La transition politique au Yémen qui occupe aujourd’hui le devant de la scène a cependant oblitéré un problème de longue date, la consommation de qat, qui a des incidences tout aussi importantes pour le pays.
Le qat est une drogue douce très répandue au Yémen et dans la corne de l’Afrique. La consommation excessive de cette feuille a des effets désastreux sur la santé, l’éducation et la productivité. Nous avions mis en lumière ce phénomène pour le Yémen, dans un rapport publié en 2007 ( voir ici). La situation est probablement tout aussi préoccupante aujourd’hui sinon pire. Voilà pourquoi il nous semble opportun de rappeler les principales conclusions de notre travail.
La consommation de qat s’est généralisée au Yémen : Jusqu’aux années 1960, chiquer du qat est un passe-temps occasionnel, auquel s’adonnent les plus riches. Aujourd’hui, une grande partie de la population yéménite mâche du qat plusieurs jours par semaine. Notre enquête de 2007 avait mis en lumière que 72 % des hommes et 33 % des femmes en consommaient régulièrement, sinon quotidiennement. La plupart commencent à l’adolescence (âge moyen constaté : entre 16 et 24 ans), sous la pression de leurs camarades. Dans notre enquête, 66 % des hommes et 72 % des femmes ont dit mâcher du qat parce que « tous mes amis et mes proches en consommaient ».
La généralisation de la consommation de qat a de graves répercussions : Le qat est associé à la malnutrition infantile et à l’insécurité alimentaire, en raison de la part consacrée par les ménages à cette dépense qui prend le pas sur les denrées et les médicaments de base. La consommation de qat a des incidences sur la santé : hypertension artérielle, déficit pondéral chez les enfants (quand les femmes enceintes mâchent du qat), cancer (qui provient de l’ingestion de résidus de pesticides) et maux dentaires. Sur le revenu total des consommateurs, près de 10 % en moyenne passent dans l’achat de ce psychotrope, qui demande à être mastiqué pendant plusieurs heures par jour. Cette habitude culturelle de chiquer du qat une grande partie de l’après-midi réduit le temps de travail de 25 % et nuit à la productivité du pays.
La consommation de qat nuit à la productivité et contribue directement à la pauvreté : Le temps que les Yéménites vouent à la mastication du qat est généralement employé dans le reste du monde à des tâches productives. Ce temps est considérable : deux à quatre heures par jour pour 36 % des Yéménites, quatre à six heures pour 35 % d’entre eux, voire plus de six heures pour 22 % ! Ils sont une majorité à penser que le qat accroît leur efficacité au travail à court terme ; un tiers d’entre eux indique cependant que celle-ci s’en retrouve diminuée le lendemain. Tous ou presque savent que l’achat de cette drogue onéreuse les conduit à se priver de denrées de base, de médicaments et de produits de première nécessité. Près de 94 % des non-consommateurs pensent que le qat grève le budget d’une famille, contre 77 % chez les consommateurs. Un chiqueur sur cinq doit malheureusement s’endetter pour financer sa dépendance.
La plupart des consommateurs jugent que le qat a des effets négatifs : Plus de 70 % des répondants ont décrit leur consommation comme une « mauvaise habitude », nuisant à l’économie et à l’image de leur pays. Ils disent vouloir se défaire de ce mauvais pli, mais n’y parviennent pas. Ils ont le sentiment de ne pas pouvoir arrêter seuls, invoquant la pression sociale ou une dépendance psychologique, sous l’effet d’un usage prolongé. Selon 53 % des hommes et 61 % des femmes, l’intervention des pouvoirs publics est nécessaire pour remédier à ce fléau.
Le qat joue un rôle majeur dans l’économie yéménite : En 2007, il entrait pour 6 % environ du PIB, représentait 10 % de la consommation des ménages et comptait pour un tiers du PIB du secteur agricole, employant un travailleur sur sept au Yémen. Principale culture de rapport, il génère de précieux revenus dans l’économie rurale, mais épuise les ressources en eau déjà rares, supplante la production de cultures vivrières et affaiblit les exportations agricoles. Pour juguler la consommation de qat, plusieurs mesures sont nécessaires, comme l’instauration d’un leadership, l’organisation d’une campagne de sensibilisation et de nouvelles orientations sociales et économiques.
