Publié sur Voix Arabes

Regards d'une jeune écrivaine tunisienne sur les Réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI

Samar Mezghanni, alors âgée de 21 ans, avait été inscrite dans le livre Guinness des records pour l'année 2000 comme étant la plus jeune novelliste dans le monde. Cette jeune écrivaine tunisienne a publié plusieurs travaux destinés aux enfants. Elle est connue pour sa participation active aux différentes manifestations culturelles et littéraires aux plans arabe et méditerranéen et a obtenu plusieurs prix de considération.

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Lorsque j'ai reçu une invitation du FMI et de la Banque mondiale pour les Réunions de printemps, mes amis m'ont conseillé de ne pas ouvrir l'e-mail. Pour eux, il devait s'agir d'un spam. Ma famille m'a recommandé de vérifier l'origine de cette invitation et de chercher à en connaître les raisons avant d'accepter. Mes directeurs d’études ont trouvé ça bizarre.

Tout le monde semblait sceptique sur le fait que ces deux institutions internationales puissent réellement inviter des jeunes à un événement de cette importance.

C'est avec beaucoup de curiosité que je suis partie pour Washington. Cette réunion, les deux institutions en question, tout cela me laissait perplexe et j’espérais que j’y verrais plus clair dans ma tête. Et puis dans l’avion, tandis que je contemplais les vastes étendues américaines, j'ai jeté par-dessus bord quelques-uns de ces préjugés.

Dès mon premier jour, cependant, je n'ai pas pu m'empêcher de demander aux organisateurs quelles avaient été les raisons et les modalités qui avaient conduit à ma sélection et à ma participation à cet événement. Leur réponse a été simple : "vous avez été choisie par le biais de notre réseau d'institutions et d'organisations de la société civile, notre but est de faire participer de jeunes leaders aux activités des Réunions de printemps et de leur permettre de débattre des grandes questions de développement et des programmes de la Banque et du FMI avec des membres de leurs équipes."

J'ai d’abord cru que nous allions rencontrer des spécialistes issus de tel ou tel département. Qu’ils feraient des conférences sur tel ou tel  sujet, avant de nous remercier d’être venus. Puis, à la fin, nous les remercierions aussi de nous avoir invités, avant de retourner d’où nous venions. Est-ce que ce n'est pas ainsi que les choses se passent habituellement ?

J’étais loin de m’imaginer que j’allais pouvoir rencontrer le Directeur général du Fonds monétaire international en personne et des membres de son Conseil d’administration, ainsi que les Vice-présidents de la Banque mondiale, que je pourrais discuter avec un grand nombre de personnes travaillant pour ces deux institutions et venues du monde entier, leur poser des questions, leur exprimer mes réserves et mes critiques.

Ce foisonnement de pays, de fonctions, d'idées m'a fait apparaître la diversité des opinions et leur complexité au sein du FMI et de la Banque mondiale. Les gens qui travaillent dans ces institutions n’ont pas le regard centré sur eux-mêmes ; ils sollicitent l’avis des organisations de la société civile et des leaders de la jeunesse, sont curieux d’entendre leurs propositions de solutions et veulent s’appuyer sur leur coopération pour mieux communiquer et avoir une connaissance plus fine des besoins des populations — en particulier dans le monde arabe, où les peuples ont récemment commencé à se faire entendre !

Tout au long de  mon séjour, ma préoccupation principale et mon dessein personnel ont été de rechercher la simplicité dans toutes les complexités ambiantes, celles du pays, des institutions, de l'événement, du programme : j’ai vu la simplicité du mobilier derrière la complexité des bâtiments, la simplicité des échanges derrière la complexité de l’environnement, la simplicité de la mission derrière la complexité de ses arcanes, la simplicité des données derrière la complexité de leur langage et la simplicité des personnes derrière la complexité de leurs fonctions.

J’ai pu percer toute cette complexité et saisir la vérité qui habituellement s’y dissimule. Ces institutions essayent véritablement d'écouter l'opinion de la société civile, d'impliquer les populations et d'intégrer les idées des jeunes dans leurs programmes, contrairement aux perceptions que nous avons de la communauté internationale.

 


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