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De Londres à Abidjan et Accra: votre chocolat, sans déforestation

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Photo: World Cocoa Foundation.


Depuis cinq ans, la communauté internationale observe la Journée internationale des forêts le 21 mars. Cette journée est l'occasion de rendre hommage aux forêts et aux arbres en se rappelant les nombreux bénéfices économiques et sociaux qu’ils apportent à l'humanité. Depuis que je suis devenu président de la Fondation mondiale du cacao en juillet 2016, j'ai accordé beaucoup d'attention aux forêts d'Afrique de l'Ouest, première région de production mondiale de cacao. Ces forêts tropicales, et d'autres dans le monde entier, jouent un rôle indispensable dans la lutte contre le changement climatique en stockant du carbone. Elles répondent également à des besoins vitaux au niveau local, en régulant les températures, en aidant à générer des précipitations et en purifiant l'air et l'eau. Des forêts saines aident les communautés rurales à prospérer. Le paradoxe est que, au cours des dix dernières années, ces forêts indispensables ont été abattues à un rythme alarmant en Côte d'Ivoire et au Ghana. Les producteurs de cacao, confrontés à des défis tels que la baisse des prix, le changement climatique et la faible productivité, veulent augmenter la superficie des terres sur lesquelles ils cultivent le cacao. La cacaoculture, essentielle pour produire une de nos gourmandises favorites, le chocolat, est maintenant considérée comme un facteur majeur de déforestation dans ces pays.

Pour déguster sans culpabiliser notre douceur préférée, il faut qu’elle devienne « forêt responsable ». Mais comment y parvenir ? Le secteur du cacao et du chocolat s'est associé aux gouvernements de Côte d'Ivoire et du Ghana, ainsi qu'à des partenaires au développement comme la Banque mondiale, des organisations de la société civile, des groupements de producteurs et d’autres encore pour trouver des solutions durables qui tiennent compte des préoccupations environnementales mais aussi des moyens de subsistance des producteurs de cacao. Notre effort s'appelle l'Initiative Cacao & Forêts.
 
L’élaboration de l'Initiative Cacao & Forêts a commencé en mars 2017, lors d'un événement organisé à Londres par le prince de Galles. La réunion a mis en ordre de marche un processus qui a permis de développer un Cadre d’actions communes, signé à la Conférence des Nations Unies sur le climat à Bonn en novembre 2017. Ce cadre contient des engagements spécifiques de la part des gouvernements ivoirien et ghanéen et d’une vingtaine d’entreprises de la chaîne d'approvisionnement du cacao pour lutter contre la déforestation et la dégradation des forêts.
 
Au début de l'année 2018, j'ai participé à Abidjan à un atelier de l'Initiative Cacao & Forêts convoqué par Alain-Richard Donwahi, ministre des Eaux et Forêts de la Côte d'Ivoire, et d'autres hauts fonctionnaires du gouvernement. Nous avons réalisé des progrès significatifs dans la mise en œuvre de ces actions communes dans les régions de culture du cacao en Côte d'Ivoire.
 
Au Ghana, le vice-ministre des Terres et des Ressources naturelles, Benito Owuso-Bio, a récemment introduit Climate Smart Cocoa Production (Production de cacao adapté aux changements climatiques), une initiative encourageant les agriculteurs à planter des semences améliorées et à augmenter le nombre d'arbres forestiers poussant avec le cacao. Il a également marqué son soutien aux actions visant à éliminer les activités forestières et minières illégales, deux questions d'une importance cruciale dans la lutte contre la déforestation en Afrique de l'Ouest.
 
En moins de 12 mois, l'Initiative Cacao & Forêts a été le catalyseur des accords entre les gouvernements des deux principaux pays producteurs de cacao, les grandes entreprises de la chaîne d'approvisionnement du chocolat et du cacao et les organisations de la société civile. Rien de tout cela n'a été facile et les problèmes que nous essayons de résoudre sont souvent extrêmement compliqués. Néanmoins, nous avons établi une confiance mutuelle et adopté le principe clé de la responsabilité partagée pour les actions passées et les solutions futures.

Les réunions récentes à Abidjan et Accra marquent le début d’une nouvelle phase, encore plus difficile : mettre en place le calendrier, les responsabilités de chacun, et les prochaines étapes de mise en œuvre.

  1. Interdire et prévenir les activités de la filière du cacao qui causent ou contribuent à la la déforestation ou dégradation des parcs nationaux et réserves, forêts classées et forêts du domaine forestier protégé (domaine rural);
  2. Respecter les droits des producteurs de cacao, en particulier au travers de l’identification et la réduction des risques sociaux et de la mise en œuvre progressive des actions afin de minimiser les impacts préjudiciables potentiels sur les aspects sociaux et économiques;
  3. Promouvoir la restauration efficace et la conservation sur le long terme des parcs nationaux et réserves ainsi que des forêts classées ;
  4. Renforcer la cartographie de la chaîne d’approvisionnement, avec pour objectif final l’obtention d’une traçabilité totale jusqu’au niveau de la plantation ;
  5. Mettre en œuvre des actions tangibles et objectifs assortis de délais précis sur la base de données fiables, de méthodologies robustes et crédibles, de consultations de parties prenantes et d’un calendrier réaliste ;
  6. Mettre en œuvre les actions adoptées dans le contexte d’une approche territoriale plus vaste, en créant des liens forts avec des initiatives similaires sur d’autres productions agricoles, et en s’alignant pleinement sur la stratégie nationale REDD+ et les autres stratégies et plans nationaux pertinents;
  7. Travailler de concert avec le gouvernement et d’autres partenaires, à la mise en œuvre des actions du Cadre ainsi qu’à la mobilisation des ressources financières et de l’expertise technique requises ;
  8. Fournir un suivi et un compte-rendu efficaces des progrès réalisés au niveau des engagements et actions afin d’assurer transparence et responsabilité.

Au cours des prochains mois, la WCF et ses partenaires d’IDH Sustainable Trade Initiative seront mobilisés pour appuyer une structure de gouvernance de partenariat public-privé et des groupes de travail techniques et faire des propositions concrètes sur trois questions liées à la déforestation : protection et restauration des forêts, productivité et inclusion sociale. À chaque étape, des représentants du gouvernement, de la Banque mondiale et de nos entreprises membres sont consultés pour s'assurer que la soutenabilité du cacao, la santé de la planète et la prospérité des producteurs de cacao vont de pair.


Auteurs

Richard Scobey

Président de la Fondation mondiale du cacao

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