Chaque organisation, petite ou grande, a besoin de s’arrêter de temps à autre pour faire le point, sérieusement. C’est une pause indispensable pour mesurer l’écart entre les intentions et les résultats, et définir une nouvelle feuille de route. Pour l’équipe Maghreb (couvrant quatre pays : l’Algérie, la Libye, le Maroc et la Tunisie) du Groupe de la Banque mondiale, cet examen attentif a pris la forme d’une réunion de trois jours à Marrakech (Maroc), qui ont été l’occasion de faire remonter les informations du terrain, discuter et convenir d’un nouveau plan d’action — conformément au slogan évocateur de cette retraite : « Penser régional, agir local ». Une conviction animait effectivement les organisateurs, celle qu’il faut impérativement rester en phase avec un environnement évolutif pour s’assurer que les stratégies de développement et la conception des projets soient toujours adaptées aux priorités de développement à l’échelle locale.
Pour poser le décor, plusieurs voix de la région sont venues utilement rappeler que le développement intervient dans un contexte politique déterminé. L’économiste tunisien Hachemi Alaya a mis en garde contre des opérations qui, malgré elles, entretiennent le statu quo ou enracinent des comportements institutionnels du passé. Il a plaidé pour accorder la priorité à des projets porteurs de transformations capables de préparer l’avenir — à l’instar d’investissements dans les infrastructures pour faciliter l’intégration régionale. L’Algérien Abdelkrim Boudra a rappelé à quel point il était important d’associer la société civile pour garantir la stabilité et une croissance solidaire. De son côté, le militant marocain des droits de l’homme, Fouad Abdelmoumni, a souligné le rôle que pourraient jouer les connaissances accumulées par la Banque mondiale pour alimenter le débat dans les différents pays et faire ainsi émerger les réformes locales. « Les idées et le courage intellectuel primeront alors sur l’argent », a-t-il estimé.
Les deux autres journées ont été consacrées à l’élaboration de programmes de travail pour s’atteler aux défis les plus pressants et intégrer les apports extérieurs de la première journée.
La diversité même de la région appelle à déployer une approche à la mesure des contextes politiques nationaux. Mais certains grands défis de développement sont communs à tous ces pays — comme le chômage des jeunes, les régions sous-développées et la médiocrité des services publics — et nécessitent donc une stratégie globale nourrie par toute la palette des expertises de la Banque mondiale.
Autre défi régional prééminent : la méfiance qui s’est installée entre les citoyens et les gouvernements et qui a été l’une des étincelles à l’origine du Printemps arabe. Gouvernance et responsabilité sont au cœur de cette équation. Pour rétablir la confiance, les autorités vont devoir améliorer les services publics, surtout dans les régions marginalisées, renforcer la transparence de leurs décisions, donner aux citoyens les moyens d’exiger des comptes et harmoniser les règles du jeu économique.
Sans oublier la dimension croissance. De même que plusieurs facteurs sont nécessaires pour rebâtir une relation de confiance, plusieurs conditions doivent être réunies pour relancer la croissance. La réforme de l’éducation en fait partie, pour impartir aux jeunes les compétences réclamées par des marchés de l’emploi concurrentiels. Et pour attirer des investissements, intérieurs et étrangers, et favoriser l’essor du secteur privé, les autorités vont devoir réformer l’environnement des affaires. Mais étant donné que ces réformes ont un impact sur les individus, le plus urgent sera de créer les emplois tant attendus et à améliorer les conditions de vie.
L’intégration régionale fait également partie des moyens identifiés pour promouvoir la croissance et créer une forme d’interdépendance entre pays susceptible de poser les jalons d’une stabilité durable. Or, le potentiel de l’intensification des échanges commerciaux entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne, deux des régions les moins intégrées du monde, est immense. Au-delà des obstacles politiques, bien réels, à cette intégration, il faut aussi insister sur la nécessité d’un engagement durable — et ne pas oublier que l’émergence de l’Union européenne, l’une des régions les plus intégrées du monde, est le fruit d’un processus à la fois long et ardu.
L’identification de ces défis et la définition d’une approche adaptée par le Groupe de la Banque mondiale ont donné lieu à de nombreuses discussions, pour aboutir à cette conclusion : il convient de réfléchir à des réponses qui intègrent toute l’étendue des connaissances et de l’expertise de la Banque mondiale et se traduisent par des initiatives mieux ciblées sur les priorités premières de la région.
Les ressources intellectuelles du Groupe de la Banque mondiale seront au cœur de la feuille de route de l’équipe Maghreb. L’idée est d’aider les pays de la région à établir un diagnostic de leur situation, analyser les freins à leur croissance et concevoir les actions pour y remédier. La conception des projets sera l’occasion d’une collaboration renforcée entre les différentes unités du Groupe de la Banque mondiale. La récompense de ces efforts tiendra en deux points : résultats sur le terrain et satisfaction des bénéficiaires.
