Exemples de succès de déploiement de l'enseignement et de l'apprentissage en réponse à la COVID-19

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En cas de crise, les inégalités ont tendance à se creuser. La pandémie de coronavirus (COVID-19) a mis en évidence l'écart entre les systèmes éducatifs qui disposent déjà d'une solide plateforme de solutions pour dispenser un enseignement à distance et ceux qui n'en disposent pas. Ces écarts soulignent les disparités d'accès à l'électricité, à internet et aux appareils.  Bien que ceux-ci soient considérés comme les principaux défis, il existe toute une série de lacunes supplémentaires qui se manifestent même lorsque l'infrastructure de base est disponible.

Tout d'abord, la COVID-19 a mis en évidence une importante fracture numérique dans la manière d'utiliser la technologie de façon pédagogique pour améliorer l'enseignement et l'apprentissage. En outre, nous constatons que la fracture numérique des écoles fait la distinction entre les établissements d'enseignement qui sont de simples fournisseurs de contenu et ceux qui peuvent maximiser l'apprentissage en offrant bien plus qu'un accès à du matériel pédagogique (en ligne et via la radio ou la télévision). Ce dernier fossé permet de déterminer si une école a la capacité de proposer des séquences d'apprentissage numérique bien planifiées et soigneusement sélectionnées, ainsi que des mécanismes de suivi appropriés.  L'accent devrait être mis non seulement sur la fourniture de ressources, mais aussi sur l'engagement et le retour d'information actif - une situation où, au lieu de simplement maximiser le temps passé en ligne, les éducateurs donnent la priorité à la qualité de l'expérience d'apprentissage.

Les actions visant à minimiser l'impact des fermetures d'écoles peuvent être planifiées à court terme (mode d'urgence) ou comme des solutions à moyen et long terme (permettant la résilience, la récupération et la réforme du système éducatif). Cependant, dans les environnements à faibles ressources, l'action d'urgence finit souvent par être la solution de facto. Pourquoi les systèmes éducatifs n'adopteraient-ils pas des solutions éprouvées qui peuvent non seulement minimiser les conséquences du COVID-19, mais aussi construire de meilleures infrastructures pour l'éducation à l'avenir ?

Les trois exemples ci-dessous illustrent comment réduire les inégalités d'apprentissage actuelles et (potentiellement) futures. Ces expériences nationales sont organisées en trois catégories : la conservation et la classification des contenus; les technologies évolutives; et les pédagogies numériques.

Contenu issu du crowdsourcing, conservation et classification:

Le Ministère espagnol de l'Éducation, par l'intermédiaire de l'Institut National des Technologies Éducatives et de la Formation des Enseignants (INTEF), en partenariat avec la Société de Radio et de Télévision Espagnole (RTVE) et en collaboration avec différents éditeurs, a rassemblé en un temps record une sélection complète de ressources éducatives, destinées à être diffusées à la télévision et disponibles en ligne. Les principales étapes ont été les suivantes:

1) Exploiter le contenu existant plutôt que d'en créer à nouveau. Dans un premier temps, l'équipe espagnole a rassemblé tous les contenus éducatifs déjà mis à disposition par l'administration. Ensuite, les principaux éditeurs ont été invités à partager leur matériel pédagogique (principalement des vidéos courtes). En outre, des ressources d'apprentissage numériques ont été collectées auprès d'autres sources telles que les médias sociaux (vidéos d'enseignants YouTuber populaires).

2) Classer et catégoriser les ressources. Deux équipes d'éducateurs (pour le primaire et le secondaire) ont révisé, sélectionné et validé les ressources. Ce processus a non seulement porté sur l'utilité des ressources, mais les a également alignées sur le plan national (structuré par âge et par matière). Compte tenu des circonstances d'urgence et de la nécessité d'agir rapidement, des contrôles de qualité souples ont été appliqués. 

3) Partage des ressources sur plusieurs canaux. Les ressources éducatives sont désormais diffusées cinq heures par jour via la télévision publique (trois heures dans "Educlan" et deux dans "La 2", de RTVE) et en ligne (à la demande). Les apprenants (et les enseignants) peuvent soit regarder la télévision aux heures qui correspondent à leur âge et à leur niveau, soit accéder à ces ressources en ligne. 

Jusqu'à présent, les résultats sont très prometteurs. Près de 40 % des élèves âgés de 6 à 10 ans regardent Educlan, ce qui double et triple l'audience de la chaîne.

L'un des principaux enseignements tirés est qu'une communication constante est essentielle : les institutions publiques et privées sont en contact permanent entre elles et avec les communautés d'éducateurs et les associations (qui fournissent des ressources supplémentaires). Les prochaines étapes consisteront à combler les lacunes en produisant le contenu spécifique qui fait défaut et à renforcer l'interaction avec les élèves et leur participation.

