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Les centrales hydroélectriques Jiji et Mulembwe, moteurs de la croissance énergétique durable au Burundi

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Les centrales hydroélectriques Jiji et Mulembwe, moteurs de la croissance énergétique durable au Burundi Le barrage de Jiji. Photo : Appolinaire Nindorera

L’année 2025 s’annonce comme une année de transformation pour le secteur énergétique du Burundi. L’achèvement tant attendu des centrales hydroélectriques de Jiji et Mulembwe marque une étape importante dans la trajectoire du pays vers un développement durable et inclusif. Comme tous ceux qui ont œuvré à la construction de ces centrales, nous avons été remplis de joie et de fierté lorsque nous avons vu la première turbine de la centrale de Jiji commencer à tourner au début du mois de juin.

C’est avec impatience que nous avons observé l’augmentation du taux d’accès à l’électricité au niveau national. S’il est passé de 12 % à 26 % au cours des cinq dernières années, il reste toutefois inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne, qui s’élève à 51 %. La situation est plus grave en milieu rural, où l’accès est seulement à 2 %, ce qui limite considérablement le développement économique et social et le progrès du capital humain.

Pour relever ce défi, tous les regards sont tournés vers l’achèvement du Projet Hydroélectrique de Jiji et Mulembwe, cofinancé par la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, l’Union européenne et la Banque européenne d’investissement. Ce projet vise à (i) réduire directement le déficit actuel d’approvisionnement en électricité, (ii) diminuer la dépendance à une production d’énergie thermique coûteuse et polluante, et (iii) accroître le taux d’accès à l’électricité dans le pays.

Le Projet Hydroélectrique de Jiji et Mulembwe s’inscrit dans l’engagement stratégique du Burundi à accroître sa capacité en énergies renouvelables et à diminuer sa dépendance aux combustibles fossiles importés. D’une capacité totale de 49,5 mégawatts, les centrales hydroélectriques de Jiji et Mulembwe porteront la capacité de production énergétique du Burundi à 200 mégawatts et joueront un rôle crucial dans le Pacte énergétique du Burundi, dans le cadre de la « Mission 300 », une initiative conjointe de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement visant à étendre l’accès à l’électricité à 300 millions de personnes supplémentaires en Afrique subsaharienne d’ici 2030.

La valeur ajoutée de Jiji et Mulembwe
Lors de notre récente visite, nous avons voyagé pendant quatre heures depuis Bujumbura, la capitale économique du Burundi, pour rejoindre le site des centrales hydroélectriques de Jiji et Mulembwe à Matana, dans la Province de Bururi. Nous avons été impressionnés par l’envergure des installations hydroélectriques comme par leur modernité. Le site comprend deux centrales hydroélectriques au fil de l’eau : Jiji, d’une capacité de 32,5 mégawatts (MW), et Mulembwe, d’une capacité de 17 MW. Ces deux rivières ont été choisies en raison de leurs débits relativement égaux (environ 9 m³/s chacune) et de leur situation sur un terrain montagneux escarpé qui facilite la chute des eaux nécessaire à la production hydroélectrique.

À l’instar d’autres centrales électriques, les infrastructures comprennent également des lignes de transport à haute tension qui traversent les terres verdoyantes du Burundi, ainsi que cinq postes associés conçus pour évacuer efficacement l’électricité produite et renforcer le réseau national. Ces installations amélioreront considérablement la fiabilité de l’approvisionnement et de l’accès à l’électricité dans la région.

La centrale électrique comprend six turbines. Le chef de projet nous a expliqué qu’une fois pleinement opérationnelles, Jiji et Mulembwe produiront 235 gigawattheures d’énergie propre et renouvelable par an, assez pour alimenter 15 000 foyers, 7 000 entreprises et 1 700 installations industrielles.

Ensemble, ces centrales devraient augmenter l’approvisionnement en électricité du Burundi de 25 %, réduire le coût moyen de l’électricité, et diminuer considérablement les émissions de gaz à effet de serre liées à la production d’électricité à partir de combustibles fossiles. Le projet est donc porteur d’avantages environnementaux significatifs qui contribueront à l’atténuation du changement climatique et à la promotion du développement durable dans le pays.

Création d’emplois grâce à l’accès à l’énergie

 

The World Bank

Le tunnel de Jiji en construction. Photo : Emmanuel Karikumutima

Sur le site, on constate clairement que la construction d’installations hydroélectriques, de lignes de transport et de postes a déjà généré des emplois en faveur des communautés locales, leur procurant des revenus et un développement des compétences indispensables. Les techniciens avec lesquels nous avons échangé nous ont informés que le projet a déjà créé en moyenne 1 900 emplois à temps plein dans les communautés riveraines des chantiers, ainsi que de nombreux emplois indirects.

La mise en service des centrales donnera sans aucun doute un coup de pouce à l’économie burundaise en créant de nouvelles opportunités d’emploi. Nous espérons qu’avec une électricité plus fiable et plus abordable, les entreprises de tout le pays pourront grandir et prospérer, en particulier les petites et moyennes entreprises qui sont souvent pénalisées par les coupures de courant. Cette amélioration de l’accès à l’énergie les aidera à se développer, à recruter davantage d’employés et à dynamiser les économies locales. La disponibilité de l’électricité est également susceptible d’attirer de nouveaux investissements dans les industries à forte intensité électrique, créant ainsi encore plus d’emplois et stimulant la croissance économique.

Une leçon de persévérance
Le chemin menant à l’achèvement de Jiji et Mulembwe n’a pas été facile. Le projet a rencontré de nombreux obstacles qui ont entraîné de longs retards et une hausse des coûts. Avec le soutien de l’équipe technique de la Banque, le Gouvernement du Burundi, par l’intermédiaire de l’Unité de Gestion du Projet de la REGIDESO, a dû gérer des difficultés allant des conséquences de la crise politique de 2015 à l’impact de la pandémie de COVID-19, en passant par les capacités limitées de gestion des contrats, les modifications de conception liées à la matérialisation de nouveaux risques géologiques, et les pénuries de devises, entre autres.

Construire une centrale hydroélectrique est une tâche complexe qui nécessite une étude minutieuse des impacts environnementaux, des besoins des communautés et des défis techniques à relever, ainsi qu’une anticipation des chocs. La détermination à surmonter les obstacles et à mobiliser davantage de ressources démontre l’importance de la planification et de l’adaptabilité pour réussir.

Un sage burundais nous a confié un dicton approprié : « Akagumye bagumako », qui signifie qu’il ne faut pas abandonner dans les moments difficiles quand le travail en vaut la peine. En effet, les enseignements tirés de la mise en œuvre de ce projet sont à présent utilisés dans la conception et l’exécution de nouveaux projets énergétiques tels que le programme ASCENT au Burundi, tandis que la REGIDESO, en pleines réformes, a progressivement amélioré sa capacité à gérer des projets transformateurs.

L’achèvement des centrales de Jiji et de Mulembwe constitue la première étape vers un meilleur approvisionnement en énergie des Burundais. La prochaine étape cruciale est la distribution de l’électricité produite, qui sera assurée par ASCENT. Assurer une distribution efficace de cette énergie est essentiel pour maximiser les bénéfices du projet et atteindre le plus grand nombre de communautés possible.


Albert Zeufack

Le directeur pays de la Banque mondiale pour l'Angola, le Burundi, la République démocratique du Congo (RDC) et Sao Tomé-et-Principe

Hawa Cisse Wague

Country Manager for Burundi, Africa

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