J’étais à Gaza en début de semaine. J’y ai rencontré des élèves d’un institut technique qui se forment, avec l’aide de la Banque mondiale, aux nouvelles technologies d’animation par ordinateur. J’ai aussi discuté avec un groupe de femmes dont la vie a changé depuis que les rues de leur village ont été refaites : leurs déplacements sont plus faciles, leurs enfants peuvent se rendre plus facilement à l’école et sont moins malades. J’ai pu ressentir leur fierté devant ces accomplissements de leur communauté.
Ce sont là, me direz-vous, de bons indicateurs du développement, s’il n’y avait cette perspective désespérante pour des étudiants appelés à rejoindre une économie où pratiquement 50 % des jeunes sont sans emploi.
Les zones touchées par un conflit présentent des défis bien spécifiques sur le plan du développement. Chaque pays concerné a des besoins différents en fonction de ses fragilités propres, et ces besoins peuvent donner lieu à une vaste remise en état des infrastructures ou à un processus délicat de reconstruction du lien social entre anciens ennemis. Ceux qui relèvent de l’urgence et du court terme sont couverts avec force images par les médias.
Il n’en est pas tout à fait de même avec les actions à moyen et long termes, qui ne bénéficient pas du même traitement. Pourtant, c’est précisément à ces échelles de temps que l’insécurité se mue en stabilité, porteuse d’un développement durable. De fait, depuis 2004, 11 pays sont sortis de leur statut de « pays fragiles ». Or les recherches menées par la Banque mondiale nous rappellent que pour briser le cercle vicieux des violences et de la fragilité, il faut un engagement capable de perdurer bien après que les feux de l’actualité se sont portés sur un autre terrain.
Les interventions de développement menées dans les Territoires palestiniens, où je viens d’effectuer une visite de trois jours, ne peuvent certes engendrer la solution politique dont la région a désespérément besoin et qui lui échappe depuis si longtemps. Mais elles peuvent contribuer à résoudre les problèmes immédiats de ces populations piégées par l’histoire et, ce qui est tout aussi important, préparer l’avenir.
La Banque mondiale travaille depuis des années avec l’Autorité palestinienne pour construire les institutions d’un futur État, dans ses moindres rouages, afin de faire émerger une société viable : appareils juridique et financier fiables, systèmes d’éducation et de santé, capacités de recouvrement des impôts, rémunération des fonctionnaires, etc.
Les Territoires palestiniens ont rejoint la Bosnie-Herzégovine, la Guinée, le Népal et le Timor-Leste dans le groupe des pays qui sont parvenus à diviser par deux le nombre de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour (le premier des objectifs du Millénaire pour le développement). Depuis 2005, la Banque mondiale appuie la réforme des filets de protection sociale engagée par l’Autorité palestinienne pour cibler les populations les plus démunies et les plus vulnérables. Des transferts monétaires ont ainsi été organisés pour quelque 97 000 foyers. Alors qu’un grand nombre de pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord sont confrontés actuellement à la délicate question des subventions sur les denrées alimentaires et les carburants — un système coûteux et controversé qui ponctionne 5 % voire plus du PIB sans pour autant profiter systématiquement aux plus pauvres —, les Territoires palestiniens sont parvenus à ramener le coût des amortisseurs sociaux à 0,95 % du PIB en 2010, grâce à un ciblage précis et exclusif des plus démunis, seuls bénéficiaires possibles de cette aide.
Le Groupe de la Banque mondiale sait que l’on ne parviendra pas à mettre fin à la pauvreté ni à partager la prospérité tant que l’on ne s’intéresse pas de plus près aux zones fragiles et touchées par des conflits dans le monde. Les conflits ne connaissent pas de frontières et leurs conséquences peuvent être ressenties des générations plus tard. Nous savons aussi qu’il faut des solutions de développement adaptées à la situation : mon séjour aux côtés de notre formidable équipe de terrain, de nos homologues palestiniens et de nos partenaires au développement m’aura beaucoup appris à cet égard. J’ai aussi pu constater de visu que tous font leur maximum pour résoudre les problèmes du quotidien et obtenir des résultats tangibles.
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