économie circulaire pour lutter contre la pollution plastique.
- Les rapports de diagnostic nationaux (a) et les évaluations de référence réalisés avec l’aide de la Banque mondiale sont utiles pour définir les actions nécessaires au niveau des pays.
- La collaboration est essentielle pour relever le défi de la pollution plastique. Plusieurs gouvernements ont fait part de leur expérience en matière de collaboration avec des organisations de la société civile pour mener des campagnes de sensibilisation et de nettoyage.
- Le secteur privé est considéré comme un partenaire important dans la transition vers une économie circulaire. Les entrepreneurs peuvent apporter des solutions innovantes et soutenir les efforts des pouvoirs publics.
Malgré des évolutions positives en matière de sensibilisation et de gestion de la pollution plastique, celle-ci continue de coûter en moyenne chaque année aux pays de la région MENA environ 0,8 % de leur PIB. La pollution plastique a des répercussions sur le tourisme, la pêche, la navigation et la vie des habitants de la région. S’il agit seul, aucun pays ne pourra relever efficacement un défi d’une telle ampleur.
Les océans ignorent les frontières. La pollution plastique est donc un problème transnational qui nécessite des solutions transnationales. Le pôle Environnement, ressources naturelles et économie bleue, le service chargé de ce domaine dans la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord (SMNEN) et PROBLUE (a) — un fonds fiduciaire multidonateurs administré par la Banque mondiale qui soutient le développement durable et intégré des ressources marines et côtières dans un océan sain — travaillent au sein des pays et dans toute la région pour produire et présenter des données probantes, renforcer les capacités scientifiques et créer des opportunités de collaboration régionale intersectorielle. Ensemble, ces éléments fourniront à toutes les parties prenantes intéressées les informations dont elles ont besoin pour prendre collectivement des décisions qui non seulement amélioreront l’économie bleue, mais lui permettront aussi de jouer un rôle de premier plan dans le développement de la région.
Faits marquants
- Dans la mer Méditerranée, l’économie bleue génère chaque année 450 milliards de dollars (a).
- La pollution plastique menace le potentiel de croissance de l’économie bleue, qui comprend la pêche, le tourisme côtier et le transport maritime, ainsi que des secteurs émergents comme la biotechnologie, l’énergie maritime renouvelable et l’aquaculture, qui ont tous besoin d’un océan en bonne santé capable de fournir des services écosystémiques essentiels.
- La région MENA a l’empreinte par habitant la plus élevée en matière de rejets de plastique dans l’environnement marin. Un habitant rejette en moyenne chaque année plus de 6 kg de déchets plastiques dans l’océan.
- Mettre fin à la pollution plastique réduirait les menaces pour la santé humaine et environnementale et permettrait d’éviter des émissions de carbone et de soutenir l’économie bleue de la région.
- Des mesures doivent être prises à chaque étape du cycle de vie du plastique pour mettre fin à la pollution plastique, qu’il s’agisse de réduire la production, de revoir la conception des produits ou d’améliorer la gestion des déchets.
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