Publié sur Voix Arabes

Yomken.com : une plateforme ouverte d’innovation et de financement

« Toute nation qui accède à la notoriété y parvient grâce à la science »
Gamal El-Din Al-Afghany (1832-97)

CMIDans un pays comme l’Égypte, confronté à une multitude de défis politiques et économiques, chacun est à l’affût de solutions innovantes. Tandis que le monde arabe est balayé par une vague de créativité et d’esprit d’entreprise incroyable, les micro- et petites entreprises (MPE) égyptiennes, qui opèrent souvent dans des secteurs de faible technologie, n’obtiennent pas tout l’appui qu’elles méritent pour rejoindre ce courant, alors même qu’elles jouent un rôle central dans la création d’emplois (elles sont plus de 3,5 millions et absorbent 40 % environ de la main-d’œuvre totale). Elles ne bénéficient d’aucune aide pour innover et s’en sortir face à une concurrence féroce sur les marchés internationaux.

Le fait que la plupart des MPE égyptiennes appartient au secteur informel pourrait expliquer, entre autres facteurs, cette absence de soutien des pouvoirs publics. Mais c’est aussi cette appartenance même qui nourrit l’innovation, en particulier dans le secteur manufacturier (14 % de toutes les MPE du pays). Pour la plupart de ces entités, leur activité consiste en général à fabriquer des produits à très faible valeur ajoutée. Or, comme le dit le proverbe, « la nécessité est la mère de l’invention ». Les MPE informelles se trouvent contraintes d’innover afin de pouvoir surmonter les innombrables obstacles qu’elles rencontrent, au premier rang desquels le manque d’accès aux financements. Ces innovations issues de la base ont le plus souvent un impact remarquable sur la rentabilité des MPE, soit parce qu’elles augmentent leurs ventes grâce au lancement de nouveaux produits, soit parce qu’elles accroissent l’efficacité des procédés de production. Et ce, quand bien même le système d’innovation égyptien est censé être « tiré par la technologie » plutôt que par la demande du marché.

ImageYomken.com (« C’est possible » en arabe) a été créé dans le but de capter et de formaliser cet esprit de Fahlawa— un terme égyptien qui désigne ce mariage d’ingéniosité, d’intuition, de bon sens et d’expérience — pour en faire une véritable source de productivité économique. Ce site entend aussi exploiter les savoirs de tous et donner un coup de pouce aux MPE informelles du secteur manufacturier à faible valeur ajoutée. Il les met en relation avec des étudiants, des ingénieurs, des chercheurs et d’autres détenteurs de connaissances et de compétences pour les aider à résoudre les multiples problèmes qu’elles rencontrent.

Quel est son mode de fonctionnement ?

Yomken repose sur un modèle d’innovation ouvert qui consiste à solliciter des solutions au sein de la communauté Internet élargie sur un problème donné (de la conception d’un produit à la fabrication de petites machines de production…). Mais, au delà de cette fonctionnalité de crowdsourcing, Yomken sert aussi de plateforme de crowdfunding en permettant aux MPE et aux jeunes entrepreneurs innovants de lever des fonds afin de démarrer une activité et de commercialiser leurs produits : c’est un système de financement participatif qui propose à des clients en ligne de précommander les produits pour atteindre les objectifs de financement.

Le projet Yomken a bénéficié de capitaux d’amorçage du Fonds d’innovation pour la jeunesse de la Banque mondiale (a), destinés à former des bénévoles et à concevoir la plateforme. Il est né d’un rapport à paraître prochainement, qui a été produit par le Centre pour l’intégration en Méditerranée (CMI) et porte sur la transformation des économies arabes par le savoir et l’innovation (Transforming Arab Economies: Traveling the Knowledge and Innovation Road, Banque mondiale, 2013).

Le projet est parvenu au terme de sa phase pilote et a été confié à l’initiative Istebdaa’ (une entreprise sociale égyptienne) qui en assurera à l’avenir l’administration. Au vu du succès de la phase pilote — un projet sur trois a trouvé des financements participatifs et deux problèmes sur trois ont été résolus —, la plateforme cherche à tisser des partenariats avec différentes ONG locales pour développer son activité à l’échelon national et pourquoi pas, à terme, régional.

Le Centre pour l’intégration en Méditerranée (CMI) est un dispositif de collaboration dont l’objectif est de faciliter l’accès aux meilleures connaissances et pratiques tout en suscitant une assistance parmi les institutions publiques et indépendantes en vue d’améliorer la coopération, le développement durable et la convergence des politiques dans la région méditerranéenne. Pour plus d’informations : www.cmimarseille.org

Pour en savoir plus sur Yomken, contacter Tamer Taha (telsayedtaha@worldbank.org).
Facebook: facebook.com/yomkencom | Twitter: @Yomkencom

 



Auteurs

Tamer Taha

Analyste au Centre pour l’intégration en Méditerranée

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