La formation professionnelle sauve des vies. Des jeunes du Tchad nous ont expliqué pourquoi.

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Halimé Abdoulaye surrounded by her trainees at Lys Spa. Halimé Abdoulaye surrounded by her trainees at Lys Spa.

J'ai rencontré récemment à N’Djamena (Tchad) Grâce Yanlom Ndôtam, une mère célibataire de 22 ans, et Lauriane Kaïnoudji, 24 ans, une orpheline qui élève sa fille. Elles font partie d'un groupe qui suit une formation en coiffure, esthétique et massage au Lys Spa. Un groupe de missionnaires de la Banque mondiale a visité ce salon de beauté, et ce, dans le cadre d'une mission de soutien à la mise en œuvre d'un projet de développement des compétences et d'employabilité financé par l'IDA. Nous avons entendu leurs histoires marquées par l’adversité et la résilience, ainsi que le pouvoir de l'éducation pour changer des vies.

Halimé Abdoulaye, la propriétaire de Lys Spa, m'a expliqué que la vie de la plupart des apprenties avait été marquée par des épreuves. Orphelines, veuves ou mères célibataires, les circonstances les ont amenées à abandonner l'école et à limiter leurs perspectives en matière d'emploi.

Selon une récente enquête de la Banque mondiale, le système éducatif tchadien est confronté à de nombreux défis, notamment le manque d'infrastructures et de ressources de qualité, et l'absentéisme des enseignants. L'Enquête à indicateurs multiples de l'UNICEF sur les femmes et les enfants de 2019 a révélé qu'environ 1,6 million d'enfants en âge d'aller à l'école primaire n'étaient pas scolarisés et que ceux qui allaient à l'école n'obtenaient que de mauvais résultats. En conséquence, la pauvreté des apprentissages au Tchad est de 94 %, ce qui est l’un des taux les plus élevés au monde. Cela signifie que moins d'un enfant sur 10 sait lire un texte simple à l'âge de 10 ans.

Les bénéficiaires partagent leurs points de vue sur les avantages d'un programme d'apprentissage des jeunes au Tchad. Copyright: Erick Rabemananoro, World Bank Group


Combler les lacunes en matière d'expérience et de connaissances

Avec le soutien de la Banque mondiale, le gouvernement cherche à améliorer les opportunités pour les jeunes Tchadiens grâce à un programme qui offre une formation en apprentissage. Actuellement, 807 stagiaires bénéficient gratuitement de ce programme de formation gratuite dans divers domaines, notamment la coiffure, l'esthétique ou la couture - comme le font Grâce, Lauriane et Mama - mais aussi l'électricité, les services hôteliers, la mécanique et la menuiserie.

Immensément populaire, ce programme a vu 8 000 jeunes Tchadiens s’inscrire dans les deux jours qui ont suivi l'annonce du programme à la radio. Les deux tiers des stagiaires sont des jeunes hommes, comme Mama Mahamat, un jeune homme de 18 ans originaire d'une zone rurale située à 45 kilomètres de N'Djamena. L'enseignement qu'il a reçu dans une école coranique ne lui a pas permis d'acquérir les compétences de base en matière de calcul et d'alphabétisation, et encore moins les compétences nécessaires pour le marché du travail. Personne n’exerce le métier de tailleur dans son village, ce qui lui offre une occasion exceptionnelle de créer et de développer sa propre entreprise à l'issue de sa formation.

La formation allie connaissances théoriques et expérience pratique grâce à un réseau de plus de 250 entrepreneurs locaux comme Radjé Dingaogolo. Ce dernier accueille 15 stagiaires, pour la plupart des femmes, dans son hôtel de Youdoudou. Il m’a expliqué qu'il considérait le programme comme un investissement fructueux. Il a l'intention de développer son entreprise et s’attend à ce que les stagiaires qu’il accueille forment sa future main-d'œuvre qualifiée. Cette initiative répond directement à de nombreux problèmes au Tchad, notamment en offrant des possibilités d'emploi, en favorisant l'accès à l'éducation et en promouvant l'égalité en matière de genre.

Les apprentissages offrent une bouée de sauvetage

Au-delà des statistiques, l'impact de ce programme est profondément humain, comme en témoigne l'attitude positive et tournée vers l'avenir des participants. Il offre une bouée de sauvetage aux jeunes qui, pour diverses raisons, ont abandonné l'école ou n'ont pas pu la fréquenter. Lauriane m'a confié que le programme lui avait redonné confiance en son avenir. Elle nourrit désormais l'ambition d'ouvrir son propre salon de beauté à l'issue de la formation, ce qui illustre le potentiel transformateur de cette initiative en matière d'autonomisation des individus, ainsi que le potentiel de la formation professionnelle en tant que filet de sécurité.

La formation professionnelle peut véritablement changer la vie. Faites passer le message en partageant cette histoire et en plaidant pour la formation professionnelle dans votre propre pays. Elle peut permettre à des personnes comme Grâce, Lauriane et Mama de façonner leur propre avenir.

Nous remercions tout particulièrement Zacharie Ngueng et Harisoa Rasolonjatovo d'avoir rendu ce reportage possible.

 

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Auteurs

Erick Rabemananoro

Chargé des relations extérieures

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