Fatigue, Bloodshed and Turmoil: Syrians Speak Through Art
Si les images peuvent déclencher une conversation, une conversation peut-elle inciter à passer à l’action ? Ou, plus précisément, une discussion autour de l’art et de l’économie syrienne peut-elle inciter la centaine de ministres des Finances assistant aux Réunions de printemps de la Banque mondiale, à Washington, à faire un effort supplémentaire et à augmenter l’aide humanitaire à la Syrie ?
Même si la Banque mondiale ne traite pas directement des crises humanitaires — sa mission consistant à aider les économies à se développer — elle apporte son soutien à plusieurs pays voisins de la Syrie, comme la Jordanie, afin qu’ils puissent assurer des services de base (soins de santé, assainissement…) aux centaines de milliers de réfugiés syriens qui affluent dans certaines régions. Et elle voudrait faire la même chose au Liban.
À l’occasion de l’inauguration de l’exposition d’œuvres syriennes, au siège de la Banque mondiale à Washington, le président Jim Yong Kim a estimé que l’appel de fonds des Nations Unies pour la Syrie, de 6,5 milliards de dollars, était le signe de l’ampleur de la crise. Les promesses d’aide reçues à ce jour ne couvrent qu’un tiers environ de cette somme, dont moins d’un cinquième représentent des versements immédiats.
Jim Yong Kim a confié que la découverte de ces tableaux lui avait rappelé ce qu’avait vécu sa mère, réfugiée pendant la guerre de Corée, et qu’il avait œuvré pour resserrer les liens avec les Nations Unies afin de focaliser l’attention sur la Syrie. Il a souligné que le Liban et la Jordanie avaient ouvert leurs écoles aux enfants venus de Syrie, pour éviter les conséquences dramatiques à attendre lorsque l’on prive une génération entière, quelle qu’elle soit, d’éducation.
En faisant venir ces œuvres à Washington, la vice-présidente de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord, Inger Andersen, espère susciter un débat autour de l’impact de la crise syrienne sur toute la région. L’exposition s’est ouverte par une discussion d’experts retransmise en direct.
Les Nations Unies estiment que 9,3 millions de Syriens ont besoin d’aide humanitaire, parmi lesquels des réfugiés palestiniens pris au piège par les combats. Toujours selon l’organisation, 6,5 millions de Syriens auraient été déplacés à l’intérieur de leur pays et 2,5 millions auraient fui à l’étranger, pour la plupart dans des pays voisins.
Ces statistiques peu réjouissantes cachent parfois des surprises : ainsi, comme l’a expliqué l’écrivain Jihad Yazigi, alors que la moitié de la population active de la Syrie est au chômage, les Syriens sont devenus l’an dernier les premiers investisseurs, en nombre, en Turquie. Ils jouent aussi un rôle majeur en tant qu’ouvriers occasionnels sur les chantiers de construction au Liban.
Pour Jihad Yazigi, la Syrie est passée d’« une dictature centralisée à une démocratie décentralisée ». Il a noté qu’une « économie de guerre » fleurissait dans le pays ; les groupes armés, notamment, extraient aujourd’hui du pétrole dans des sites ayant échappé au contrôle du gouvernement.
Avant l’aggravation du conflit, en 2011, la Syrie était exportateur net de pétrole. Aujourd’hui, elle a le triste privilège d’être au cœur d’une crise qui a conduit l’ONU à lancer l’un des appels d’aide humanitaire les plus importants de son histoire. Jihad Yazigi estime que bon nombre de Syriens s’en sortiraient mieux si l’ouverture d’un compte en banque à l’étranger ne leur causait pas tant de difficultés…
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