Nouveau pôle de croissance de l’économie mondiale, l’Afrique subsaharienne doit faire face à une demande grandissante de main-d’œuvre hautement qualifiée : techniciens, ingénieurs, professionnels de la santé, scientifiques, chercheurs…
Fort d’une croissance économique sans précédent depuis dix ans, le continent a attiré quantité d’investissements étrangers dans le secteur de l’énergie, les TIC, les industries extractives, le bâtiment ou les infrastructures.
Mais pour satisfaire cette demande de profils variés, les pays africains vont devoir consentir de nouveaux investissements dans l’enseignement supérieur et, notamment, dans les filières des sciences appliquées, de l’ingénierie et de la technologie. À l’heure actuelle, entre 20 et 25 % des étudiants sont inscrits dans les formations mathématiques et scientifiques, soit une part extrêmement faible, et rares sont les jeunes diplômés à posséder les compétences recherchées sur le marché du travail.
Chaque année, quelques centaines d’étudiants seulement obtiennent un doctorat en sciences appliquées et en ingénierie, et les femmes sont nettement sous-représentées dans la plupart des disciplines scientifiques et technologiques. L’enseignement technique et professionnel et les programmes de formation sont médiocres et peu attractifs. Sans compter l’absence de réseaux entre établissements. À l’échelle régionale — là où les échanges de connaissances sont vitaux pour assurer le développement — la collaboration entre pays subsahariens et partenaires extérieurs reste fragmentée, même si l’on observe des progrès avec certains pays d’Asie et d’Amérique latine.
Dans les dix prochaines années, 11 millions de jeunes Africains devraient accéder chaque année aux marchés du travail. Ils ne décrocheront pas d’emplois sans la montée en puissance du secteur privé, surtout dans l’agriculture et la technologie. Mais cette expansion entraînera une demande encore plus soutenue de travailleurs bien formés aux métiers de l’ingénierie et de la technologie. Il faut donc impérativement remédier à ce déficit de qualifications.
L’Asie de l’Est a su, au début des années 1990, miser massivement sur l’éducation et la création d’emplois, ce qui a permis à des pays comme la Chine, entre autres, d’opérer un véritable virage économique, et à des centaines de millions de personnes de s’extraire de l’extrême pauvreté. Les pays d’Afrique peuvent suivre cet exemple. Mais pour ce faire, ils doivent instaurer une collaboration entre pouvoirs publics, secteur privé, établissements de formation et partenaires au développement, au premier rang desquels les nouveaux venus que sont le Brésil, la Chine, la Corée et l’Inde.
Du 10 au 12 juin, le gouvernement du Sénégal et la Banque mondiale organisent un forum entre des pays africains et leurs nouveaux partenaires, dans le but d’entériner le Partenariat pour les sciences appliquées, l’ingénierie et la technologie (PASET). Des ministres de l’Éducation et des représentants de 12 pays africains retrouveront des experts du Brésil, de Chine, de Corée et d’Inde pour des échanges sur la manière de renforcer les compétences en Afrique et un partage d’outils pratiques.
Nous espérons que cette rencontre fertile en idées et points de vue contribuera à l’élaboration de solutions concrètes afin de remédier au déficit de compétences en Afrique. Notre objectif est que, dans dix ans, plus de pays africains se soient imposés sur les marchés mondiaux. Les pistes ne manquent pas : centres d’appels informatiques internationaux au Sénégal, petites entreprises au Botswana capables de transformer les vastes ressources naturelles du pays et de fournir les grandes multinationales minières, sociétés tanzaniennes exportant vers l’Asie, l’Europe et l’Amérique du Nord… L’Afrique doit devenir le berceau d’industries fondées sur la technologie et le savoir capables d’offrir des emplois de qualité à une jeunesse pleine de talents.
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