Quand la pluie ne tombe pas, les gens meurent de faim.
De nombreux agriculteurs au Sahel (et ailleurs dans le monde) connaissent bien cette situation, alors que le changement climatique ne fait qu’aggraver les choses. Et pourtant, lors d’une récente visite à Garin Madougou, un village du district de Dokoro, au Niger, nous avons pu constater qu’absence de pluie ne rimait pas forcément avec insécurité alimentaire.
Les paysans de Garin Madougou ne semblent pas souffrir de la pénurie de précipitations et leurs exploitations sont florissantes. Nous avons passé deux jours avec Adamou Dan Ja, agriculteur retraité et père de famille. Il nous a fait admirer les champs couverts de manioc et de mil là où, quelques années auparavant, le sol était sec, poussiéreux et stérile.
Deux épisodes de pluie ont suffi, selon lui, à faire pousser le manioc, tandis que les semences améliorées de mil permettent une croissance plus rapide avec moins d’eau. Notre guide nous raconte qu’il est devenu entrepreneur et peut embaucher des gens en dehors de sa famille pour s’occuper des terres. Et il partage avec les autres villageois des boutures de manioc, des semences de mil améliorées et de la nourriture.
Les nombreuses chèvres et poules qui déambulent dans le village témoignent d’une prospérité accrue et de populations plus résilientes. Le bruit cadencé du pilon que manipulent femmes et filles pour broyer les graines de mil rappelle aussi que les habitants ont de quoi se nourrir en quantité. L’insuffisance alimentaire appartiendra bientôt au passé.
Les agriculteurs de cette communauté rurale sont la preuve de l’utilité des systèmes de gestion durable des moyens de subsistance pour renforcer la résilience aux chocs climatiques.
C’est le principe du programme pilote pour la résilience climatique (PPCR) , qui aide les agriculteurs à adapter leurs pratiques culturales à l’évolution des régimes de précipitations à travers le projet d’actions communautaires pour la résilience climatique (CAPCR). Au Niger, le CAPCR fournit des semences résistantes et apprend aux agriculteurs à innover pour mieux gérer les apports d’eau dans leurs champs. Résultat, dans les zones couvertes par le projet, on observe des rendements supérieurs d’environ 82,6 % et 45 % pour les cultures et le fourrage, respectivement, par rapport à des sites aux caractéristiques agroécologiques similaires.
Grâce à un financement de 63 millions de dollars alloué en 2011 par le PPCR (dans le cadre des Fonds d’investissement climatiques) et à un financement additionnel de pratiquement 9 millions de dollars approuvé cette année, les retombées du projet s’étendent bien au-delà des agriculteurs. Le prochain objectif de la Banque mondiale consistera à rapprocher les agriculteurs des marchés pour qu’ils puissent écouler leurs récoltes, créant ainsi de nouvelles sources de revenu tout en multipliant les perspectives agroindustrielles.
Le Niger n’est pas le seul pays où les paysans bénéficient de pratiques agricoles à l’épreuve du climat : en Zambie, le projet de renforcement de la résilience climatique, doté de 36 millions de dollars, apporte des ressources pour draguer les canaux du sous-bassin du fleuve Zambèze, dans le Barotseland. Le but est de renforcer la résilience des systèmes traditionnels d’irrigation et de les adapter au changement climatique.
Depuis que les ressources en eau dans le district de Nalolo sont mieux gérées, Saasa Dorcas et plus de 2 000 autres villageois notent un changement. Elle raconte comment, avant, le sol était une vraie éponge à cause des inondations régulières, ce qui compliquait la culture des légumes, du manioc et du maïs qu’elle devait vendre pour nourrir sa famille. Aujourd’hui, sur l’ensemble du bassin versant, on observe une amélioration des rendements des agriculteurs, mais aussi des pêcheurs.
Enfin, le renforcement de la résilience passe également par des mesures de prévention, pour limiter l’impact de futures sécheresses ou inondations. Récemment, le PPCR a financé des interventions axées sur la technologie, avec le développement expérimentale d’un outil de suivi des sécheresses et d’une plateforme électronique sur les services climatiques.
Les succès que le Niger et la Zambie sont parvenus à obtenir face à la sécheresse, en améliorant la gestion de l’eau et des terres, sont autant d’exemples éloquents dont les autres pays exposés au changement climatique peuvent s’inspirer pour renforcer leur résilience.
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