Le qat est une drogue douce très répandue au Yémen et dans la corne de l’Afrique. La consommation excessive de cette feuille a des effets désastreux sur la santé, l’éducation et la productivité. Nous avions mis en lumière ce phénomène pour le Yémen, dans un rapport publié en 2007 ( voir ici). La situation est probablement tout aussi préoccupante aujourd’hui sinon pire. Voilà pourquoi il nous semble opportun de rappeler les principales conclusions de notre travail.
La consommation de qat s’est généralisée au Yémen : Jusqu’aux années 1960, chiquer du qat est un passe-temps occasionnel, auquel s’adonnent les plus riches. Aujourd’hui, une grande partie de la population yéménite mâche du qat plusieurs jours par semaine. Notre enquête de 2007 avait mis en lumière que 72 % des hommes et 33 % des femmes en consommaient régulièrement, sinon quotidiennement. La plupart commencent à l’adolescence (âge moyen constaté : entre 16 et 24 ans), sous la pression de leurs camarades. Dans notre enquête, 66 % des hommes et 72 % des femmes ont dit mâcher du qat parce que « tous mes amis et mes proches en consommaient ».
La généralisation de la consommation de qat a de graves répercussions : Le qat est associé à la malnutrition infantile et à l’insécurité alimentaire, en raison de la part consacrée par les ménages à cette dépense qui prend le pas sur les denrées et les médicaments de base. La consommation de qat a des incidences sur la santé : hypertension artérielle, déficit pondéral chez les enfants (quand les femmes enceintes mâchent du qat), cancer (qui provient de l’ingestion de résidus de pesticides) et maux dentaires. Sur le revenu total des consommateurs, près de 10 % en moyenne passent dans l’achat de ce psychotrope, qui demande à être mastiqué pendant plusieurs heures par jour. Cette habitude culturelle de chiquer du qat une grande partie de l’après-midi réduit le temps de travail de 25 % et nuit à la productivité du pays.
La consommation de qat nuit à la productivité et contribue directement à la pauvreté : Le temps que les Yéménites vouent à la mastication du qat est généralement employé dans le reste du monde à des tâches productives. Ce temps est considérable : deux à quatre heures par jour pour 36 % des Yéménites, quatre à six heures pour 35 % d’entre eux, voire plus de six heures pour 22 % ! Ils sont une majorité à penser que le qat accroît leur efficacité au travail à court terme ; un tiers d’entre eux indique cependant que celle-ci s’en retrouve diminuée le lendemain. Tous ou presque savent que l’achat de cette drogue onéreuse les conduit à se priver de denrées de base, de médicaments et de produits de première nécessité. Près de 94 % des non-consommateurs pensent que le qat grève le budget d’une famille, contre 77 % chez les consommateurs. Un chiqueur sur cinq doit malheureusement s’endetter pour financer sa dépendance.
La plupart des consommateurs jugent que le qat a des effets négatifs : Plus de 70 % des répondants ont décrit leur consommation comme une « mauvaise habitude », nuisant à l’économie et à l’image de leur pays. Ils disent vouloir se défaire de ce mauvais pli, mais n’y parviennent pas. Ils ont le sentiment de ne pas pouvoir arrêter seuls, invoquant la pression sociale ou une dépendance psychologique, sous l’effet d’un usage prolongé. Selon 53 % des hommes et 61 % des femmes, l’intervention des pouvoirs publics est nécessaire pour remédier à ce fléau.
Le qat joue un rôle majeur dans l’économie yéménite : En 2007, il entrait pour 6 % environ du PIB, représentait 10 % de la consommation des ménages et comptait pour un tiers du PIB du secteur agricole, employant un travailleur sur sept au Yémen. Principale culture de rapport, il génère de précieux revenus dans l’économie rurale, mais épuise les ressources en eau déjà rares, supplante la production de cultures vivrières et affaiblit les exportations agricoles. Pour juguler la consommation de qat, plusieurs mesures sont nécessaires, comme l’instauration d’un leadership, l’organisation d’une campagne de sensibilisation et de nouvelles orientations sociales et économiques.
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