Plus d'informations disponibles dans le podcast où l'équipe espagnole partage son expérience (à télécharger ici).

Des technologies évolutives pour toucher tout le monde:

Depuis plus de 50 ans, le Mexique promeut la télévision éducative (Telesecundaria), offrant un apprentissage à distance par le biais de la télévision par satellite au profit d'écoles à plusieurs niveaux. Le modèle pédagogique combine de courtes vidéos éducatives (5 à 30 minutes), soutenues par des sessions utilisant des plans de cours et du matériel d'apprentissage. Le modèle Telesecundaria se distingue des autres modèles d'enseignement car un professeur enseigne toutes les matières de chaque niveau, comme à l'école primaire mais avec des vidéos.

Telesecundaria touche 21,4 % du total des inscriptions dans le secondaire au Mexique (1,3 million d'étudiants et 72 000 enseignants). Cette modalité est particulièrement efficace pour les communautés qui n'ont pas d'accès régulier à l'internet, ce qui permet d'autonomiser les populations éloignées, rurales et marginalisées. Aujourd'hui, elle est également utilisée par des apprenants dans d'autres pays d'Amérique centrale, aux États-Unis et au Canada. 

Pour faire face à la crise actuelle, le Ministère mexicain de l'Éducation a annoncé qu'il allait étendre les télé-conférences du niveau préscolaire, primaire, secondaire, jusqu’au supérieur. Les supports multimédias sont structurés par types de contenus et par matières et sont diffusés par la télévision gratuite et par câble (également en ligne). Le programme comprend également du matériel destiné aux enseignants et aux parents. Telesecundaria a été utilisé par une organisation partenaire qui diffuse ces leçons par satellite pour atteindre d'autres pays hispanophones.

Des pédagogies numériques flexibles:

Depuis 2012, l'Uruguay a adopté un modèle innovant intégrant l'enseignement à distance en direct de l'anglais comme deuxième langue, connu sous le nom de Ceibal en Inglés. L'anglais est enseigné dans les écoles publiques par vidéoconférence. Le projet implique un enseignant à distance et un enseignant en classe. Chaque semaine, les élèves se connectent avec un enseignant à distance qui enseigne à sa classe par vidéoconférence. Deux fois par semaine, les élèves travaillent sur des devoirs en utilisant une plateforme d'apprentissage en ligne. Cette initiative a été mise en œuvre en partenariat entre le gouvernement de l'Uruguay et le British Council. Elle touche 80 000 enfants de la 4e à la 6e année et plus de 17 000 élèves de la 7e à la 12e année. Les résultats sont prometteurs : les enfants obtiennent de meilleurs résultats aux examens nationaux d'anglais.

Pendant la crise, le programme a été adapté aux nouvelles circonstances. Une combinaison de courtes vidéos et d'activités de suivi est réalisée chaque semaine par la biais de la plateforme nationale d'apprentissage en ligne. Les enseignants à distance travaillent avec les élèves en utilisant différentes plateformes pour interagir. Ces adaptations ne se limitent pas aux outils de téléprésence. Désormais, les éducateurs adaptent le contenu en fonction des objectifs que les apprenants doivent atteindre. L'étape suivante consiste à adapter les plans de cours à la nouvelle situation, en veillant à ce qu'en plus de l'accès au contenu, l'apprentissage soit aussi une question d'échanges, d'interactions et de connexions humaines.

Pour plus d'informations : télécharger le podcast.

Ces exemples montrent qu'il est essentiel de concevoir des solutions EdTech évolutives capables d'offrir un bon équilibre entre la fourniture de matériel pédagogique, l'accès à des mécanismes multicanaux et un soutien constant pour enrichir l'expérience d'enseignement et d'apprentissage. Les pays adoptent des stratégies flexibles pour maintenir l'apprentissage dans cette nouvelle normalité. Un soutien et un suivi appropriés seront essentiels pour s'assurer que les innovations mises en œuvre ne concernent pas seulement la fourniture de contenu mais aussi l'enrichissement de l'expérience d'apprentissage. Cela permettra de faire face à la crise, mais aussi de créer des capacités institutionnelles résilientes pour relever les défis futurs.

Pour d'autres ressources utiles préparées par l'équipe EdTech de la Banque mondiale, visitez le site Remote Learning, EdTech & COVID-19.

Nous remercions tout particulièrement Emanuela Di Gropello, Robert J. Hawkins et Helena Rovner pour leurs commentaires et leur soutien, et Sarah Helena Ady Kleinmann pour la version française.


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