Le rideau se lève sur la plus grande centrale solaire à concentration du monde

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Avec une capacité de 500 MW, d'ici 2018 la centrale thermoélectrique de Noor-Ouarzazate devrait fournir de l'électricité à 1,1 million de Marocains. Photo: Banque mondiale


Si vous n’avez jamais entendu parler de l’énergie solaire concentrée, sachez que cette technologie est promise à un bel avenir. Moins connu que d’autres sources d’énergie renouvelable, elle n’en possède pas moins un fort potentiel de développement : selon l'Agence internationale de l’énergie, le CSP (pour concentrated solar power) pourrait être à l’origine de 11 % de la production mondiale d’électricité d’ici 2050. 
 
C’est une révolution qui s’annonce, qui placera les pays émergents et en développement du monde entier sur la voie d’une croissance sobre en carbone. Et le Maroc en a pris la tête : cette semaine, le roi Mohamed VI inaugure officiellement la première phase de ce qui sera à terme la plus grande centrale solaire à concentration du monde — le futur complexe de Noor s’étendra sur une superficie égale à celle de Rabat, la capitale marocaine.
 
En collaboration avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, les Fonds d’investissement climatiques (FIC) ont déjà fourni 435 millions de dollars en faveur de ce complexe solaire dont le développement se déroulera en trois phases.

En 2018, le complexe solaire de Noor devrait produire plus de 500 mégawatts (MW) d’électricité, ce qui permettra d’alimenter 1,1 million de Marocains, tout en réduisant les émissions de carbone de 760 000 tonnes par an. Avec la perspective, un jour, de commencer à exporter de l’énergie vers le marché européen.
 
Ce projet va favoriser l’indépendance énergétique du Maroc et accroître la capacité installée de ses centrales solaires de 22 MW en 2013 à 372 MW en 2018. Il va aussi créer 200 emplois quand le complexe sera en exploitation et 1 600 emplois pendant les travaux de construction.
 
Les grands gagnants seront les usagers marocains, de même que les entreprises et les industries du pays (transport, agriculture et bien d’autres encore), qui bénéficieront non seulement d’un meilleur approvisionnement en électricité mais aussi d’une électricité plus propre.
 
Mais quelle est la singularité du CSP par rapport aux autres formes d’énergie solaire ? Cette technologie repose sur des miroirs de 12 mètres de hauteur qui concentrent l’énergie solaire pour faire tourner des turbines qui génèrent de l’électricité. Elle permet donc d’assurer un approvisionnement en électricité fiable et à grande échelle même lorsque le soleil ne brille pas.
                                                                                                                           
Toutefois, en dépit des espoirs que le CSP suscite, sa capacité de production à l’échelle mondiale est encore loin d’être à la hauteur de son potentiel. Son coût élevé ainsi que le nombre limité de projets pilotes dissuadent les investisseurs de miser sur cette technologie, en particulier dans les marchés émergents à risque. D’où l’intérêt de soutenir des initiatives comme celle menée au Maroc, dont la réussite prouve que le CSP offre des opportunités d’investissement viables.
                                                                                                                                          
En Afrique du Sud, en collaboration avec IFC, les FIC appuient la construction des premières centrales CSP d’Afrique subsaharienne avec un financement de 330 millions de dollars, qui a aidé à mobiliser d’autres fonds publics et privés. Un de ces projets est le projet Kaxu Solar One. Pendant sa phase de construction, la centrale de « KaXu» a crée plus d’un millier d’emplois dans le Cap du Nord, une province pauvre d’Afrique du Sud qui souffre d’un fort taux de chômage chez les jeunes. La centrale devrait fournir de l’électricité à 80 000 ménages sud-africains et réduire les émissions annuelles de CO2 d’environ 250 000 tonnes, soit l’équivalent du volume produit par près de 53 000 voitures.

Noor, KaXu, il ne s’agit là que de deux exemples du rôle des financements concessionnels alloués par les FIC et de leur capacité à mobiliser d’autres ressources, auprès d’autres banques  multilatérales de développement comme la Banque mondiale et l’IFC, et à contribuer ainsi à faire baisser le coût de l’investissement dans le CSP.
 
Selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), les perspectives de réduction des coûts sont particulièrement prometteuses pour le CSP. Compte tenu de leur déploiement encore très limité mais de leur fort potentiel, le coût des centrales CSP à tour devrait diminuer considérablement dès 2020 si leur expansion s’accélère.
 
Le monde entier est confronté à la nécessité de satisfaire durablement la demande énergétique mondiale. Aujourd’hui, le Maroc fait la démonstration du rôle crucial que peuvent jouer les énergies renouvelables dans les économies émergentes en les aidant à produire plus d’électricité, à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à stimuler les investissements privés locaux. L’avenir du CSP s’annonce aussi étincelant que les miroirs qui brillent dans le désert marocain.


Auteurs

Mafalda Duarte

Head of the Climate Investment Funds

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