Publié sur Nasikiliza

Le Rwanda mise sur sa jeunesse pour se tourner vers la nouvelle économie

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Providing skills development opportunities for youth will create adults ready to meet the employment challenges of a modern Rwandan economy. Photo: A?Melody Lee/World Bank Providing skills development opportunities for youth will create adults ready to meet the employment challenges of a modern Rwandan economy. Photo: A’Melody Lee/World Bank

Divine, une jeune Rwandaise, est stagiaire dans une entreprise de confection. Elle explique sans détour qu'elle a choisi ce programme parce qu'elle veut acquérir des compétences de créatrice de mode.

George, le directeur général de l'entreprise, déclare quant à lui que les stages qu'il propose sont nécessaires pour combler l'important déficit de qualifications dans son secteur.

Cette relation gagnant-gagnant entre Divine et George n'est pas exceptionnelle au Rwanda. Le pays s'est fixé l'objectif ambitieux de devenir une économie à revenu intermédiaire de la tranche supérieure d'ici 2035, ce qui suppose d'investir dans des compétences répondant aux exigences des employeurs.  Dans le cadre de sa stratégie nationale de transformation (a) 2018-2024, le gouvernement a mis en œuvre un remarquable programme de formation professionnelle pour les jeunes, à différents niveaux d'enseignement. Ce vaste plan couvre tous les secteurs de l'éducation et vise à doter les plus de 200 000 jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail de compétences productives essentielles pour accéder à des emplois de qualité.

Malgré les progrès significatifs réalisés jusqu'à présent, de nombreux défis persistent. Plus de 90 % des entreprises relèvent du secteur informel, lequel offre peu de possibilités de renforcement des compétences, et environ 14 % de la main-d'œuvre est sans emploi et n'a pas les moyens d'acquérir des qualifications utiles sur le marché. En outre, le taux de chômage des jeunes est d'environ 21 % (a) et, parmi ceux qui travaillent, approximativement 60 % occupent des emplois généralement définis comme peu productifs, notamment dans l'agriculture de subsistance, le commerce de détail et la construction. Les jeunes Rwandais sont donc en butte à un chômage considérable et ils peinent à décrocher des emplois de qualité. Cette situation est exacerbée par une économie mondiale en mutation, qui fait évoluer les marchés du travail à un rythme rapide.

Une approche globale qui mise sur le développement des compétences est indispensable pour permettre aux jeunes de jouer un rôle actif et productif dans l'économie.  Le Rwanda pourrait par exemple favoriser le développement professionnel et l’accès à des emplois plus productifs en promouvant des programmes de formation dans le secteur informel. En outre, en dotant les jeunes et les employés peu qualifiés de compétences entrepreneuriales recherchées dans le secteur formel — en particulier dans des domaines en plein essor tels que la construction, les TIC et le tourisme — ces derniers pourront accéder à des emplois mieux rémunérés.

La Banque mondiale soutient ces efforts à travers une démarche globale qui se décline actuellement à travers deux programmes : le projet de développement des compétences prioritaires pour la croissance au Rwanda (a) et le programme de Centres d’excellence dans l’enseignement supérieur en Afrique (CEA II).

Le premier se fonde sur une ambition claire pour le pays et multiplie les opportunités pour permettre aux jeunes d'acquérir des compétences de qualité, adaptées au marché de l'emploi. À ce jour, plus de 27 000 jeunes ont déjà reçu une formation pour devenir acteurs du changement dans des domaines tels que le réchauffement climatique, l'énergie et les transports. Le projet a également permis de réorganiser le système d'information sur le marché du travail (a) afin de fournir des renseignements pertinents aux jeunes, pour faire des choix de carrière éclairés et s’orienter vers des emplois qui aideront le Rwanda à devenir une économie numérique et sobre en carbone. Cette initiative fournit également des clés aux décideurs politiques afin d'améliorer le fonctionnement du marché du travail et du système éducatif, tout en tirant parti des opportunités nées de la crise de la COVID-19, notamment le développement du commerce électronique.

Au-delà des compétences techniques, les économies en pleine croissance ont besoin de professionnels capables d'innovation pour susciter un développement économique porteur de transformations. À cette fin, le programme CEA II renforce quatre centres d'excellence au sein de l'université du Rwanda (a). Ces centres dispensent un enseignement de deuxième et troisième cycles et développent les capacités de recherche collaborative dans les domaines de l'énergie, des TIC, de la science des données et de l'éducation.

À l'avenir, ces initiatives devront être complétées par la création d'emplois de qualité et une croissance durable et inclusive à long terme. Pour ce faire, trois priorités devront être privilégiées. Premièrement, le renforcement du socle des acquis, grâce à l'éducation élémentaire, un élément fondamental pour le développement ultérieur des compétences et pour l'accès à des emplois de qualité. L'acquisition des compétences et apprentissages fondamentaux est en effet indispensable pour maximiser le rendement des investissements dans l'enseignement post-secondaire. 

Deuxièmement, il faut redoubler d'efforts pour inclure les filles dans les domaines où les hommes sont surreprésentés, notamment les sciences, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques (STIM). Malgré l'objectif gouvernemental de parité entre les sexes dans les STIM d'ici 2024/2025, les filles ne représentent encore que 32 % des effectifs dans ces filières universitaires. Un programme structuré de soutien et de passerelles avant l'entrée à l'université pourrait combler les lacunes en la matière et stimuler l'accès des jeunes femmes à l'enseignement supérieur.

Troisièmement, l'ambition du Rwanda de devenir un pôle de premier plan dans le domaine des TIC et de l'économie numérique nécessite un investissement soutenu dans les compétences et les infrastructures correspondantes. La transition numérique pourrait générer environ trois millions d'emplois d'ici 2030, contre un million en 2016. Ces emplois couvriront les besoins à travers une variété de disciplines comme la création, le traitement et la gestion de contenus, la communication numérique, l'analyse, la gestion du matériel, le développement de logiciels et la gestion d'applications. Par ailleurs, des compétences spécifiques liées à l'adaptation au changement climatique et à la décarbonation seront nécessaires dans les secteurs de l'énergie solaire, de l'agriculture climato-intelligente et de l'e-mobilité.

La Banque mondiale poursuit son engagement aux côtés du Rwanda dans cette entreprise. Investir dans le développement des compétences selon une perspective globale fera des jeunes d'aujourd'hui les leaders de demain, pleinement équipés pour mettre leurs compétences au service d'une économie moderne, tout en contribuant à un Rwanda plus prospère pour tous.


Auteurs

Ruth Charo

Senior Education Specialist

Rolande Simone Pryce

World Bank Regional Director for the South Caucasus

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