Publié sur Nasikiliza

Quand la peinture crée de l’espoir

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« Le projet est bon, il me permet d’être une femme indépendante », confie Edwige Domi à propos de la formation de peintre en bâtiment qu’elle vient de suivre. Cette habitante de la commune de Koumassi, à Abidjan en Côte d’Ivoire, applique avec soin des couches de peinture sur un bâtiment privé de la cité 80 logements. À ses côtés, Jean-Claude N’dri confirme, « c’est un métier plein de débouchés ».

Une aubaine, car en ce moment en Côte d’Ivoire, pas facile pour un jeune de trouver un bon travail. Les opportunités sont rares et dans un pays où seulement un quart des élèves achèvent le collège, les demandeurs d’emploi n’ont souvent pas les compétences attendues par les employeurs. De plus, le système éducatif prône toujours un enseignement très académique et classique, peu adapté aux métiers techniques et encore moins aux métiers de demain. Les écoles professionnelles sont rares, l’apprentissage quasiment inexistant. Résultat : les jeunes sont souvent livrés à eux-mêmes. Quand ils ont de la chance, ils apprennent sur le tas ou au contact de leurs aînés. L’accès à l’emploi est encore plus dur pour les femmes, victimes dès le primaire de profondes disparités que les normes sociales viennent accentuer à l’âge adulte. Une réalité décrite dans notre dernier rapport sur la situation économique de la Côte d’Ivoire.

Pour remédier à cette situation et donner un coup de pouce à sa jeunesse qui représente 35,5 % (RGPH 2014 ) de la population, le gouvernement a lancé un projet pour l’emploi des jeunes et le développement des compétences (PEJEDEC). Financé par la Banque mondiale, le projet cherche à améliorer les débouchés professionnels des jeunes en leur permettant d’acquérir des compétences spécifiques. Depuis 2012, il a déjà bénéficié à quelque 27 500 hommes et femmes âgés de 18 à 35 ans, diplômés ou non, tous à la recherche d’un emploi. Ils ont pu suivre des programmes de formation, des stages professionnels ou encore obtenir une bourse d’études. Un parcours indispensable pour trouver un emploi et gagner sa vie, selon les témoignages que nous avons recueillis auprès de certains d’entre eux. 

Les programmes de formation au métier du Bâtiment et Travaux Publics, à travers des chantiers-écoles, sont une des plus grandes réussites du PEJEDEC. Plus de 800 jeunes ont ainsi reçu une formation théorique, puis pratique au métier de peintre en bâtiment. Ils ont participé au ravalement de façades d’habitations privées et de bâtiments administratifs du district d’Abidjan ainsi que de 22 villes du pays. Une formation étroitement associée avec des entreprises privées qui ont partagé leur expertise et pris en charge une partie du matériel comme la peinture et les outils.

Cette initiative a fait coup double : elle a offert à de nombreux jeunes une formation dans un secteur en pleine expansion et a contribué à embellir de nombreuses habitations et l’espace urbain. Elle nous offre aussi un certain nombre de pistes de réflexion intéressantes dont certaines peuvent être résumées par les deux questions suivantes :

  1. À votre avis, ces programmes publics en faveur de l’emploi des jeunes doivent-ils forcément s’associer avec le secteur privé, car lui seul, permet de dispenser des compétences utiles à un prix abordable ?
  2. Ne faudrait-il pas développer davantage la formation professionnelle, encore perçue aujourd’hui comme le « parent pauvre » de l’enseignement en Côte d’Ivoire ?

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