La retraite s’est achevée sur le constat, partagé par tous, de la nécessité d’écouter les voix issues du terrain, même lorsque leur message est difficile à entendre. C’est là le gage d’interventions adaptées à l’environnement et capables de produire des résultats optimaux.
Nous sommes convenus de continuer d’avancer (le contraire étant inenvisageable) puis de nous rencontrer à nouveau dans un an ou deux pour voir si les choses ont effectivement changé et si le slogan « penser régional, agir local » est devenu réalité.
Pour poser le décor, plusieurs voix de la région sont venues utilement rappeler que le développement intervient dans un contexte politique déterminé. L’économiste tunisien Hachemi Alaya a mis en garde contre des opérations qui, malgré elles, entretiennent le statu quo ou enracinent des comportements institutionnels du passé. Il a plaidé pour accorder la priorité à des projets porteurs de transformations capables de préparer l’avenir — à l’instar d’investissements dans les infrastructures pour faciliter l’intégration régionale. L’Algérien Abdelkrim Boudra a rappelé à quel point il était important d’associer la société civile pour garantir la stabilité et une croissance solidaire. De son côté, le militant marocain des droits de l’homme, Fouad Abdelmoumni, a souligné le rôle que pourraient jouer les connaissances accumulées par la Banque mondiale pour alimenter le débat dans les différents pays et faire ainsi émerger les réformes locales. « Les idées et le courage intellectuel primeront alors sur l’argent », a-t-il estimé.
Les deux autres journées ont été consacrées à l’élaboration de programmes de travail pour s’atteler aux défis les plus pressants et intégrer les apports extérieurs de la première journée.
La diversité même de la région appelle à déployer une approche à la mesure des contextes politiques nationaux. Mais certains grands défis de développement sont communs à tous ces pays — comme le chômage des jeunes, les régions sous-développées et la médiocrité des services publics — et nécessitent donc une stratégie globale nourrie par toute la palette des expertises de la Banque mondiale.
Autre défi régional prééminent : la méfiance qui s’est installée entre les citoyens et les gouvernements et qui a été l’une des étincelles à l’origine du Printemps arabe. Gouvernance et responsabilité sont au cœur de cette équation. Pour rétablir la confiance, les autorités vont devoir améliorer les services publics, surtout dans les régions marginalisées, renforcer la transparence de leurs décisions, donner aux citoyens les moyens d’exiger des comptes et harmoniser les règles du jeu économique.
Sans oublier la dimension croissance. De même que plusieurs facteurs sont nécessaires pour rebâtir une relation de confiance, plusieurs conditions doivent être réunies pour relancer la croissance. La réforme de l’éducation en fait partie, pour impartir aux jeunes les compétences réclamées par des marchés de l’emploi concurrentiels. Et pour attirer des investissements, intérieurs et étrangers, et favoriser l’essor du secteur privé, les autorités vont devoir réformer l’environnement des affaires. Mais étant donné que ces réformes ont un impact sur les individus, le plus urgent sera de créer les emplois tant attendus et à améliorer les conditions de vie.
L’intégration régionale fait également partie des moyens identifiés pour promouvoir la croissance et créer une forme d’interdépendance entre pays susceptible de poser les jalons d’une stabilité durable. Or, le potentiel de l’intensification des échanges commerciaux entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne, deux des régions les moins intégrées du monde, est immense. Au-delà des obstacles politiques, bien réels, à cette intégration, il faut aussi insister sur la nécessité d’un engagement durable — et ne pas oublier que l’émergence de l’Union européenne, l’une des régions les plus intégrées du monde, est le fruit d’un processus à la fois long et ardu.
L’identification de ces défis et la définition d’une approche adaptée par le Groupe de la Banque mondiale ont donné lieu à de nombreuses discussions, pour aboutir à cette conclusion : il convient de réfléchir à des réponses qui intègrent toute l’étendue des connaissances et de l’expertise de la Banque mondiale et se traduisent par des initiatives mieux ciblées sur les priorités premières de la région.
Les ressources intellectuelles du Groupe de la Banque mondiale seront au cœur de la feuille de route de l’équipe Maghreb. L’idée est d’aider les pays de la région à établir un diagnostic de leur situation, analyser les freins à leur croissance et concevoir les actions pour y remédier. La conception des projets sera l’occasion d’une collaboration renforcée entre les différentes unités du Groupe de la Banque mondiale. La récompense de ces efforts tiendra en deux points : résultats sur le terrain et satisfaction des bénéficiaires.
La retraite s’est achevée sur le constat, partagé par tous, de la nécessité d’écouter les voix issues du terrain, même lorsque leur message est difficile à entendre. C’est là le gage d’interventions adaptées à l’environnement et capables de produire des résultats optimaux.
Nous sommes convenus de continuer d’avancer (le contraire étant inenvisageable) puis de nous rencontrer à nouveau dans un an ou deux pour voir si les choses ont effectivement changé et si le slogan « penser régional, agir local » est devenu réalité.
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