Cartes OpenStreetMap montrant Port-au-Prince (Haïti) le 12 janvier 2010 et le 30 janvier 2012
Images : Mikel Maron
Avec le lancement cette semaine du guide pratique fournissant des conseils pour planifier un projet de cartographie Open Cities, il nous a semblé important de revenir sur les accomplissements qui ont inspiré l'équipe Open Cities.
Cela fait maintenant plus de quatre ans et demi que le séisme du 12 janvier 2010 a dévasté l'un des pays les plus vulnérables de l'hémisphère occidental. Ce jour-là, peu avant 17 h 00 heure locale, un tremblement de terre de magnitude 7 a frappé Haïti, avec un épicentre situé à proximité de la ville de Leogane, à environ 30 kilomètres à l'ouest de Port-au-Prince, la capitale du pays. Conçues pour résister aux ouragans, les lourdes constructions en blocs de béton de la capitale se sont effondrées comme un château de cartes, causant un très grand nombre de morts et de blessés. On estime aujourd'hui à plus de 40 000 le nombre de personnes qui ont perdu la vie et à plus de 1 million celles qui ont dû fuir. Jusqu'à 40 % des fonctionnaires haïtiens ont été blessés ou tués, et la plupart des bâtiments administratifs ont été endommagés ou totalement détruits. En collaboration avec des pays donateurs et d'autres organisations internationales, la Banque mondiale a alors lancé l'une des plus grandes opérations de secours et de reconstruction de l'Histoire.
Dans le cadre de cette tragédie, dont le pays ne s'est pas encore remis, on a également assisté à de formidables manifestations de volontarisme et d'innovation. En particulier, les efforts déployés par la communauté OpenStreetMap se distinguent non seulement par leur impact au moment de la catastrophe, mais également par le fait qu'ils ont irrémédiablement transformé la manière dont sont menés les programmes de cartographie appliqués à la gestion des risques de catastrophe.
Dès les premiers jours qui ont suivi le séisme, la Banque mondiale, en collaboration avec des acteurs de premier plan du secteur de l'imagerie satellite tels que Digital Globe, GeoEye et Spot, a publié des images satellite haute résolution en utilisant des licences ouvertes qui facilitent la distribution et l'utilisation à grande échelle des données. Cette soudaine disponibilité publique d'images de très haute qualité du territoire haïtien a eu un effet catalyseur qui a conduit à une mobilisation mondiale pour cartographier le pays. Plus de 450 bénévoles issus de 29 pays de l'organisation OpenStreetMap ont utilisé ces images pour numériser les routes, les bâtiments et d'autres données géographiques d'Haïti, créant ainsi en quelques semaines seulement la carte la plus détaillée du pays ayant jamais existé. Celle-ci est rapidement devenue la référence de fait pour bon nombre des organisations impliquées dans les opérations de secours et de reconstruction.
L'organisation OpenStreetMap (OSM) a été créée au Royaume-Uni en 2004 par des développeurs de logiciels qui ressentaient une certaine frustration vis-à-vis des restrictions d'utilisation liées aux données Google Maps et à celles de l'agence de cartographie nationale. En 2010, elle était devenue une communauté mondiale comptant des centaines de milliers de membres. L'idée de recourir à OSM pour répondre aux catastrophes avait déjà été évoquée, mais c'est la première fois que la communauté s'est mobilisée de façon aussi organisée et à si grande échelle.
En mars 2010, des représentants d'une nouvelle organisation nommée HOT (Humanitarian OpenStreetMap Team) se sont rendus à Port-au-Prince pour approfondir l'intégration d'OSM aux opérations de secours et de reconstruction, ainsi que pour favoriser le développement d'une communauté de cartographie locale à Haïti. Avec l'appui d'un large éventail d'organisations, dont la Banque mondiale, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et la Croix-Rouge américaine (CRA), HOT a poursuivi son partenariat avec la communauté OSM haïtienne pour générer les données spatiales ouvertes qui sont cruciales pour guider les activités de développement dans le pays.
Depuis le séisme haïtien, HOT et la Banque mondiale ont collaboré pour faire profiter de nombreux autres pays (notamment l'Indonésie, les Philippines et le Malawi) des avantages qu'offrent les projets de cartographie communautaires et ouverts pour relever les défis liés au renforcement de la résilience aux catastrophes naturelles et aux conséquences du changement climatique. HOT est un partenaire essentiel du projet Open Cities : la communauté a coécrit le guide Open Cities et apporté un soutien direct à des activités de cartographie menées au Sri Lanka et au Bangladesh. C'est à Haïti qu'a été démontrée pour la première fois toute la valeur d'OpenStreetMap en tant que plateforme collaborative de données en libre accès pour la gestion des risques de catastrophe. Depuis, la communauté d'organisations et d'individus qui œuvrent dans ce domaine s'est énormément développée et a accompli des choses incroyables. Réfléchir aux origines de ces accomplissements et aux enseignements qui ont été tirés en chemin sera essentiel pour planifier le futur du projet Open Cities.
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